Dimanche dernier, la candidate socialiste a présenté son programme devant les militants qui la soutiennent et a engagé une nouvelle phase de sa campagne, celle de l’explication et de la conquête des électeurs, nécessaire pour accéder au Pouvoir suprême de la République. Ainsi Ségolène Royal s’est-elle, en définitive, transformée en une « nouvelle Marianne », maternelle et féministe tout à la fois, autour des notions fortes de la famille et de la région, et ceci dans une posture très mitterrandienne.
J’ai d’ailleurs constaté que, plus on s’approche du scrutin, plus les journalistes évoquent le souvenir de François Mitterrand de façon insistante sans que l’on sache bien s’il faut y voir une annonce de la victoire ségoliste ou un rappel des manuvres que le Pouvoir impose à ses prétendants ou à ses détenteurs, fussent-ils socialistes et inspirés par les « grands principes de 1789 » (ou, peut-être bien à cause de cela, justement
). Ce qui est certain, c’est que madame Royal suit les conseils de Mitterrand et semble, comme il l’était pour lui-même, « possédée » de cette foi en elle qui fait douter les autres, ses adversaires. Reste à voir si cela suffit pour emporter une élection qui, de plus, ne se joue pas simplement au « sondage » mais bien, en fin de compte, au suffrage universel.
Un ami me faisait d’ailleurs remarquer il y a peu que Ségolène, par son attitude et son discours, sa posture malgré l'image de "nouvelle Marianne" évoquée plus haut, se « monarchisait », comme si les institutions de la Ve République, naturellement, poussaient ceux qui voulaient les incarner en son faîte à une sorte de mutation destinée à les faire accepter par les Français (« monarchistes sans le savoir » comme l’affirmait Georges Bernanos) et à les inscrire dans ce creuset capétien dont la France, même en République, ne peut totalement s’émanciper
Mitterrand, encore lui, qui avait tant fustigé le régime instauré par le général de Gaulle (relire, à cet égard,« Le coup d’Etat permanent », pamphlet remarquable et sublimement injuste écrit par un Mitterrand inspiré par Jacques Laurent, un maurrassien ironique
), avait, dès son élection, adopté le style monarchique qui l’a fait baptiser, de façon un peu exagérée et politiquement fausse, « le dernier des capétiens ». On pourrait dire la même chose d’un Chirac devenu vraiment Chef de l’Etat « de pleine légitimité » après, non pas tant son élection de mai 1995 que la mort de son prédécesseur, dont il fit un éloge funèbre quasiment
royal ! Et sa seconde élection, triomphale en un second tour plus « moral » que politique, lui ont valu, de la part des journaux français comme étrangers, le qualificatif, certes politiquement usurpé (au regard de la légitimité historique capétienne), de « roi ».
En tout cas, si la Monarchie royale, héréditaire et capétienne, n’est pas encore inscrite officiellement dans les faits et les institutions constitutionnelles, il semble bien que la Ve République en apparaît comme le « brouillon », inachevé et parfois maladroit : j’ai bien l’intention d’aider à la « mise au propre » du devoir institutionnel
La monarchie, en France n'a jamais été vraiment abolie.
Ce qui a changé, avec la Révolution, c'est qu'elle ne se réclame plus "de droit divin" (et encore !) et qu'elle a perdu son caractère héréditaire, mais il est clair que le régime présidentiel instauré par de Gaulle n'est ni plus ni moins qu'une Restauration déguisée...
A part ça, où est la différence entre la "République" française et la monarchie parlementaire britannique ?
Rédigé par : sergio | 13 février 2007 à 13:41