Karl Marx s’est trompé, et c’est la réalité contemporaine qui se charge de démentir ce qu’il écrivait en 1848 dans le « Manifeste du parti communiste » sur la question nationale : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut pas leur prendre ce qu’ils n’ont pas. [
] Les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus
». Il n’est que de voir que ce sont justement les moins favorisés et les ouvriers qui ont fait le triomphe du Non en mai 2005 tout comme ce sont leurs votes protestataires qui, en 2002, avaient disqualifié le candidat Jospin. Et, au regard des dislocations quasi-simultanées de l’Union soviétique et de la Yougoslavie (dont il n’est pas certain qu’il faille forcément se féliciter) dans les années 90, l’idée nationale, quelle que soit les formes abusives qu’elle prend parfois, reste bien vive, source d’espérances comme de violences, protection des citoyens comme mémoire emprisonnante selon les cas : en tout cas, elle est une réalité, non seulement sentimentale, mais éminemment politique et géopolitique, comme le signale Yves Lacoste au fil de ses travaux et de ses publications. On peut le regretter ou s’en désoler mais c’est un fait, indéniable, persistant et sans doute inscrit dans l’essence des sociétés contemporaines.
Marx pensait que la conscience de classe serait plus forte que le sentiment d’appartenance à un corps national, et l’internationalisme semblait triomphant parmi les peuples et les élites au milieu du XXe siècle : ce n’était qu’une illusion temporaire, dissipée par les nationalismes des populations est- et centre-européennes qui ont « dissous » le « bloc communiste » en quelques années à la fin du siècle passé. La nouvelle utopie, « l’Europe », se heurte à la même réalité et, faute de constituer une nation à son tour, se condamne à n’être plus qu’un monstre techno-bureaucratique coupé des électorats, donc (en démocratie aussi) des peuples. Tout comme les nations ont entraîné l’implosion des Etats qui se revendiquaient « de classe » (dans la lignée des idées marxistes), elles vont sans doute provoquer l’implosion de cette Europe qui s’est bâtie sur la négation de ce que l’Histoire avait, peu à peu, enraciné au cur des hommes et de leurs familles, ce sentiment d’appartenance à un ensemble, « leur » nation. Elles sont fort diverses, parfois antagonistes, vécues ou rêvées, mais elles apparaissent incontournables, au grand désespoir du fantôme de Marx, mais aussi de celui de Monnet
« C’est la revanche de Maurras », murmurait Régis Debray il y a quelques années
La formule, pour ambiguë qu’elle soit, est un véritable pieu enfoncé au cur des utopies modernes
Marx s'est trompé...
On le sait. Son eschatologie matérialiste, son néo prophétisme hébreux ne pouvait se heurter aux faits. Faits quil revendiquait comme base scientifique.
Karl Marx sest trompé, et cest la réalité contemporaine qui se charge de démentir ce quil écrivait en 1848 dans le « Manifeste du parti communiste » sur la question nationale : « Les ouvriers nont pas de patrie. On ne peut pas leur prendre ce quils nont pas. [ ] Les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus ». Oui mais Il nest que de voir que ce sont justement les moins favorisés et les ouvriers qui ont fait le triomphe du Non en mai 2005 tout comme ce sont leurs votes protestataires qui, en 2002, avaient disqualifié le candidat Jospin. Non ce sont plutôt leurs abstentions. Les moins dévaforisés cest lexpression qui prévaut mais il y aurait beaucoup à redire là-dessus, ne votent plus guère. Trahis par le parti qui était sensé les défendre, trahis par leur syndicat, maintenant, il ne pensent quà Darty et Carrefour. Mais ils votent puisquils ont le choix avec Conforama et Auchan. Et, au regard des dislocations quasi-simultanées de lUnion soviétique et de la Yougoslavie (dont il nest pas certain quil faille forcément se féliciter) dans les années 90, lidée nationale, quelle que soit les formes abusives quelle prend parfois, reste bien vive, source despérances comme de violences, protection des citoyens comme mémoire emprisonnante selon les cas : en tout cas, elle est une réalité, non seulement sentimentale, mais éminemment politique et géopolitique, comme le signale Yves Lacoste au fil de ses travaux et de ses publications. On peut le regretter ou sen désoler mais cest un fait, indéniable, persistant et sans doute inscrit dans lessence des sociétés contemporaines. Non pas tout à fait lidée nationale comme vous dite, cest quand même condamné si il némerge pas une nouvelle pensée nationale. Un CGTiste, pseudo intrenationaliste pseudo pacifique et communisant (plus personne ne sait ce que cest) va être un défenseur des emplois dans larmement et un ratonneur sécuraitaire dans sa cité. Et un Frontiste na aucune idée historique du monde et pire de la « nation » quil habite. Le retour à la nation des vieux gauchos (Debray) nest quune nostalgie de ce quils ont brisé. Et parfois ils en oublient la différence Etat et Nation.
Marx pensait que la conscience de classe serait plus forte que le sentiment dappartenance à un corps national, et linternationalisme semblait triomphant parmi les peuples et les élites au milieu du XXe siècle : ce nétait quune illusion temporaire, dissipée par les nationalismes des populations est- et centre-européennes qui ont « dissous » le « bloc communiste » en quelques années à la fin du siècle passé. Non, pas du tout, on na jamais été aussi nationaliste que sous Staline, « Mère Russie » chapeautant (colonisant) les républiques filles. LUrss nest pas une république est nest pas de classe ou alors ils ont poussé au paroxysme la classe bureaucratique, sa dictature en imposant à celle du prolétariat, complètement mis en esclavage. Le cas Yougoslave est plus difficile La nouvelle utopie, « lEurope », se heurte à la même réalité et, faute de constituer une nation à son tour, se condamne à nêtre plus quun monstre techno-bureaucratique coupé des électorats, donc (en démocratie aussi) des peuples. Tout comme les nations ont entraîné limplosion des Etats qui se revendiquaient « de classe » (dans la lignée des idées marxistes), elles vont sans doute provoquer limplosion de cette Europe qui sest bâtie sur la négation de ce que lHistoire avait, peu à peu, enraciné au cur des hommes et de leurs familles, ce sentiment dappartenance à un ensemble, « leur » nation. Pas certain, les nations européennes sont rares, leur histoire est courte et cest son poids qui fait la crédibilité dune nation. Ne jugeons à laune de la France, elle seule est une nation, et encore. Une nation nest pas un bloc, cest fragile. Laz notre aussi se délite. Ne parlons pas de lEspagne de Zapaterro qui la brade, et qui crée un grand danger. LEurope aurait pu être une brique de la nation au dépend de létat justement. Car Nation nest pas état. Et les états nationalistes mettent aussi le danger dans cette cohésion artificielle, mais si efficace quest la nation. LEurope étatique pouvait éloigné ce danger. Elles sont fort diverses, parfois antagonistes, vécues ou rêvées, mais elles apparaissent incontournables, au grand désespoir du fantôme de Marx, mais aussi de celui de Monnet « Cest la revanche de Maurras », murmurait Régis Debray il y a quelques années La formule, pour ambiguë quelle soit, est un véritable pieu enfoncé au cur des utopies modernes Suite dans 50 ans ? Mais plus personne ne lis Maurras hormis les vieux gauchistes Cest sa seule vengeance
Rédigé par : Moi | 26 mai 2006 à 16:38
Marx ne s'est pas entierement trompé. le sociologue Karl Marx ne s'est pas totalement trompé. En 1848 (manifeste du pc) l'Europe occidentale était en pleine première Révolution industrielle . Lorsque les usines ont eu besoin de main-d'oeuvre, on a fait venir par dizaines de milliers des paysans qui en arrivant en ville étaient complètement déracinés. Ces nouveaux ouvriers ont pu se sentier sans pays, sans nation et finallement ouvriers comme les ouvriers du monde entier. Tous ne furent pas ainsi, il y a eu des courant différents au
sein de cette masse ouvriere mais l'internationalisme a
duré . Il n'existe plus aujourd'hui et cela depuis que la masse ouvriere a été intégrée au reste de la société, le tout dans une société de consommation de masse.
Marx reste pour moi un sociologue et un penseur passionnant au même titre que tocqueville par exemple.
Il est en revanche certain que les vues de marx ne sont plus valables aujourd'hui.
Rédigé par : Kévin | 26 mai 2006 à 21:28
Effectivement, Marx reste passionnant et utile (même s'il s'est trompé et fortement illusionné, sans doute à cause du contexte dans lequel il vivait), comme le signalaient déjà en leur temps Raymond Aron et Thierry Maulnier: j'ai l'intention de consacrer un Café prochain sur le thème des idées de Marx. Si le marxisme me semble inadéquat pour comprendre la réalité d'aujourd'hui, il reste un "incontournable" pour la pensée politique et la réflexion: Maulnier l'a d'ailleurs bien compris et en a souvent parlé avec Maurras qui, lui-même, s'était penché sur le marxisme au début de sa "carrière" politique.
Marx est "daté" dans le sens qu'il n'a pas imaginé, en tant que telle, la "société de consommation" que les théories d'Henry Ford vont véritablement faire advenir: des deux, c'est sans doute Ford qui est le plus révolutionnaire, ce que l'écrivain Aldous Huxley avait compris et évoqué à travers son livre "Le meilleur des mondes"...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 27 mai 2006 à 17:59