Il était difficile, hier (mardi) soir, de ne pas savoir que l’équipe de France de balle-au-pied avait remporté la partie
Dînant avec des amis dans une rue piétonne de Versailles, nous avons d’abord entendu des cris de joie qui sortaient des appartements puis vécu l’invasion des rues par des jeunes brandissant le drapeau tricolore et par des voitures klaxonnant à toute force. Une grande fête spontanée
Je ne suis pas un adepte très fervent de la balle-au-pied mais je dois bien constater que ce sport a, en France, des vertus de sociabilité importantes qui permet, dans un monde de plus en plus individualiste, de nouer des liens entre des personnes qui ne se parlent pas d’ordinaire et de créer une ambiance festive, temporaire, parfois bien utile pour rendre un peu le moral à un pays déprimé. Cela étant, c’est aussi une aubaine pour le Pouvoir politique de retrouver un peu, parfois de crédit, souvent de calme. C’est l’occasion pour les hommes du Pouvoir, quel qu’il soit, de récupérer des éclats de la gloire que d’autres ont gagné au bout de leur pied.
Il est des Etats qui ont, d’ailleurs, instrumentalisé le sport, considérant qu’il était un « autre moyen de gouverner », un moyen de mobiliser les masses et d’identifier la victoire des sportifs du pays au Pouvoir de celui-ci. Les régimes totalitaires ont été sans doute les premiers à utiliser de façon totalement assumée le sport pour montrer les « qualités » de leur système : il suffit de se souvenir des Jeux olympiques de Berlin en 1936 et de leur instrumentalisation par Hitler.
Aujourd’hui, ce sont plutôt les grandes multinationales qui sont les bénéficiaires du sport, au point que la publicité envahit les stades et les écrans, sans grand respect pour l’éthique du sport qui se fonde aussi sur une part de gratuité et de don de soi. On arrive parfois à une véritable remise en cause de la liberté individuelle, comme il est arrivé ces jours derniers où, lors d’une rencontre de la première phase de la coupe du monde, des partisans de l’équipe hollandaise se sont vus refuser l’entrée du stade à cause de pantalons griffés du logo d’une marque qui n’était pas partenaire de cette compétition. C’était déjà arrivé lors des derniers Jeux olympiques où les vêtements des spectateurs ne devaient porter que des logos de marques autorisées parce que « sponsors » de ces mêmes Jeux
Idem pour les sodas dans les stades, interdits pour certains, faute d’avoir emporté le contrat d’exclusivité
En tout cas, tout cela ne doit pas empêcher, pour les partisans des équipes de balle-au-pied, de s’amuser ou de se réjouir de la victoire. La grande fête spontanée d’hier, même si elle peut agacer ceux qui ne s’intéressent pas à ce sport et surtout si elle ne doit pas faire oublier le reste (politique et autres) ni les « coulisses » de cette compétition qui n’est pas que sportive, avait un côté tout de même fort sympathique. Qu’on ne m’accuse pas de céder à la « folie balle-au-pied », car je n’ai pas vu une seule image de cette partie France-Espagne
Mais je l’ai, d’une certaine manière, entendue
Louis XIV shootait-il, ou se shootait-il ?
Rédigé par : segolene branlebas | 28 juin 2006 à 19:33
Le foot, la bagnole, le loto, et la télé.
Il n'en faut pas plus
Rédigé par : Céphalo | 28 juin 2006 à 19:59
au français pour être heureux.
Rédigé par : | 28 juin 2006 à 19:59
Ce n'est heureusement pas si simple que cela, mais il est vrai que le système de la société de consommation est fait pour "distraire" au sens fort du terme les citoyens de leurs devoirs et de réflexions plus politiques. "Distraire", c'est-à-dire attirer l'attention sur le superficiel pour détourner le regard des choses pourtant plus importantes. C'est aussi un principe des campagnes électorales des grands partis...
J'essaye de résister sans pour autant bouder les fêtes quand il y en a...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 29 juin 2006 à 15:39