J’étais étudiant dans les années 80 que, déjà, on parlait de réforme de l’Université, d’autonomie, de plurifinancement des établissements d’enseignement et de recherche, etc. : les réactions étaient aussi les mêmes que celles d’aujourd’hui
La réforme Devaquet, aussi imparfaite soit-elle, avait le mérite de poser les mêmes principes et préceptes que ceux défendus aujourd’hui par Valérie Pecresse : c’était en 1986 et, déjà, on disait qu’il était bien tard
Plus de 20 ans après, la situation des universités n’a cessé d’empirer au point d’apparaître, pour certaines d’entre elles, comme les « poubelles de l’enseignement post-bac », ce qui n’est guère heureux ni glorieux. Et pourtant, les cris d’alarme n’ont pas manqué, de Carpentier (« Le mal universitaire », 1988) à Pitte, président de la Sorbonne (« Jeunes, on vous ment », 2006), mais rien n’y a fait : les syndicats étudiants n’ont guère tenu leur rôle de proposition et de promotion de l’Université, préférant jouer la carte de la contestation « a priori », les dirigeants étudiants d’un jour devenant ensuite les petits caciques du Parti Socialiste, tels Philippe Darriulat, trotskiste en 1986 et aujourd’hui sénateur socialiste, ou Isabelle Thomas, elle-même « cadre » du PS
Je pourrai citer d’autres noms de personnes que j’ai côtoyées en d’autres temps et qui ont suivi ce qui ressemble à un véritable parcours initiatique, de l’UNEF au PS, en passant, parfois, par la défunte MNEF
Pendant ce temps, les universités françaises accumulaient les retards et se « clochardisaient » selon la rude, mais trop juste expression d’un collègue un peu amer devant ce gâchis de « matière grise ».
La démagogie et l’égalitarisme proclamé ont assassiné l’Université, il faut bien le reconnaître, n’en déplaise à quelques « pédagogues », plus idéologues que réalistes. Que le gouvernement veuille réformer et transformer l’Université n’est pas un scandale, même s’il y a fort à craindre qu’une logique « marchande » (« efficacité-rentabilité », dans un sens plus économique qu’universitaire, ce qui n’est pas vraiment rassurant) risque de remplacer cette logique idéologique qui, hypocritement, refuse d’entendre parler de « sélection » à l’Université, permettant qu’elle se fasse, du coup, hors du système éducatif et selon des critères sociaux qui ne sont pas forcément équitables, en particulier pour les jeunes issus des classes les moins favorisées de la population
Mais il faut promouvoir l’autonomie des universités et leur plurifinancement pour assurer leur survie et le maintien de leurs missions éducatives et de recherche dans des conditions acceptables.
Reprenant mes archives royalistes étudiantes des années 80, je constate, à la fois avec amusement et horreur (c’est le temps perdu qui me fait frémir
), que les tracts et articles que j’ai rédigés à l’époque sont pratiquement réutilisables tels quels : j’en publierai quelques uns ces temps prochains sur ce blog pour le prouver. Avoir eu raison dans les années 80 n’était pas avoir raison trop tôt, mais « à temps » : il aurait fallu faire accepter nos propositions par les uns et les autres, et je me souviens que Michel Denis, ancien président de l’Université de Haute-Bretagne (Rennes-2), m’avait approuvé d’un signe de tête fort explicite lors d’une assemblée générale étudiante à laquelle j’avais pris la parole, en 1986 ou 1987
Mais nous avons échoué. Cette fois, l’échec est interdit, faute de quoi c’est tout le système universitaire français qui risque de s’effondrer devant la pression de la Globalisation mondiale et, en particulier, européenne
Néanmoins, je crains que la République, aujourd’hui détenue par le « parti néolibéral européiste », ne fasse d’une bonne idée de base un brouet peu digeste : n’attendons pas de voir pour, dès maintenant, ouvrir des pistes de réflexion nouvelles pour l’Université de demain.
Dans ce grand débat qui risque d’animer le prochain automne, il serait bon que les royalistes qui ont toujours été, par attachement aux « libertés et franchises universitaires », partisans d’une autonomie la plus large et la plus enracinée possible pour les universités, précisent leurs propositions, non plus seulement théoriquement mais concrètement : cela évitera bien des malentendus et des dérives.
Ne pensez vous pas qu'il faudrait mieux transformer les universités en BTS?
Rédigé par : partisan blanc | 27 juin 2007 à 17:29