Au mois d’août 2007, un chalutier breton, le Sokalique, était coulé par un cargo battant pavillon (de complaisance) des îles Kiribati, cargo qui, à rebours des lois de la mer, prenait la fuite sans porter secours aux marins en péril. Arraisonné par la marine française, ce bateau pirate était ramené et immobilisé à Brest, mais son capitaine et deux de ses adjoints s’enfuyaient vers l’Azerbaïdjan au bout de quelques jours grâce à la complicité d’un Brestois (depuis « réfugié » en Inde…) et de l’ambassade d’Azerbaïdjan elle-même : un moyen d’échapper aux poursuites en France, tout comme le procès de ses marins indélicats annoncé pour le 28 mars en Azerbaïdjan, ce qui laisserait entendre que le procès prévu en France n’aura pas lieu…
De plus, l’affaire devient scandaleuse quand des délégués de l’armateur turc viennent proposer à la veuve du patron pêcheur une offre de 500 000 dollars pour qu’elle retire sa plainte, ces envoyés particuliers arguant du fait que le procès ne pourrait avoir lieu dans notre pays, contrairement à ce qu’avait promis le président Sarkozy. En fait, il y a des enjeux financiers et politiques qui peuvent expliquer que les autorités azerbaïdjanaises et les armateurs turcs ne veuillent pas de procès en France : financiers car les Turcs avouent que le système des pavillons de complaisance « ne leur en coûte que 5 000 dollars par an », comme le rapporte « Le Parisien » dans son édition du mercredi 23 janvier dernier. En somme, peu importe la vie des hommes quand de gros intérêts financiers sont en jeu, et il s’agit là pour les armateurs turcs de pouvoir continuer à naviguer à moindre frais, ce qui explique toute l’importance qu’il accorde à la récupération de leur navire immobilisé : 500 000 dollars n’est pas grand chose, semble-t-il, par rapport à ce que peut encore rapporter le cargo…
En versant cette somme à la veuve du capitaine breton décédé, les délégués de l’armateur espéraient bien « éteindre » toute poursuite à leur encontre, croyant sans doute que l’argent peut tout, et que tout, même la douleur et la justice, s’achète : le refus de cette femme courageuse est la preuve que l’honneur est encore une valeur qui peut résister à l’infamie et à l’envie. Une belle leçon à méditer…
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