Nous approchons de l’ouverture officielle du « Grenelle de l’environnement » et les propositions (et les effets d’annonce
) se multiplient, parfois contradictoires ou provocatrices : ainsi, le ministre Jean-Louis Borloo a laissé entendre qu’un moratoire sur les OGM pourrait être décidé, voire une interdiction totale de ceux-ci sur le territoire français, à la grande joie des associations écologistes et à la tout aussi grande fureur des céréaliers de la FNSEA qui ont bousculé, en réaction, le ministre Michel Barnier, ancien commissaire européen aujourd’hui en charge de l’agriculture dans le gouvernement Fillon.
Mais la réaction la plus intéressante, la plus révélatrice et la plus inquiétante est venue de Bruxelles, comme le rapporte l’AFP dans une dépêche publiée par « Le Figaro » du samedi 22- dimanche 23 septembre : « La Commission a réaffirmé hier que la législation européenne n’autorisait pas un Etat ou une région à « geler » la culture d’organismes génétiquement modifiés (OGM), comme la possibilité en est évoquée en France. « Une interdiction générale n’est pas possible selon la juridiction européenne », a rappelé Barbara Helfferich, la porte-parole du commissaire à l’Environnement, Stavros Dimas. La Cour européenne de justice a confirmé le 13 septembre cette impossibilité de bannir la culture d’OGM en déboutant un recours de la province de Haute Autriche. En 2002, celle-ci avait décidé de bannir toute culture transgénique afin de protéger ses agriculteurs biologiques de toute contamination, une mesure jugée illégale par la Commission sur la base d’une législation européenne sur la dissémination d’OGM de 2001 ». Ainsi, la Commission européenne, au lieu d’appliquer intelligemment le « principe de précaution », préfère ne penser qu’en termes de libre-échange et d’intérêts économiques, y compris sans prendre en compte les réalités naturelles et biologiques, dont celle de la contamination, par la pollinisation, des champs cultivés par les plantes OGM. Or, sans vouloir s’effrayer gratuitement, les risques liés aux OGM ne sont pas encore vraiment connus ni vraiment appréciés, et, surtout, la mainmise des multinationales de l’agroalimentaire sur le vivant, par le biais des brevets sur les semences, laissent mal augurer de l’avenir même des productions agricoles qui seraient ainsi totalement dépendantes de ces géants économiques
Les procès faits au Canada par les « propriétaires » des OGM (Monsanto, en particulier) contre des agriculteurs dont les cultures, contaminées par des OGM d’exploitations voisines, étaient considérées comme « violant » le droit de la propriété de ces mêmes OGM, sont à cet égard fort révélateurs et inquiétants.
Le plus énervant est de constater que le « Grenelle de l’environnement » risque fort de n’avoir aucun sens si l’Union européenne, au nom de ses règlements et de sa philosophie libre-échangiste, en invalide toutes les mesures qui pourraient la gêner, y compris avant même qu’elles ne soient discutées. Ainsi, l’Union européenne que vantent certains écologistes risque bien d’être le tombeau de leurs espérances : mais il n’y a pas qu’en ce domaine que le Pouvoir technocratique et lointain mais omniprésent de la Commission européenne se fait pesant, voire « dictatorial ». Et ce Pouvoir, le Minotaure (comme l’évoquait Bertrand de Jouvenel), s’il se pare encore des attributs du Politique, semble de plus en plus n’être que le masque de l’Economique. Au risque d’une regrettable confusion des rôles et d’une inévitable perte du sens de ce que doit être le Politique.
Ce malhereux article n'ayant pas de commentaires, je vole à son secours ...
Une petite blague pour egayer ce blog ma foi bien sérieux (bien que les commentaires me fassent parfois bien rire) :
"Baba et Babi sont deux chèvres qui sont dans un bateau, Baba tombe à l'eau, que se passe-t-il ?"
Rédigé par : Zoubi | 30 septembre 2007 à 19:52