La revue Action Sociale Corporative, disponible sur la Toile à l’adresse www.asc.new.fr depuis quelques semaines vient de sortir son deuxième numéro. A l’invitation du directeur de cette revue, j’ai écrit un petit article sur les délocalisations, que je me permets de reproduire sur ce blog, en espérant qu’il suscitera quelques réactions, commentaires et, surtout, propositions.
Les délocalisations sont devenues, en quelques années, une véritable angoisse pour de nombreux travailleurs qui craignent de voir leur emploi partir à l’étranger pour ne plus revenir. Pour de nombreux investisseurs et industriels, ces mêmes délocalisations sont la seule solution pour rester compétitifs ou pour investir les marchés des puissances émergentes, en particulier l’Inde et la Chine. En fait, dans la plupart des cas, il s’agit d’une implantation dans une zone où le coût de la main-d’uvre est moins élevé, où l’entreprise produit mais où elle ne vend pas vraiment, destinant ses productions au pays dont elle est issue... Ainsi, par une cruelle ironie du sort, les chômeurs faits par les délocalisations restent les clients des entreprises qui délocalisent pour ensuite vendre moins cher
Mais, à la suite de Philippe Villemus dans son ouvrage « Délocalisations : aurons-nous encore des emplois demain ? », il faut distinguer les « délocalisations pures » et les « délocalisations de conquête » : les premières sont les plus dangereuses et les plus destructrices, car elles « détruisent directement des emplois, puisqu’elles consistent à fermer ou à réduire une activité pour la transférer à l’étranger » ; les secondes « réalisées pour pénétrer un marché étranger, ne suppriment pas directement des emplois dans le pays d’origine ». Ce dernier type de délocalisations « ne crée pas de nouveaux emplois, mais n’en détruit pas non plus (c’est un manque à gagner en création d’emplois). (
). Le risque est cependant de voir, à terme, cette délocalisation partielle de conquête, parfois indispensable, être suivie du transfert total de la production (ainsi de la Renault Logan, produite en Roumanie, initialement pour les seuls ex-pays de l’Est, et qui est finalement commercialisée aussi en France) ». Cela étant, pour les ouvriers français qui se retrouvent sans emploi, la différence n’est qu’un détail, la triste réalité sociale étant la même dans le pays d’origine de l’entreprise délocalisée pour les salariés concernés.
Au-delà des emplois qui disparaissent ainsi dans notre pays, il y a aussi, non seulement les savoir-faire, parfois transmis de génération en génération au sein de certains secteurs, parfois plus récents (et non moins importants), mais aussi les technologies et les machines-outils qui vont avec, ce qui est d’autant plus dommageable que les pays d’accueil des délocalisations « récupèrent » utilement ces mêmes technologies, au risque de se passer bientôt des entreprises qui les y ont transférées
D’autre part, pour de nombreuses multinationales « globalisées », les délocalisations ne sont rien d’autre que le meilleur moyen d’utiliser « le vaste monde » et ses potentialités pour satisfaire aux appétits des actionnaires, les vrais maîtres de l’économie financiarisée de Marché. Les travailleurs ne sont, pour eux, qu’une « variable d’ajustement », qu’une masse d’individus interchangeables et utilisables au meilleur coût
Ce n’est évidemment pas l’avis des royalistes qui n’oublient pas l’éminente dignité de chaque homme, quelles que soient ses qualités et ses origines, et qui luttent pour rappeler cette vérité première, au rebours des discours cyniques et sinistres des économistes éclairés qui ne raisonnent qu’en termes de « chiffres » et de « rentabilité »
Faut-il interdire les délocalisations ? Soyons clairs, dans notre monde globalisé et consumériste, une telle mesure n’aurait aucune efficacité et, même, provoquerait une réaction en chaîne qui affaiblirait encore plus notre pays en le marginalisant sur la scène économique internationale.
Par contre, il est des solutions différentes et sans doute plus efficaces si elles sont soutenues par une véritable volonté politique de l’Etat, par un néocolbertisme industriel intelligent et actif sans être étatiste :
- d’abord, soutenir massivement la Recherche et la Formation pour pouvoir relever le défi des nouvelles donnes économiques et la concurrence des pays étrangers : la « matière grise » est sans doute la plus grande richesse de notre pays, et elle est encore trop négligée malgré les nombreuses qualités et capacités de nos instituts de recherche et de nos grandes écoles, entre autres ;
- ensuite, développer de nouvelles activités liées à la nécessaire politique d’Aménagement du territoire (par le biais, par exemple, du « télé-travail ») et envisager une relocalisation d’activités destinées à une production et consommation de proximité, dans le domaine agricole par exemple ;
- enfin, mettre en valeur ce qui peut attirer des investisseurs étrangers et qui ne peut être, par nature même, délocalisé, comme le patrimoine historique et touristique ; etc.
Ce ne sont que quelques pistes de réflexion que les royalistes sociaux avancent ici : cet article a vocation, non pas à clore le débat, mais à « ouvrir la boîte à idées », pour que la France ne devienne pas un désert industriel mais trouve de nouvelles forces dans les mutations actuelles dans le respect de son environnement, autant écologique qu’économique et historique
En passant : comme vous avez dû l'apprendre. Les pianos Playel vont être délocalisés : le haut de gamme en région parisienne et la gamme grand public en Asie. Des métiers vont disparaître.
La nation - notre cité -, est notre "sécurité sociale" (à restaurer). Aux USA, il existe des secteurs hors concurrences (ou hors marché). Existe-t-il l'équivalent en France ?
Réfléchir j'usqu'à la solution !
Rédigé par : Périclés | 30 décembre 2006 à 18:07
Je vois que le lectorat est peu sensible à l'exportation du travail, mais est-ce sans doute la mauvaise période.
Vos recommendations, matière grise, réforme des circuits de production, valorisation du patrimoine ( et de la patrie ce faisant) sont les bonnes. La seule difficulté est d'y mettre le paquet suffisamment pour obtenir le déclenchement d'une relance de l'espace France.
A cet effet il serait judicieux d'abandonner notre gloriole obsolète et le second porte-avions que nous ne pouvons nous payer qu'en supprimant d'autres réponses budgétaires.
Il faut aussi mettre les entreprises dans les meilleures conditions compatibles avec une justice sociale. Pour cela il faut casser le modèle social soviétique actuel et le refonder sur une épure neuve, pas nécessairement ultra-libérale.
Reste à se battre aussi en bourse. Les fonds de pension étrangers font la loi dans nos grandes entreprises. A quand les fonds de pensions ouvriers français ?
La contre-attaque ne peut être qu'un faisceau d'initiatives convergentes. Elle passe par la disqualification des dirigeants en place qui ne savent que parler.
Rédigé par : Catoneo | 31 décembre 2006 à 18:27
bonjour a tous,
je desirais depuis longtemps intervenir sur ce blog, et je profite des vacances pour y exprimer pour la première fois mon avis.
Tout d'abord je voudrais combattre quelques idées recues.
Malgré les apparences, "la mondialisation" enrichit la France plus qu'elle ne l'appauvrit. Pour un emploi détruit suite à une délocalisation, deux emplois sont crées en France suite à l' implantation sur notre territoire d'une activité productive étrangère (source INSEE). La france ne se vide pas de ses usines, certains secteurs sont certes en déclin, mais d'autres se développent.
Ensuite, on parle beaucoup des grands patrons aux salaires gigantesques, dont le seul but est d'enrichir (quand ce n'est pas "engraisser") les actionnaires. Il faut rappeler que l'essentiel du tissu industriel francais est composé de petites entreprises (PME). Les patrons du CAC 40 ne sont pas représentatifs du patronat francais. Notons par ailleurs que la majorité des PME ne sont pas côtées en Bourse. Ainsi, quand une petite entreprise délocalise, ce n'est pas toujours pour faire plaisir aux fonds de pension américains. Les raisons sont puirement economiques: baisse des couts de production, moins de charges sociales etc...
Enfin, je trouve les propositions de M.Chauvin interessantes. Certaines ont d'ailleurs dejà été mises en applicaton. Les pôles de compétitivité qui se développent ont ainsi pour but de faire travailler dans une même zone géographique les université, les laboratoires et les entreprises. Notons d'ailleurs que pour le plus grand bonheur de M. Chauvin, le pôle dédié à l'agriculture se trouve....en Bretagne!
Je voudrais juste pour finir critiquer la dernière proposition de notre cher ex professeur d'Histoire:
"mettre en valeur ce qui peut attirer des investisseurs étrangers et qui ne peut être, par nature même, délocalisé, comme le patrimoine historique et touristique ; etc."
Attirer les investisseurs étrangers, celà signifie attirer les capitaux étrangers pour que ceux-ci contribuent au développement de nos activités culturelles et touristiques. Or accecpter que des investisseurs étrangers financent notre patrimoine culturel, c'est accepter de le cèder en partie. Pour un étranger, financer la rénovation d'un château c'est au minimum exiger d'avoir son mot à dire dans la gestion de celui-ci. Les mots "nations", "souveraineté" sont souvent cités dans ce blog. Or, je pense qu'il ne peut y avoir de sentiment et de fierté nationale sans possession intégrale du patrimoine national. De ce fait, la culture est un domaine où les interventions étrangères ne pourront s'effectuer que sous forme de dons (ce que font les américains pour les bosquets de Versailles ou les Japonais pour l'entretien du Louvre) et non sous forme d'investissement. Il conviendra donc de chercher d'autres secteurs à valoriser pour attirer les capitaux étrangers!
bonne année à tous!
Rédigé par : Bigoudi | 01 janvier 2007 à 18:11
je ne me contente pas de profiter de courents ascendants ,je me pose aussi pour me nourrir et repartir de plus belle pour fondre sur vos tetes :-)
aussi longtemps que les gens d'ici pourront acheter ce que les "autres "nous proposent il n'y aura peut etre pas d'activité par ici , mais que la demande se fasse fortement sentir ici, et il y aura des gens pour produir des choses qui pourront se "vendre" au meilleur prix ,il me semble ?
comme chacun le sait, les machines par exemple se vendent bien chère(couts et profits :-) , mais si pèrsonne ne peut se les acheter, il faudra bien se débrouiller pour les avoir ?
que les "asistés cessent d'etre asistés", et tout se casse la figure ?
si les "asistés "trouvent le moyen de faire du fric en travaillant ,et ils cesseront d'etre des "asistés" ?
pas facile, il me semble pour un citoyen "pauvre "de lancer une afaire sans fric ?
puis les boites sont obligees de payer un max sur ce qu'elles font de fric par leurs activités ?
c'est a qui la faute? que les gens se lancent et ils se passent la corde au cou ?
eesayez de monter uen boite et vous verrez que vous n'avez pas qu'a vous a penser ?
il me semble que les gens sont plus ou moins contraints a l'immobilisme apr la législation qui les ligottent dans des tas de lois !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!:-(
Rédigé par : | 05 janvier 2007 à 10:02