Les vacances scolaires sont toujours le moment privilégié pour les lectures que je n’ai pas eu le temps de faire durant la période des cours, ou que j’ai juste abordé d’un il pressé de trouver les idées principales ou immédiatement utiles à mon enseignement. La quinzaine, déjà bien entamée, des congés de Noël est l’occasion de me plonger dans les dizaines de numéros de la revue bleue « L’Action française » (paraissant deux fois par mois) que j’ai acheté à la librairie « Le Pélican noir », toujours bien achalandée en livres (ou en brochures et journaux) royalistes. Ces numéros sont d’autant plus intéressants qu’ils couvrent la période qui va de 1903 à 1914, c’est-à-dire du moment où cette revue, de nationaliste et républicaine, devient « nationaliste intégrale » (selon le terme emprunté aux mathématiques par Maurras), en somme monarchiste, au déclenchement de la Grande guerre : entre-temps, il y a, en 1905, la création de la Ligue d’Action française et la séparation de l’Eglise et de l’Etat ; en 1908, le lancement du quotidien « L’Action française » et l’apparition des Camelots du Roi, véritable « bras armé » de l’AF ; dans les années 1909-1914, les tentatives monarchistes pour pénétrer et conquérir le monde ouvrier, mais aussi rassembler les opposants au rousseauisme et au clémencisme par le biais du fameux « Cercle Proudhon », sans oublier la crise avec les instances « traditionnelles » du royalisme français qui se terminera par le triomphe complet du « néo-royalisme », nationaliste (certains diraient « populiste » aujourd’hui
) et antiparlementaire, incarné par Maurras et ses amis.
Plusieurs historiens ont souligné, qu’à leurs yeux, la période la plus dynamique sur le plan intellectuel de l’Action française est celle qui précède la fondation du quotidien : à partir de 1908, le journal devient le point de référence le plus important, et c’est la « tactique politique » qui l’emporte sur la réflexion, comme semble le dire Jacques Paugam dans son ouvrage « L’âge d’or du maurrassisme ». A lire les collections du quotidien, je serai plus nuancé que cette remarque de Paugam, ne serait-ce que par l’importance toujours primordiale du débat et du raisonnement dans la pratique quotidienne de Maurras, qui apparaît d’ailleurs, et par ce fait-là, comme « l’intellectuel combattant » et qui, du coup, ne cesse d’attirer à lui de jeunes intelligences, et cela jusqu’à l’orée des années 40. Il est vrai que cela n’empêchera pas une certaine sclérose et, même en certaines occasions, un aveuglement qui seront dommageables, encore longtemps après la mort de Maurras, à la lisibilité et à la crédibilité de celui-ci et du royalisme exigeant qu’il incarnait.
Puisque j’évoque Maurras, je poursuis mon évocation des lectures vacancières par le livre de Stéphane Giocanti, justement consacré au théoricien de l’AF, mais aussi par celui de Maurice Weyembergh intitulé « Charles Maurras et la Révolution française » (Révolution que Maurras préférait appeler « Révolution de 1789 ») : cette dernière lecture (en fait et comme la précédente, une relecture
) est justifiée par l’article que je prépare sur ce thème pour la revue des jeunes royalistes, « Insurrection », à paraître dans deux semaines.
D’autres lectures, en vrac : « Les rois ne meurent jamais » (histoire des dynasties européennes au XXe siècle), de José-Alain Fralon et Thomas Valclaren ; « Le Tribunal Révolutionnaire », un « classique » de G. Lenotre ; « Louis XVI », de Jean Jaurès, extrait de son « histoire socialiste de la Révolution française » ; « Le Centre perdu », de Robert Griffiths qui évoque les « Monarchiens » dans la Révolution, ceux-là mêmes que Maurras vouera aux gémonies dans ses écrits sur 1789 ; etc. : ces livres devraient me suggérer quelques prochaines notes, si le temps ne me manque pas trop
Je suis aussi en train de lire, avec beaucoup d’intérêt, la réédition en un volume unique et avec des notes fort instructives de Bernard Comte, des numéros de la revue personnaliste d’Emmanuel Mounier, « Esprit », ceux qui ont soulevé tant de polémiques jusqu’à nos jours (en particulier avec Zeev Sternhell), parus entre novembre 1940 et août 1941, en zone « non occupée ». Certaines pages de Mounier semblent répondre au dernier numéro du « Nouvel Observateur », sur lequel il me faudra revenir, consacré aux « Lumières »
Sans parler des périodiques que j’ai acheté récemment
Je doute que cette quinzaine soit suffisante pour mener à bien toutes ces lectures envisagées
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