Le nouveau président de la République est désormais en fonction, et il est déjà parti en Allemagne ce mercredi soir pour discuter avec la chancelière Angela Merkel de la « relance » du processus constitutionnel européen, mis à mal par les résultats négatifs des référendums français et hollandais de 2005. A l’heure où la presse annonce la nomination du socialiste Bernard Kouchner aux Affaires étrangères, cette réunion franco-allemande, qui se tient sans ministre français mais directement avec les têtes de l’exécutif actif des deux pays, peut vouloir signifier que la « tradition » gaullienne du « domaine réservé » du Chef de l’Etat élu, domaine qui comprend « d’abord » la direction de la Politique étrangère de la France, est respectée et réaffirmée. Mais, la position traditionnelle du « gaullisme institutionnel », celle d’une diplomatie indépendante de la puissance états-unienne, n’est pas forcément celle qu’adoptera Nicolas Sarkozy qui, s’il parle depuis quelques temps (sous l’influence de son conseiller Henri Guaino, sans doute), à chaque occasion, de la France, n’en reste pas moins marqué par un fort tropisme « atlantiste », propre à une certaine Droite marquée par les années de la « guerre froide ».
C’est pourquoi j’aurai préféré que soit nommé au poste de ministre des Affaires étrangères le mitterrandien, lecteur de Bainville (voir note-blog du lundi 14 mai) et habile diplomate, Hubert Védrine, dont le dernier livre, « Continuer l’Histoire », peut constituer une bonne feuille de route pour une vraie diplomatie française « de puissance » et pas seulement « d’influence ».
Il est trop tôt, sans doute, pour voir ce que sera la nouvelle politique étrangère de la France, mais il importe de ne pas gâcher ses chances et les possibilités que le refus chiraquien d’engager militairement la France en Irak en 2003 a révélé. « La République n’a pas de politique étrangère » disait dans un de ses romans un héros d’Anatole France et, malgré les tentatives de Théophile Delcassé au début du XXe siècle, cette formule sévère a été vérifiée tout au long de la IIIe et de la IVe Républiques. Elle était devenue obsolète, il faut le reconnaître, sous la Ve République, qui avait « monarchisée » la fonction présidentielle et avait rendu son indépendance, au moins de parole, à la politique étrangère de la France, en particulier sous le « règne » du général de Gaulle, lecteur attentif du Maurras de « Kiel et Tanger » (texte publié en 1910 et fort bien analysé par Aymeric Chauprade dans son ouvrage : « Géopolitique, Constantes et changements dans l’histoire »).
Il serait dommage que cette tradition « gaullienne », autre nom pour signifier « capétienne » dans le langage contemporain, soit abandonnée au nom de « l’Europe » ou de « l’allié américain »
Entièrement d'accord sur le fond et examinons avec attention le compte rendu de ce voyage à Berlin. Quant au ministre des Affaires Etrangères, il n'est toujours pas nommé et s'il s'agit du porteur de sac de riz restera-t-il à ce poste pour faire de la figuration?
Rédigé par : klaus | 17 mai 2007 à 10:08