Samedi 4 août, la France a connu le plus fort encombrement automobile de l’été : à certaines heures, les bouchons cumulés représentaient plus de 800 kilomètres
On imagine aisément, au-delà de l’énervement et de la fatigue engendrés par l’attente et la chaleur, la perte d’énergie (voire le gaspillage) à l’heure où celle-ci coûte de plus en plus cher mais aussi la perte de temps pour les automobilistes piégés ainsi que la pollution supplémentaire dans une vallée du Rhône, par exemple, qui n’en a pas vraiment besoin.
Il est facile de se réfugier derrière la fatalité en déclarant que cette situation est « normale » les jours de grands départs comme elle semble l’être (pour l’Opinion
) tous les jours de la semaine durant l’année scolaire : mais ce fatalisme n’a rien pour me plaire. Bien sûr, il n’y a pas une solution unique à un problème qui, en fait, est aussi la conséquence de beaucoup d’autres. Bien sûr, quoique l’on fasse, il restera toujours des encombrements à certains moments particuliers ou suite à des travaux ou des accidents. Mais il n’est pas inutile de rechercher ce qui peut diminuer la pression automobilistique sur les routes et permettre une plus grande fluidité du trafic et une moindre perte d’énergie.
D’ailleurs, il faut bien voir que, si les pouvoirs publics n’étaient pas intervenus depuis quelques décennies sur ce dossier, les routes seraient aujourd’hui impraticables et les encombrements véritablement paralysants, ce qui n’est pas exactement le cas aujourd’hui.
Mais il est nécessaire d’aller plus loin et d’engager de nouvelles initiatives pour désengorger les axes routiers. L’une des solutions souvent mises en avant consiste à construire encore plus de routes : or, l’effet immédiat de cette mesure est d’entraîner, mécaniquement, une augmentation de trafic (plus il y a de routes, plus il y a de voitures, la construction de routes provoque un « appel d’air » automobile) et une diminution de l’usage des transports en commun (autobus ou trains). En fait, il vaudrait mieux maintenir les petites lignes aujourd’hui sacrifiées par la SNCF et construire de nouvelles voies ferrées pour accompagner la rurbanisation ou améliorer les liaisons au sein du pays, non seulement de ville à ville, mais aussi des territoires urbains aux territoires ruraux. Cela devrait se faire dans le cadre d’une véritable politique d’aménagement du territoire national qui semble aujourd’hui, sinon délaissée, du moins trop marquée par la métropolisation et la rurbanisation, réalités étouffantes du moment malgré les prémisses d’une « nouvelle ruralisation » qui commencent à se manifester.
Mais il y a aussi un autre projet, plus axé sur la gestion des flux de circulation, qui devrait, puisqu’il est entamé, être accéléré : c’est le projet « Galileo », projet de navigation par satellite, retardé sans doute à dessein par les Britanniques qui, solidarité anglo-saxonne oblige, ne sont guère pressés de voir apparaître, voire s’imposer, un projet concurrent du GPS états-unien. Ce système, intelligemment exploité par les pouvoirs publics français, national comme régionaux, pourrait s’avérer un véritable « allié » dans la mise en place d’une nouvelle organisation des territoires et de leurs liaisons. Mais, là encore, l’Europe n’a pas été très efficace et certains Etats n’ont pas joué le jeu de la coopération nécessaire
D’autre part, il me semblerait intéressant de jouer sur une politique tarifaire plus intéressante pour le transport par rail, en particulier dans les périodes de grands départs ; or, aujourd’hui, les prix de la SNCF sont souvent fort « dissuasifs » et, même, plus chers (parfois plus du double du prix pour un aller Paris-Nice !) que ceux de l’avion
Sans doute, l’élévation annoncée pour les semaines qui viennent des prix de l’essence rendra plus compétitifs les voyages en train, mais ce n’est qu’un pis aller provisoire.
Il y aurait une méthode aussi fort simple pour « alléger » les routes des grands départs, c’est de permettre aux salariés de partir en vacances au jour de la semaine de leur choix et de susciter la même flexibilité chez les loueurs de résidences estivales : cela éviterait plus sûrement les ruées sur les routes à date fixe et étalerait, au moins en partie, les départs vers les lieux de vacances ainsi que, logiquement et pour les mêmes raisons, les retours
L’aménagement du territoire est aussi lié à l’aménagement du temps. Si ce n’est pas à l’Etat de se mêler de tout, ce qui serait la pire des choses, il est de son devoir de donner l’impulsion à une véritable « politique des lieux et des temps » qui permette un partage équitable des espaces et le respect des « patrimoines », énergétiques comme humains. Encore faudrait-il inscrire cette politique dans un long terme que la République électorale ne me semble pas la plus appropriée à incarner
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