Autant les Etats français, luxembourgeois ou belge s'inquiètent de l'OPA spéculative de Mittal sur Arcelor, autant la Commission européenne semble la soutenir, au nom de la "libre concurrence". Les propos de la commissaire chargée de la concurrence, Neelie Kroes, sont tout à fait révélateurs de l'état d'esprit d'une Commission économiquement néolibérale plus encore qu'européenne : "Je suis contre les champions nationaux! Et contre les champions européens! Mais je suis pour des champions globaux... basés en Europe".
Cet aveu est intéressant, mais guère rassurant : il signifie que la Commission européenne a choisi son camp et qu'elle place "le Marché" au-dessus de toute autre considération, fût-elle même sociale ou européenne... Que l'on ne s'étonne pas alors du discrédit croissant de cette "Europe" aux yeux de nombreux citoyens des pays de l'Union.
En n'étant qu'un relais de la globalisation et non un moyen de la maîtriser ou de l'ordonner au profit des populations, la Commission européenne perd chaque jour un peu plus de légitimité. Or, n'oublions pas que la légitimité d'une institution repose largement sur le "service rendu" et la protection des personnes qui se trouvent sous sa dépendance. En négligeant cela, la Commission se prépare de grandes déconvenues et de cinglants désaveux. De nouveaux et prochains "29 Mai"...
C'est sûr, préférer la liberté des individus, c'est tellement scandaleux...
Quand au problème socio-économique posé par l'OPA de Mittal, votre analyse me semble un peu courte : http://www.u-blog.net/liberte/note/57619
Rédigé par : GEF | 08 février 2006 à 11:57
Je n'oppose pas "liberté des individus" et "nécessités publiques", au contraire: je cherche ce qui peut en permettre l'harmonie. Or, je constate que l'attitude, autant de Mittal que de Neelie Kroes, n'est pas toujours consciente de cette nécessaire harmonie. Le problème dans notre monde très globalisé est d'éviter de refaire les erreurs, en particulier sociales, faites au moment des révolutions industrielles, au risque de provoquer des conséquences qui ne seront pas qu'économiques...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 08 février 2006 à 13:23
J'ai bien compris votre idée (encore que je ne sache pas vraiment ce que peut être une "nécessité publique"). Mais je ne crois pas que vous adoptiez la bonne solution. Qu'on le veuille ou non, l'économie a une logique de fonctionement qu'il n'est pas bon de trop contrarier. Autrement dit, il faut faire attention à ne pas adopter des politiques (en apparence) généreuses mais contre-productives...
ERRATUM
"Quand au problème socio-économique">> "QuanT au", bien sûr, veuillez m'excuser.
Rédigé par : GEF | 08 février 2006 à 19:09
L'économie doit-elle être "livrée à elle-même" ? Je ne le crois pas car, si tel est le cas, elle néglige le sort de ceux qui ne sont pas en position de "compétitivité", comme on le constate aujourd'hui. Bien sûr, il ne faut pas tomber dans le piège du dirigisme étatique, mais le Politique doit jouer un rôle de protecteur des citoyens, y compris dans leur rapport à l'économie. Je ne suis pas partisan, au contraire, de l'assistanat mais d'un "colbertisme" bien compris et adapté à notre temps. Un point avec lequel je suis d'accord avec vous : gare aux politiques "généreuses" qui ne seraient pas réalistes ou qui étoufferaient la poule aux oeufs d'or au lieu de la laisser faire son ouvrage. C'est pourquoi je suis défavorable aux 35 heures, mesure "généreuse" mais catastrophique sur le plan économique (sauf pour les industries du loisir et du tourisme).
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 08 février 2006 à 23:48
Le schéma que vous proposez parraît séduisant. Mais je le trouve impossible car rien ne permettra d'endiguer l'intrusion intempestive de la politique dans l'économie. Trop de gens ont des intérêts catégoriels ou idéologiques, trop de gens ont une mauvaise compréhension de l'économie pour que le politique ne pollue par l'économie. L'exemple des 35H est on ne peut plus édifiant à ce sujet. L'économie a besoin de stabilité, pas des virevoltes de telle ou telle majorité.
Mais peut-être pensez-vous que la monarchie que vous appelez de vos voeux saura faire ce dosage subtile. Laissez-moi en douter : la politique reste la politique, le pouvoir reste le pouvoir.
Rédigé par : GEF/Anton Wagner | 09 février 2006 à 10:34
Néanmoins la Monarchie, n'appartenant à aucun parti ou à aucun groupe économique (la naissance ne s'achète pas), est plus à même de pouvoir faire ce dosage et d'ordonner les différents domaines, ou de leur permettre de s'exprimer, dans le respect de l'intérêt commun. Bien sûr, la
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 09 février 2006 à 13:55
(suite) Monarchie n'est pas "la solution-miracle", mais elle offre des possibilités, dans le cas et cadre français, qu'il serait dommage de négliger.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 09 février 2006 à 13:57
"la Monarchie n'est pas 'la solution-miracle' "
Que fera-t-on en cas d'abus de pouvoir ? Si le monarque a une mauvais compréhension de l'économie ? S'il chouchoute trop ceux-ci et non ceux-là ? En fait, pour qu'on puisse y voir plus clair, il faudrait une présentation plus systématique du système politique que vous défendez...
Rédigé par : GEF/Anton Wagner | 09 février 2006 à 16:57