Le programme spatial chinois est aussi l'occasion pour l'Empire du Milieu d'avancer ses pions dans le grand jeu géopolitique mondial. D'abord en montrant ses qualités et ses possibilités technologiques; ensuite en concurrençant les Etats-Unis sur un terrain que ceux-ci, gênés par les retards et les échecs de la NASA, sentent leur échapper un peu plus chaque jour; enfin, en ouvrant des perspectives nouvelles (et des alliances), en particulier avec des pays pétroliers désireux de posséder leur "part d'espace" à travers leurs propres satellites nationaux. Ainsi, Pékin annonce-t-il, au grand dam des Etats-Uniens, que la Chine va lancer dans l'espace des satellites du Nigéria et du Venezuela: cela permet aux Chinois de s'entendre avec deux pays qui peuvent leur fournir ce dont la Chine a tant besoin pour poursuivre sa forte croissance, le pétrole...
La Chine n'est plus la puissance de demain, elle est une puissance d'aujourd'hui, et une puissance "conquêrante" (sur le plan économique comme diplomatique et politique). La diplomatie française doit en tenir compte et en mesurer sans a priori les conséquences, bonnes ou mauvaises. Parler de géopolitique mondiale en France sans évoquer la nouvelle place et le nouveau rôle de la Chine serait peu crédible.
Il me semble que la diplomatie française, souvent moins insignifiante et plus indépendante que celle d'une Union Européenne empêtrée dans ses crises et ses contradictions, a de bonnes cartes à jouer dans cette nouvelle configuration géopolitique mondiale: encore faudrait-il que l'Etat français cesse de se regarder le nombril en attendant la prochaine présidentielle; la politique doit, d'une certaine manière, s'accommoder du temps sans le laisser filer pour l'ombre. Accompagner le temps sans le dépasser ou se laisser dépasser.
Il faudra bien, là aussi, poser la question de l'Etat et de ses institutions, et penser à cette inscription de la durée et de la mémoire dans la diplomatie qui ne doit pas être éternellement soumise aux alternances continuelles ou aux cohabitations paralysantes.
L'Etat francais de RTL, de voila et de france info se regarde le nombril...
Mais celui dont on entend moins parler, justement , l'etat français à l'echelle diplomatique, se regarde-t-il le nombrilius?
Rédigé par : Hugo | 19 octobre 2005 à 22:06