La semaine dernière était la dernière semaine de cours de l’année, et j’ai déjà rapporté l’ultime séance de Seconde dans une note précédente. Cela étant, au regard de mes retards de lecture et de recherche, je ne dispose pas, pour l’instant, de beaucoup plus de temps pour rédiger les notes de ce blog, et je le regrette. D’ailleurs, de nombreuses notes restent à l’état d’intention, ce qui est parfois fort frustrant. Il est pourtant des jours où l’actualité est assez riche et diverse pour alimenter les réflexions de l’auteur de ce blog
Par exemple, cette information entendue lundi matin à la radio, juste avant que je n’aille au lycée pour surveiller l’épreuve de philosophie du bac 2006 : les « tribunaux islamiques », nouveaux maîtres de la capitale somalienne Mogadiscio, ont interdit aux habitants de la ville de regarder les rencontres de la coupe du monde de balle-au-pied, considérant que cela risquait de détourner les jeunes des préceptes du Coran. Le résultat ne s’est pas fait attendre : une manifestation contre cette interdiction a été réprimée dans le sang et aurait fait au moins deux morts
Mes élèves de Première S qui étaient en classe mardi dernier se souviennent sûrement de ce que j’ai dit à propos de la Somalie dont, à ce moment-là, peu de gens se souciaient. J’ai en particulier montré à l’aide de la carte murale du monde accrochée au fond de la salle la nouvelle problématique que cette victoire d’islamistes entraînait dans la corne de l’Afrique et comment cette guerre lointaine (mais proche de Djibouti, du Yémen, de l’Ethiopie ou du Kénya
) pouvait avoir des conséquences sur l’équilibre de la région
En rouvrant ce midi le « Dictionnaire de Géopolitique » (publié sous la direction d’Yves Lacoste au début des années 90), je lis ceci, en page 1411 : « L’éleveur mobile, indépendant et libre, guerrier indomptable, demeure encore l’idéal social des Somalis. Son dévoiement a produit les « Mad Max », ces soldats perdus qui, au volant de 4x4, terrorisent et rançonnent le pays et les morianes, ces bandes de jeunes gens qui tenaient la capitale avant le débarquement des « marines » américains. L’opération Restore Hope a été lancée en décembre 1992, sous la pression des organisations humanitaires et du fait de l’émotion provoquée dans l’opinion publique européenne et américaine par les images diffusées sur les chaînes de télévision montrant la famine et les violences perpétrées par les bandes pillardes. Cette opération militaro-humanitaire semble avoir placé les forces rassemblées par l’ONU dans un véritable guêpier, pour le plus grand profit des islamistes ». La suite des événements l’a prouvé, comme le montre le film « La chute du faucon noir » diffusé la semaine dernière (coïncidence « de bon aloi » à défaut d’être de bon augure
), qui relate la défaite des « marines » à Mogadiscio, quelques semaines après la rédaction de cet article du « Dictionnaire ». Le dernier bout de phrase citée se vérifie désormais, pour le malheur des Somaliens eux-mêmes
Mais les « tribunaux islamiques » ont profité de l’anarchie et, surtout, de la lassitude d’une population plongée dans la guerre depuis plus de quinze ans, et qui est prête à tout (ou presque
) accepter pour retrouver l’ordre et la paix : dans ce contexte, les islamistes jouent sur du velours
Mais ils sont renforcés par les erreurs d’une diplomatie états-unienne qui, à méconnaître les leçons de l’Histoire, se condamnent à ne plus la comprendre ni la maîtriser
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