Les épreuves du baccalauréat, examen créé en 1808 par l’empereur Napoléon 1er, se déroulent actuellement et j’effectue les traditionnelles surveillances au lycée catholique Saint Jean Hulst de Versailles : ainsi, j’étais mardi et mercredi matins dans une immense salle baptisée « Odéon » surplombée d’un grand crucifix, ce qui a visiblement surpris quelques élèves nourris au lait (parfois aigre, diraient certains
) de la laïcité
En parcourant les listes d’élèves présents, j’ai reconnu quelques grands noms de l’Histoire de France, comme celui d’un des plus célèbres aviateurs de la France Libre, par exemple. Certains, comme un écho lointain, se retrouvaient sur les grandes plaques noires situées dans la salle voisine, en fait un hall du lycée, celles des anciens élèves morts pour la France, depuis 1897 (Madagascar, est-il indiqué
) jusqu’à ceux morts « depuis 1939 » : il y avait là une situation étrange où, sans le savoir, les descendants et cousins de ceux qui étaient figés dans l’éternité du marbre composaient, vivants de l’avenir, pour poursuivre une uvre que leurs aînés avaient permis de sauvegarder
Ainsi, la France de demain côtoyait les tombeaux sur lesquels « les blés seront plus beaux », comme l’affirme « La Royale », l’hymne des monarchistes maurrassiens. En ce moment, alors fort particulier, j’ai sans doute mieux compris, je veux dire intimement parlant, le sens et la portée de cette expression. Nous sommes, souvent bien malgré nous, des « héritiers » : nous n’avons pas choisi de naître, ici ou ailleurs, en un temps ou en un autre
, mais nous sommes, d’une certaine manière, ce que les autres ont fait de nous, même si notre liberté consiste justement à ne pas se limiter à cette donation mais à la penser, à la poursuivre et, parfois, à s’en émanciper.
Certains noms ont disparu dans la fureur des guerres, d’autres ont apparu par l’arrivée de populations nouvelles qui venaient chercher protection et prospérité sous le drapeau français. Mais, tous ont une dette envers ceux qui, dans la boue et par le sang versé, ont offert leur jeunesse en un sacrifice « humain, trop humain » pour que vive cette vieille nation, notre France qui, malgré les erreurs, les fautes ou les faiblesses, reste « notre mère » mémorielle, de cur et d’âme.
La France, Dieu merci, est en paix même si des dangers persistent, y compris en son sein (l’absence de confiance en soi en est sûrement l’un des plus graves
) : elle est un bien précieux qui est la condition des autres. Il n’y a pas que les Français qui ont besoin de la France et j’ai maintes fois cité cette affirmation de Bernanos qui rappelle que « le monde a besoin de la France ».
L’une des principales richesses de notre pays réside en sa matière grise et, devant moi, ces derniers jours, je voyais, je sentais ces jeunes intelligences, penchées sur des sujets parfois peu motivants (mais une épreuve d’examen n’est-elle pas, au sens fort du terme, une « épreuve » qu’il s’agit, sans penser à sa pertinence même, de surmonter ?), comme les chances de demain : il serait dommage de les gâcher ou de les voir « s’exiler », faute de trouver en notre pays les moyens de les faire s’épanouir et fructifier. L’un des enjeux des années prochaines sera de donner des « débouchés » aux intelligences et aux bonnes volontés de notre pays : l’Etat ne pourra remettre les réformes nécessaires à demain ou après-demain, il est temps de rompre avec un « déclinisme », forme de pessimisme aussi absurde que l’est l’optimisme béat des Pangloss de l’Union européenne ou de la « mondialisation heureuse »
La génération qui, ces jours-ci, noircissait des copies durant des heures, dans une ambiance moite et le craquement des planchers de bois, aura de multiples épreuves, autrement plus rudes et motivantes, à affronter et surmonter : donnons-lui des raisons d’espérer
C’est, aujourd’hui, le devoir des politiques français : j’essaierai, pour ma modeste part, d’y contribuer
Il est vrai que cette épreuve n'était pas très motivante et captivante
au contraire de certains sujets d'Histoire Géo!
Pour ce qui est des crucifix, ayant moi m^me passé cette epreuve a Béthune, je suis également surpris d'entendre certaines personnes récriminer contre les crucifix.Ce lycée étant et Privé et sous contrat avec l'Etat, il est parfaitement normal qu'il y ait des crucifix. N'y a-t-il pas des Croissants et des Etoiles de David ds d'autres lycées privés?
En tout cas, que notre jeune génération (re)prenne courag et en avant!
Rédigé par : TL 1°S4 | 15 juin 2007 à 17:29
Je composais cette semaine dans le même établissement, mais dans l'autre salle : également un crucifix, mais pas de craquements de parquet, la salle ayant seulement un an. Nommée "L'aquarium" par les élèves, la direction a préféré l'appeler "Salle Europe".
Rédigé par : NeoCharly | 18 juin 2007 à 01:08
Oui. La salle ODEON. Salle impressionnante. Les professeurs doivent s'égosiller pour que les élèves du fond parviennent à les entendre... Le tableau sur lequel sont inscrits les horaires est à peine visible pour les élèves susdits. Bien, après tout, rien ne vaut une petite illustration : http://www.saint-jean-hulst.com/IMG/jpg/St_Jean_001.jpg . Sachez juste que la salle est plus longue.
"Dans quelle mesure la forme littéraire peut-elle rendre une argumentation plus efficace ?" Depuis le jour où j'ai découvert cette (merveilleuse) salle (aux tables bancales), j'y pense encore et toujours. Beaux souvenirs que seront ces souvenirs lorsque nous aurons acquis des connaissances - et plus de maturité.
Rédigé par : Sixte P.a.a. | 22 août 2007 à 22:26