Les royalistes, en particulier ceux de l’Action Française, ont toujours accordé une grande importance à Jeanne d’Arc et à son culte, plus politique que religieux, et cela dès les origines du mouvement maurrassien. Aussi, chaque année, le second dimanche du mois de mai, a lieu le « cortège traditionnel » d’hommage à Jeanne d’Arc dans un Paris désert et largement indifférent et oublieux. J’ai moi-même participé, dans les années 80-90, à certains de ces défilés qui, invariablement et logiquement, se terminent devant la statue de la « Sainte de la Patrie », place des Pyramides : j’en ai quelques souvenirs qu’il me faudra bien raconter, un jour ou l’autre.
Cette année, le cortège n’a pas été parasité par les différents groupes d’extrême droite qui, à défaut d’exister les autres jours, profitent de celui-là pour bomber le torse et jouer la provoc’. Ainsi, les royalistes, aussi peu nombreux soient-ils, ont-ils rendu à Jeanne d’Arc son sens éminemment politique et national, au-delà des caricatures et des récupérations en tout genre malheureusement habituelles.
En effet, Jeanne d’Arc était « politique d’abord » comme Maurras l’a démontré maintes fois : alors que la stratégie militaire aurait nécessité la poursuite des Anglais après ses premières victoires, Jeanne ouvre d’abord la « voie du sacre » à Charles VII. Instinctivement, ou rationnellement, elle comprend qu’il faut d’abord « fonder le Pouvoir et forger l’Autorité » par cette reconnaissance de la condition politique de l’incarnation et de l’action libre de l’Etat par le Souverain. D’abord le Roi pour que vive, en sa personne et par sa liberté, la France.
Bien sûr, les temps ont changé mais les conditions d’un Etat libre et durable restent les mêmes et il faudra bien s’en convaincre pour poser, à nouveau, la question institutionnelle, au-delà des blocages inhérents au régime des partis et de l’impuissance d’un Etat qui s’est laissé lier les mains par une Union européenne oublieuse des libertés des nations et des peuples qui les constituent.
Post-scriptum : pour avoir un aperçu du défilé royaliste et des discours prononcés, je conseille la lecture de l’article publié sur le site des Manants du Roi : http://www.lesmanantsduroi.com/articles/article27305.php . Quant à la vidéo-annonce du défilé, qui s’appuie sur quelques images du film de Luc Besson, elle est disponible sur ce lien : http://afe-blog.com/2007/04/24/hommage-a-la-sainte/ .
Ca y est, monsieur, c'est fait :-)
Les deux prochaines notes parlerons de l'organicisme des ultras (lecture actuelle oblige) et de Céline.
euh, je peux vous mettre en lien?
http://pentablog.over-blog.fr/
Rédigé par : Pentagramme | 17 mai 2007 à 22:43
Je vais aller vous lire tout de suite. Pas de problème pour le lien.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 18 mai 2007 à 00:53
Jeanne d'Arc, c'était et sera toujours la France. Je trouve ainsi dommage que son culte (si l'on peut dire comme cela) ne soit plus celui de tous les français, mais juste celui de l'extrême-droite et des royalistes (sans aucun mépris aucun pour ces derniers). Elle devrait être célébrée au-delà de toutes les opinions politiques et religieuses, parce que Jeanne ne s'est jamais avant tout battue, comme les résistants de la seconde guerre mondiale, que pour la liberté de la France.
Rédigé par : Thimèle | 18 mai 2007 à 01:20
Tout à fait d'accord: Jeanne d'Arc n'appartient pas aux seuls royalistes, loin de là, mais à tous les Français et, d'ailleurs, même si on l'a oublié, la fête de Jeanne d'Arc est "fête nationale" depuis 1920.
Cela n'empêche pas d'étudier son "message" et de remarquer que, même en politique, il n'est pas neutre, au regard de son histoire et de ce qui l'a motivé.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 18 mai 2007 à 13:40
Bien sûr que cette brave Jeanne d'Arc mériterait peut-être, éventuellement, d'avoir une place plus importante dans notre mémoire collective. Cependant il faudrait que TOUS les aspects de cette "Sainte" soient abordés, y compris son procès de canonisation bâclé. L'imaginaire collectif est certes un puissant moyen de transmission nationaliste (sans connotation péjorative), mais l'historien au regard pragmatique ne doit-il pas concéder la part d'exagération transmise par le mythe ? Quant à la glorification perpétuelle de Jeanne d'Arc, sa mémoire elle-même devrait être lavée : les groupuscules d'extrême droite, qui font tout de même 10% aux présidentielles, en "raflant" cet héritage ont dévoyé notre histoire. Il convient désormais à la République, ou à la Monarchie présidentielle si vous voulez, de récupérer cette part occultée, transformée mais idéalisée de notre patrimoine.
Rédigé par : CAM.A.R. | 18 mai 2007 à 19:24
Merci pour ce post, sur l'hommage à Jeanne d'Arc par l'AF et surtout son actualité politique.
Amitié royaliste.
A bientôt.
Philippe
Rédigé par : roycobrother | 18 mai 2007 à 23:23
CAM.A.R--> Laissez aux historiens les faits.
En idéalisant Jeanne d'Arc, c'est un mythe fondateur qu'on honore. Un mythe qui doit fédérer la nation autour d'une figure reconnue par tous. Pas un personnage historique.
Concernant le FN, moi non plus je ne suis pas fan, mais ne tombez pas dans la caricature...
Rédigé par : Pentagramme | 21 mai 2007 à 16:36