La campagne des législatives qui est sur le point de s’achever ne m’a guère passionné, il faut bien l’avouer : il est vrai que son déroulement, juste après « la reine des élections », cette présidentielle si disputée, n’a rien de motivant car on imagine mal une cohabitation possible un mois après la victoire d’un candidat dont il faut bien éprouver la politique avant de la juger définitivement.
Il est vrai aussi que l’époque était peu propice à l’étude détaillée des programmes et des discours des uns et des autres, fin d’année scolaire et corrections multiples obligent
Je me suis contenté de suivre les premiers pas du gouvernement, de m’intéresser à la nouvelle pratique présidentielle et de m’inquiéter de la diplomatie sarkozienne ébauchée
Mais l’étude des transports et des communications en Europe et en France, en particulier celle du rail et, donc (mais pas exclusivement) du TGV, fort d’actualité cette semaine, puis celle des totalitarismes pour mes classes de Première, m’a beaucoup plus passionné. Même chose pour la Renaissance, la Monarchie absolue et la Révolution pour mes classes de Seconde
La matière que j’enseigne (avec un plaisir que je ne cherche pas à dissimuler, étant un prof heureux
) me permet une certaine distance et, peut-être, hauteur d’avec les événements immédiatement contemporains. Or, la politique, si elle se doit d’être réactive, doit aussi apprendre à maîtriser le temps, à ne pas se laisser dicter son cours par les seules fluctuations de l’Opinion publique (le « sondage universel », véritable « révolution permanente », ce que Pierre-André Taguieff qualifie justement de « bougisme ») et ne pas céder aux seules « apparences » de la Communication, calquée sur les techniques de la publicité et du conditionnement plus que de la réflexion posée et lucide. D’ailleurs, à relire les titres d’il y a quelques semaines, quel décalage avec le moment présent : des faux débats qui ont tenu trois jours dans les médias, remplacés par d’autres qui n’ont pas tenu plus de temps, déjà bousculés par d’autres encore, ce qui donne l’impression de « nouveautés perpétuelles », d’une sorte de « néophilie compulsive » qui n’est pas pour rien dans l’attitude de plus en plus consumériste des électeurs dont la citoyenneté se confond de plus en plus avec la satisfaction des seules envies individuelles, sans beaucoup d’égard ni regard pour « l’intérêt commun ».
Et puis, sans doute, une certaine lassitude devant le spectacle des candidats qui n’ont d’autres motivations réelles que de permettre le remplissage des caisses de leur parti (effet pervers du mode actuel de financement des partis), et qui dévalue le débat électoral par une profusion de programmes bâclés, écrits à la va-vite (cela se sent aisément à la lecture des professions de foi, parfois éprouvante pour la raison
) et souvent trop démagogiques, voire stériles. Pour moi qui aime le débat d’idées, l’époque est parfois désespérante, et elle me renforce dans l’impression que les vrais débats sont ailleurs et que, malheureusement, cette période électorale, si elle est pourtant celle qui devrait être la plus significative sur ce plan, n’est qu’une foire d’empoigne qui discrédite la politique plus qu’elle ne la sert.
Et pourtant ! Je reste persuadé que ces élections ne sont pas inutiles et je ne suis pas pour l’abaissement du pouvoir des parlementaires qui est actuellement constitutionnellement raisonnable, mais peut-être faudrait-il, purement et simplement (ce n’est qu’une idée, pas une affirmation ; je cherche juste des pistes
), tant que nous sommes en République (ce qui n’est pas forcément définitif), coupler les deux scrutins, présidentiel et législatif, sans pour autant interdire (au contraire !) à la magistrature suprême de procéder, si elle en éprouve le besoin, à la dissolution de l’assemblée nationale qui, de ce fait, aurait un mandat qui, alors, durerait jusqu’à la prochaine présidentielle.
Cela, évidemment, en attendant une nouvelle architecture des institutions qui séparerait la légitimité de la magistrature suprême de l’Etat de celle de la représentation parlementaire, pour permettre à la première une véritable capacité d’arbitrage et à la seconde une réelle prise en compte des réalités politiques du pays et de ses différentes composantes.
En attendant, frustré de la pauvreté du débat politique actuel, je me suis remis à la lecture de romans (je relis Nimier, comme dans mon adolescence
) et à l’écriture de nouvelles : quelques essais de littérature, tout à fait personnels mais très réjouissants
Ah bon, il y a eu campagne pour les législatives ??? Et puis de toute façon, dans notre république absolue, l'assemblée ne sert plus à rien... Les députés devenus des "bénis oui-oui" votent comme un seul homme les projets de lois présentés par le gouvernement : il n'y a plus ni débat démocratique ni échange, ni propositions de l'assemblée... Vivement le Roi !
Rédigé par : Jean-Marie | 10 juin 2007 à 17:15
Moi mardi dernier m'a ennuyé.
Rédigé par : Zoubi | 15 juin 2007 à 18:33