Quelques jours avant la visite d’Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie, un ministre du gouvernement algérien a tenu des propos fortement teintés d’antisémitisme dans le principal quotidien d’Alger : « Vous connaissez les origines du président français et ceux qui l’ont amené au pouvoir. Saviez-vous que les autorités israéliennes avaient mis en circulation un timbre à l’effigie de Sarkozy en pleine campagne électorale ? (…) Pourquoi Bernard Kouchner, une personnalité de gauche, a-t-il sauté le pas ? (…) C’était le résultat d’un mouvement qui reflète l’avis des véritables architectes de l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui a le monopole de l’industrie en France ». Plus grave encore, le chanteur Enrico Macias, qui devait accompagner le président Sarkozy a été obligé de renoncer à ce voyage devant l’opposition et les vitupérations de ce même personnage, ministre des anciens combattants algériens, Mohammed-Cherrif Abbas, qui dénonce la proximité de cœur du chanteur avec Israël… Le premier ministre algérien lui-même qui flatte, pour des raisons politiciennes, les islamistes, avait considéré (en 2000) que la venue de Macias, pourtant invité alors par le président Bouteflika, représenterait une « provocation ».
Evidemment, cette affaire illustre l’ambiguïté de l’Algérie contemporaine qui n’arrive pas à tourner la page des années 60 et qui se cherche des boucs émissaires pour expliquer la crise que ce pays, pourtant riche de son pétrole et de vastes terres agricoles, traverse depuis l’époque de l’indépendance : « la faute aux colonisateurs » et aux juifs, en somme, ce qui évite de faire sa propre autocritique là où elle pourrait être nécessaire…
Alors, que faire ? Bouder l’Algérie, la condamner, s’en écarter ? Cela ne résoudrait rien et ne ferait que renforcer un état d’esprit entretenu dans la société algérienne ; de plus, cela serait laisser un peu plus la place aux puissances qui ont pris le relais de la France dans cette partie du monde, les Etats-Unis en particulier et la Chine qui multiplie les initiatives vers un pays qui peut, par son pétrole, participer à son développement accéléré. Et puis, la France a tellement de liens (même s’ils peuvent parfois être tissés de souffrance…) avec l’Algérie qu’il serait vain et dangereux de les trancher à nouveau.
Cela étant, il n’y a pas d’amitié solide sans vérité et il est nécessaire pour la France de rappeler le droit pour ses citoyens, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions religieuses, de pouvoir être respectés par les autres Etats : cela n’empêche pas le débat, voire la polémique, mais cela ne doit pas permettre à l’Algérie d’interdire son territoire à nos concitoyens qui n’ont pas l’heur de plaire à certains extrémistes pour des raisons fort douteuses. De plus, Macias, originaire d’Algérie et qui reste un chanteur très populaire dans la population algérienne, me semblerait un bon symbole, au-delà de ce qu’il pense et des débats qu’il peut susciter par ailleurs, de la réconciliation véritable et complète de nos deux nations sans a priori ni rancune : le reste appartient à l’Histoire, mais il est des pages qu’il faut savoir tourner au risque, sinon, de connaître de nouveaux embrasements, et pas seulement sur le territoire algérien.
Notre concurrent important est l'Espagne. Juan-Carlos Ier avait fait l'an derrnier un voyage d'Etat en Algérie où on était allé au fond des choses. Le roi a pris fait et cause ensuite pour le Polisario après que celui-ci lui ait adressé une supplique comme s'il était le souverain du Sahara occidental, ce qui a défrisé le roi du Maroc qui s'avère être une potiche, lassée de plaisirs. Le coup de chasse-mouche fut la dernière visite royal à Ceuta et Melilla. Le gouvernement algérien a apprécié.
L'Algérie ne peut pas réécrire son histoire, sa légende, c'est le fer à béton dans les murs de l'Etat algérien. La vérité devra attendre. Dans certains domaines nous ne sommes pas mieux lotis en France question vérité vraie.
En attendant faisons des affaires, pas des sentiments.
Rédigé par : Catoneo | 06 décembre 2007 à 11:20