Il est des informations qui passent totalement inaperçues et qui, pourtant, me semblent fort importantes ou, en tout cas, révélatrices : ainsi, celle évoquée en quelques lignes par « Le Figaro » du mercredi 11 juillet : « Un porte-avions américain est en route pour le Golfe, portant à trois le nombre des porte-avions américains dans cette région, a annoncé hier la Ve Flotte américaine, tandis que le Pentagone assurait que ce mouvement s’inscrivait dans le cadre d’une simple rotation ». En fait, les Etats-Unis pensent faire pression sur le Pouvoir iranien en déployant dans cette zone fort sensible leurs porte-avions, ce qui est aussi un signal fort adressé aux pays du Golfe, et qui se veut, en particulier, rassurant pour l’Arabie Saoudite : en effet, celle-ci pense elle aussi se procurer les moyens d’une dissuasion nucléaire pour faire face aux ambitions perses, au grand dam des autorités états-uniennes qui voient poindre à l’horizon les risques d’une prolifération nucléaire déjà bien entamée
En mettant autant de moyens militaires d’une éventuelle frappe sur l’Iran dans la région du Golfe, les Etats-Unis espèrent démontrer aux Saoudiens l’inutilité d’une telle démarche nucléaire, comme ils avaient essayé de le faire, en d’autres temps et avec d’autres moyens (pas toujours très honorables
), face à la volonté gaullienne de se doter de l’arme atomique.
Il y a aussi d’autres leçons à tirer de cette information apparemment anodine : d’une part, la puissance d’une nation se mesure aussi à ses possibilités militaires d’intervention, quoiqu’on en dise. D’ailleurs, les trois premiers budgets militaires sont, aujourd’hui, les Etats-Unis, la Chine et le Japon
D’autre part, il ne faut pas opposer, comme le font certains pacifistes, éducation et armée : le slogan « Des crayons, pas des canons » est, sans doute malheureusement mais c’est un fait, une erreur de perspective qui ne dissuadera pas les ardeurs bellicistes de telle ou telle puissance, de telle ou telle idéologie
L’Histoire est pleine d’exemples tragiques de cette méprise fatale, ne serait-ce que notre Histoire nationale (années 30 et suivantes). Ainsi, il me semble urgent pour la France, sans attendre une hypothétique volonté européenne, de moderniser et renforcer l’appareil militaire de notre pays, ne serait-ce qu’en construisant dans les meilleurs délais un second porte-avions : dois-je rappeler que le seul porte-avions français, le « Charles-de-Gaulle », est aujourd’hui immobilisé pour encore seize mois dans un port français ? A moins que l’on considère qu’il faut laisser à d’autres le soin de « faire régner l’ordre » sur la planète et à nos frontières ?
L’indépendance nationale n’est pas un vain mot et elle doit avoir les moyens d’être effective : encore faut-il la volonté politique de cette liberté. La République française délègue de plus en plus sa défense à d’autres, en arguant de l’éloignement des conflits et de ses alliances, européennes ou transatlantiques : il n’est pas sûr que cela soit un gage de sécurité et de liberté pour les années qui viennent et qui s’annoncent comme déterminantes dans la redistribution des cartes géopolitiques
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