La reine Elisabeth II d’Angleterre a décidé d’anoblir l’écrivain d’origine indienne Salman Rushdie samedi dernier : cet acte hautement symbolique a provoqué une vague de colère antibritannique au Pakistan et en Iran, eu égard au roman « Les Versets sataniques » qui, depuis 1989, soulève les passions contre lui. Je ne sais pas si ce roman est bon ou s’il est mauvais, car je ne l’ai pas lu, et je dois avouer que le thème ne m’inspire pas. Je me souviens que, lorsqu’il est sorti (en 1989), j’étais fort réservé sur l’opportunité d’un tel livre qui me paraissait réveiller de vieux démons (pas si vieux que cela, comme l’a montré la suite
) et provoquer inutilement la foi musulmane. Mais cette réserve, qu’il est possible de faire (tout comme je suis fort critique sur les textes qui blasphèment la Vierge Marie, par exemple, car ils atteignent à ma propre foi), n’empêche pas que je sois profondément choqué par les réactions des islamistes qui, par le monde et à la suite de la fatwa lancée par l’ayatollah Khomeiny en 1989 qui condamne à mort l’écrivain, brûlent l’Union Jack et menacent, ou « préviennent » (y compris par la bouche de ministres d’un Etat allié des Etats-Unis) d’attentats suicides le pays qui a accueilli et protège Salman Rushdie. Il faut lire ces lignes du ministre pakistanais des affaires religieuses, Ijaz Ul Haq, terrifiantes et scandaleuses mais tellement révélatrices : « Si quelqu’un se fait exploser, il se sentira justifié dans ses actes. Comment pouvons-nous combattre le terrorisme lorsqu’un blasphémateur est récompensé par l’Occident ? ».
Cette confusion entre le religieux et le politique, qui est difficilement compréhensible à nos sociétés sécularisées, héritières (d’une certaine manière) de la fameuse formule christique « Rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu » souvent oubliée après Constantin ; cette confusion laisse démunis les Etats occidentaux qui, voulant ménager les populations musulmanes, ne savent comment réagir aux objurgations des tenants extrémistes d’un Islam qui se veut intouchable et inamendable dans ses pratiques, pourtant différentes selon les lieux et les temps.
La reine, qui a pris la décision d’anoblir Rushdie, voit son portrait brûlé par les tenants de la « censure islamiste mondiale » qui, en France même, s’en prend à Molière et à sa pièce célèbre Tartuffe, véritable dénonciation d’une certaine hypocrisie qui prend le masque de la religion et n’en est que la grimace, et force un philosophe, Robert Redeker, à vivre constamment sur ses gardes, empêché d’enseigner et relégué aux corrections de copies du CNED tandis que ses écrits ne trouvent plus, ou rarement, de journaux pour l’accueillir « pour ne pas mettre d’huile sur le feu », argument qui confond légitime prudence et véritable lâcheté
Je suis attaché à la libre expression et à la libre discussion, et si des idées ou des propos me choquent, c’est par la plume, la parole ou l’image que je réagis, que je défends mon point de vue : je n’ai pas peur de la polémique, du pamphlet, de « l’empoignade » et j’accepte d’être mis en cause pourvu que je puisse, en retour, défendre la mienne. Mais cette ambiance de terreur politico-religieuse que font régner les islamistes (et qu’ils légitiment par l’ « islamophobie » qui régnerait dans nos pays, terme qui est éminemment politique et véritablement liberticide, comme on a pu le constater lors des débats autour des caricatures de Mahomet et de la représentation du Prophète) ne doit pas être acceptée, sous peine d’abdiquer ce qui fait notre manière d’être au monde et ce qui permet à la personne d’être, si elle accepte d’en éprouver les risques et la grandeur, parfois le vertige, libre d’esprit.
« La liberté ne se renifle pas, elle se respire », ai-je un jour écrit, et, depuis, je ne cesse de répéter cette maxime, mais aussi d’essayer de la pratiquer. La reine, en bravant les foudres des islamistes et en anoblissant un écrivain dont il n’est pas certain qu’elle ait lu une seule ligne, rappelle que le sceptre n’est pas qu’un « hochet » mais le symbole fort de la liberté éminente de la magistrature suprême de l’Etat, au-delà des opinions et des modes, des haines comme des engouements : ce n’est pas un hasard si George Orwell, écrivain pourfendeur des totalitarismes, avouait après-guerre un attachement certain à la Couronne britannique
Bonjour monsieur Chauvin, ceci est un message de baptiste gourgouillon.....
J'ai commencé à numériser mes réflections , pensées quotidiennes, croquis, pensées philosophiques et nouvelles sur un blog, uniquement dédié à cela, car j'execre le fait de raconter ma vie...
Je n'ai pour l'instant numérisé que mes 40 citations et une réflection , mais je compte enrichir cela fort rapidement...
http://silentworld2.free.fr/blog/
Bonne lecture..Vous me feriez un grand honneur en postant un commentaire sur ce blog. Je vous remercie d'avance pour vos critiques et vos commentaires..
Bonne continuation à votre blog.
vive la république, vive la France, Vive M.Sar--hum, non pardon, vive ségolène ro-- hum, oh mais ne serait il pas possible d'avoir des candidats non "spectacles" ? ... Apparamment, non...
Rédigé par : Silentwolf | 24 juin 2007 à 12:42
Si Salman Rushdie a été promu le 16 juin dernier au titre de chevalier, et donc anobli, comme le veut la tradition britannique, par la reine d'Angleterre en personne, l'auteur des "Versets sataniques" ne doit cette décision qu'à des comités indépendants qui examinent soigneusement les nominations du public et du gouvernement. Le Premier ministre et la reine Elisabeth II n'ont qu'un rôle cérémonial dans leur approbation.
Il est donc vain de s'attaquer à la reine d'Angleterre quand ce n'est pas elle qui a eu le pouvoir de décision de cet anoblissement, acte hautement symbolique qui provoque une vague de colère au Pakistan.
Rédigé par : Domy | 30 juin 2007 à 19:35