Mardi soir, à l’invitation d’un de mes collègues du lycée, je me suis rendu à Bourg-la-Reine pour assister à une conférence sur « la crise de l’école », sujet ô combien d’actualité et qui appelle le débat. Mais lorsque je suis arrivé devant le théâtre dans laquelle elle devait se tenir, une trentaine de personnes équipées de mégaphones et de pancartes manifestaient devant le lieu de façon plutôt agressive, au moins dans les slogans. En fait, ce n’était pas le thème de la conférence qui provoquait ce hourvari, mais le conférencier : Alain Finkielkraut, philosophe de renom, mais très controversé à la suite de propos peu amènes à l’égard des jeunes de banlieue au moment des émeutes de l’automne 2005. Cela lui vaut, dans certains milieux « antiracistes », une réputation sulfureuse et une haine tenace
D’où cette manifestation bruyante mais aussi inquiétante au regard des slogans lancés : ce qui m’a particulièrement choqué, c’est l’accusation portée contre Finkielkraut d’être, en somme, l’inspirateur de camps de concentration futurs
Il me semble que la biographie même de cet intellectuel suffit à montrer l’ignoble du propos, son père étant un rescapé des sinistres camps de la mort nazis, ce qui ne préserve pas de l’erreur mais plus sûrement de l’horreur. J’ai aussi été choqué par l’appel à interdire toute prise de parole de Finkielkraut, où qu’il soit et sur quelque thème que ce soit, de la part de personnes qui, pour certaines, revendiquaient une idéologie politico-religieuse ouvertement islamiste
Pour ma part, je ne me reconnais pas dans toutes les prises de positions de ce philosophe, mais j’avoue que, l’ayant découvert il y a déjà un certain temps, je trouve quelque plaisir intellectuel à le lire, non sur les polémiques elles-mêmes, mais sur les thèmes qu’il aborde avec un regard libre, parfois fort dérangeant, mais toujours avec un grand brio. D’ailleurs, la conférence de Bourg-la-Reine m’a confirmé dans cette impression (j’en reparlerai prochainement).
Plus généralement, je suis inquiet devant cette montée de l’intolérance qui se pare de « bons sentiments et grands principes » et qui rend parfois l’atmosphère irrespirable, à force de soupçons et de dénonciations. J’ai déjà dit et écrit que « la liberté ne se renifle pas, elle se respire », et que fermer la porte au débat, c’est se condamner, un jour ou l’autre, à trouver « plus pur » que soi : or, on connaît le résultat d’une telle recherche de « pureté » quand il s’agit d’idées, politiques ou religieuses
La fameuse formule des premiers temps de la République, « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », a été l’annonce et l’alibi de cette purification qui se voulait éthique et révolutionnaire, et qui s’est traduite par l’envoi à la guillotine de milliers de personnes « mal pensantes », en particulier de journalistes, mais aussi par la destruction d’édifices et de livres qui rappelaient les « temps anciens »
Il fut une époque où Voltaire affirmait vouloir défendre le droit de ses propres adversaires à s’exprimer : c’était honorable et, même, raisonnable. C’est, en tout cas, une pratique que je fais mienne.
N'oublions jamais que la devise entière était "la Liberté ou la mort!", laquelle? Celle de celui qui se bat pour l'obtenir ou celle de l'adversaire politique qui n'est pas d'accord avec ce totalitarisme républicain? Ce système, se sentant un peu aux abois, est prêt à toutes les dérives même les pires pour se maintenir à n'importe quel prix. Je découvre votre blog que je trouve très intéressant. vous avez très bien fait de rappeler la fameuse phrase si "démocratique": "Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté."
Rédigé par : CCRIDER | 18 janvier 2007 à 11:34
Je suis tout à fait d'accord. Merci pour cette note sur les aspect bien déplaisants de l'air du temps.
Pour répondre au commentaire on peut comprendre " (ma) liberté ou (ta) mort " plutôt que " je suis prêt à choisir de mourir pour défendre ma liberté concrète et réelle"
Rédigé par : l'homme dans la lune | 19 janvier 2007 à 21:29
dimanche 21 janvier 2007 (03h13) :
Trois questions à Mouloud Aounit (video)
1 commentaire
Comment abordez-vous la Présidentielle ?
Comme beaucoup, je regrette quun consensus nait pu se dégager pour désigner une candidature unitaire.
Cest désormais un fait. Si, maintenant, après cet léchec, je me rends disponible pour soutenir la candidature de Marie-George Buffet, cest tout dabord par respect et délité à une femme que jai côtoyée durant la campagne des élections régionales de 2004. Jai découvert une femme sensible, sincère, disponible.
Et je dois reconnaître son courage politique qui la conduit, malgré certaines résistances, à libérer de la place aux représentants de la société civile.
Quelle est pour vous la priorité de cette élection ?
Pour moi, cest surtout ne pas se résigner devant limmense attente des populations des quartiers, souvent oubliées, méprisées, stigmatisées. Les souffrances invisibles sont là au-delà des promesses de circonstance. Dailleurs, linscription massive sur les listes électorales en est un signe manifeste. Jai une volonté de combat pour la gauche populaire et antilibérale, pour tous ces laissés pour compte.
Militant antiraciste, quattendezvous dune gauche de progrès ?
Le droit de vote et déligibilité des étrangers aux élections dés les premiers mois, ainsi que la régularisation globale des sans-papiers et la prise en compte de la diversité sur la base de la compétence dans lensemble des espaces politiques. Nous devons éradiquer les discriminations, quelles soient institutionnelles, économiques, sociales, civiques, ou politiques. Notre combat est celui de la justice et de la dignité face au mépris et aux exclusions. Jattends et jaspire à ce que Marie-George Buffet soit porteuse de ces combats fondamentaux à mes yeux.
De : Paris
dimanche 21 janvier 2007
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Commentaires de l'article
Trois questions à Mouloud Aounit (video)
21 janvier 2007 - 09h55 - Posté par 83.***.51.***
Merci monsieur Aounit de témoigner de manière naturelle de lexpérience vécue lors des régionales avec Marie-George Buffet, de son esprit découte, douverture...etc Vous, vous savez évidemment, pour lavoir vécu, comment elle "fonctionne", avec sincérité, pragmatisme, désintéressement mais toujours déterminée à faire gagner le camp des plus faibles, des plus démunis face à larrogance de la droite, la complaisance des sociaux démocrates et parfois lirresponsabilité de prétendus révolutionnaires qui permet aux idées libérales de se maintenir quel que soit le candidat élu ! Bravo pour votre implication citoyenne dans cette campagne et votre rôle dans les luttes contre les exclusions ! cubana
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Rédigé par : pasqua | 21 janvier 2007 à 22:04
I'll be BACK! :) ;)
Rédigé par : produttori | 16 février 2007 à 12:08
Chi ha fatto questo? E un buon posto per trovare le informazioni importanti!:)
Rédigé par : giorgia palmas | 22 février 2007 à 06:38
Luogo molto buon:) Buona fortuna!
Rédigé par : libera | 24 février 2007 à 06:49
Dein Aufstellungsort verdient nur gute Woerter. Danke.
Rédigé par : totti | 26 février 2007 à 01:07
mmm.. nice design, I must say..
Rédigé par : italia | 12 mars 2007 à 21:19
Lo trovo piuttosto impressionante. Lavoro grande fatto..)
Rédigé par : cannavaro | 17 mars 2007 à 08:30