La récente OPA "inamicale" de Mittal sur l'entreprise Arcelor nous rappelle que le Marché est aujourd'hui le "maître" de l'économie mondiale, au détriment des économies nationales et des conditions sociales du monde ouvrier, considéré désormais comme une simple "variable d'ajustement". Il faut être clair : que Mittal Steel l'emporte, et c'est tout un pan de l'industrie française et européenne qui échappe à la France comme à l'Union Européenne, au profit d'une société, d'ailleurs plus "mondiale" (ou "apatride") qu'indienne...
Malgré les propos rassurants de Lakshmi Mittal, on peut légitimement s'inquiéter des perspectives pour l'emploi d'une telle opération: doit-on rappeler comment Mittal s'est développé dans les années 90 et quel sort fut, en définitive, réservé aux salariés des entreprises rachetées ? Mittal ne passe pas particulièrement pour être un philantrope...
Il est tout de même surprenant de constater comment l'Etat français, au moment de la privatisation d'Usinor (qui s'est fondu avec d'autres entreprises européennes pour créer Arcelor), n'a pas conservé de moyen de pression, par exemple sous la forme d'une participation actionnariale, alors que des milliards de francs de fonds publics (c'est-à-dire financés par l'impôt...) ont été engloutis dans cette entreprise dans les années 80-90 pour lui permettre de survivre, de maintenir une activité industrielle dans des régions déjà fortement éprouvées par la désindustrialisation.
Aussi, le "patriotisme économique" évoqué par M. de Villepin, s'il n'est pas soutenu par un "projet novateur" et conquêrant (ne serait-ce que de reconquête du Marché intérieur en France et, plus largement, en Europe, dans un premier temps), s'il n'est pas d'abord soutenu par une volonté politique forte et décidée à garder la maîtrise du destin national, de la protection sociale de ses populations, ne sera qu'une illusion de plus, une de ces "grandes formules" qu'on agite quand on ne sait plus quoi faire ni quoi dire.
La France a besoin d'un Etat qui, sans verser dans l'étatisme ou le dirigisme, soit capable de volonté, d' imagination, de projets; un Etat politique qui, malgré les oukazes des partisans du "Tout-Marché" et du néolibéralisme, soit aussi soucieux du sort des populations ouvrières qui vivent et travaillent sur son territoire; un Etat qui n'hésite pas à engager de grands chantiers industriels, dans le cadre, par exemple, de l'Aménagement du territoire ou de la communication.
En somme, un Etat qui ne soit plus la proie des partis ou des hommes d'argent, mais qui soit libre de ses décisions régaliennes, au service des intérêts de chacun, dans la longue suite des générations.
Bien entendu vous avez raison, dix fois, cent fois, mille fois raison ... mais vous n'allez pas au bout du diagnostic. Nos politiques manquent ils de courage ? certainement, mais pourquoi ? Parcequ'ils sont à l'image de leurs électeurs, à l'image des Français d'aujourd'hui. Regardons nous dans une glace, qu'est ce qu'on y voit: des syndicats arriérés, des institutions discréditées, une classe politique déconnectée et enfin une population qui est pour une large part est pusillanime. Tout le contraire des Indiens qui ont tout à gagner. Ils sont animés d'un dynamisme et d'un volontarisme a déplacer les montagnes lorsque nous nous regardons le nombril avec des histoire poussiéreuses d'anciennes colonies ou de taux de TVA dans la restauration !
Et bien malheur aux faibles !
Malheureusement, il va falloir attendre que nous soyons tous au fond du trou après moultes convulsions à venir (les incendis de voiture n'en sont qu'un petit apperçu ) pour rebondir. En France, on appelle ça la rupture, moi j'appelle ça la bêtise
Rédigé par : Raoul de L | 30 janvier 2006 à 19:26
tout cela pour faire table rase du passe ?
Rédigé par : un chouka | 31 janvier 2006 à 14:56
Certes, la situation n'est pas brillante, mais il me semble que "la politique du pire est la pire des politiques" comme le disait Maurras. Aussi, une fois le constat fait que les choses ne vont pas bien, il faut s'employer à les améliorer, voire à les changer, d'où le projet monarchique d'Etat que je défends par le biais de ce blog. Il y a dans notre pays des ressources et des volontés humaines qui ne sont pas utilisées et c'est fort dommage: mais ne désespérons pas de les employer bientôt. Avant d'être "au fond du trou", il est nécessaire de réagir et d'agir. Sans faire table rase du passé mais en faisant preuve d'esprit critique quant aux mauvaises habitudes institutionnalisées.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 31 janvier 2006 à 18:21
Ce groupe a lui-même bouffé d'autres entreprises étrangères. Je crois que vous ne maîtrise pas bien le problème : les Indous les Américains et les Chinois vont TOUT racheter, parce que la France n'est plus compétitive. IL ne sert à rien de jalouser ou de traiter les autres de voyoux. Il faut, soit déclarer la guerre au reste du monde, comme le président iranien par exemple, soit devenir compétitif.
Rédigé par : Gwen | 01 février 2006 à 09:28