La révolte lycéenne de ce printemps a quelques raisons d’être : la politique purement comptable du Ministère et de M. Darcos est peu défendable quand elle méconnaît les réalités de l’enseignement dans notre pays et ses spécificités qui, pour ne pas être toutes heureuses, ne méritent pas tant d’indignité… Ainsi, de nombreuses suppressions d’heures de cours distribuées aux établissements et de postes de professeurs, qui seraient légitimées par la baisse démographique des effectifs d’élèves, s’avèrent dangereuses pour la qualité même de l’enseignement : en effet, cela se marque par l’augmentation des effectifs au sein des classes elles-mêmes dans les cours de langue, par exemple, ce qui n’est guère profitable aux élèves et rend leur participation moins fréquente et, parfois, plus difficile. Mais d’autre part, dans les zones déjà en difficulté de par l’environnement social et l’ambiance générale, diminuer le nombre de professeurs et d’adjoints d’éducation (les surveillants) revient à affaiblir leur poids et leur crédibilité au moment même où il faudrait pouvoir mobiliser de nouvelles forces pour éviter les dérives et les naufrages.
Cela étant, la logique comptable n’est pas que l’apanage d’une administration de l’éducation nationale affolée par la réduction de ses marges de manœuvre budgétaires, et les manifestants qui rétorquent au ministre par la simple demande du maintien, voire de l’augmentation, du nombre d’enseignants se contentent d’une analyse qui, en définitive, ne prend pas assez en compte les évolutions du métier et les possibilités de « travailler autrement », mais aussi leur propre responsabilité dans la situation actuelle : en effet, ce n’est pas seulement le nombre d’élèves par classe qui détermine la qualité de celle-ci mais l’attitude de ceux-ci, leur bonne volonté et leur aptitude au travail et à la concentration. Faire classe à 36 en cours d’histoire au lycée Hoche de Versailles ne pose pas de problème particulier, ne serait-ce que de discipline, et les résultats, souvent très satisfaisants, ne varieraient pas beaucoup si le nombre d’élèves augmentait encore de quelques unités : par contre le travail des professeurs s’en trouverait surchargé par les copies de ces élèves supplémentaires, sans pour autant toucher un salaire supérieur... Dans une situation présente délicate qui voit le pouvoir d’achat des enseignants poursuivre une glissade entamée il y a déjà presque vingt ans, il y a fort à parier que la grogne serait d’autant plus vive devant ce travail obligatoire supplémentaire et pas toujours gratifiant et qui, de plus, donnerait l’impression de faire des économies sur le dos d’enseignants déjà de plus en plus sollicités pour des tâches administratives mais non rétribuées.
En fait, il n’est pas certain que le « pire » soit derrière nous : des rumeurs insistantes évoquent la volonté du Ministère de M. Darcos de remettre à plat les programmes, ce qui en soit n’aurait rien de choquant si cela n’était l’occasion de diminuer les horaires de cours et donc, logiquement, de la quantité de connaissances à posséder et, par conséquence, de la qualité de cet enseignement, au nom d’impératifs d’efficacité économique qui n’auraient pas forcément grand-chose à voir avec la mission culturelle qui est aussi l’une des tâches de l’école française. D’autre part, cela reviendrait à confier plus de classes à chaque professeur (donc plus de préparations et, surtout, plus de corrections…) sans pour autant les payer plus : si le bénéfice tiré par le Budget est certain, celui des professeurs comme des élèves n’est pas exactement avéré ! Il est facile de comprendre les craintes des enseignants devant ces perspectives peu engageantes.
Cela étant, la révolte lycéenne actuelle prend aujourd’hui un tour fort démagogique, en avançant des slogans surréalistes ou, plus exactement, décalés par rapport aux enjeux actuels de l’enseignement français et aux nécessités contemporaines : il est d’ailleurs frappant de constater la pauvreté des slogans et des propositions des manifestants, comme si l’imagination (au sens positif et constructif du terme) avait décidé, elle aussi, de faire grève. C’est dommage, d’autant plus que la critique n’a véritablement de sens et de poids utile que si elle s’accompagne d’un effort de recherche et de fondation (ou simplement de mise en avant) qui lui confère alors une légitimité d’alternative. De plus, au regard de l’attitude de certains manifestants (j’insiste sur le « certains »), il peut apparaître fort hypocrite de sembler défendre les professeurs quand, déjà, on ne respecte pas ceux qui sont actuellement en place : de multiples exemples récents montrent que les professeurs sont en butte à l’hostilité, voire l’agressivité, de nombreux élèves qui, pourtant, en demandent officiellement plus… dans la rue.
Alors, que faire ? Doit-on se contenter de « compter les coups » en attendant les grandes vacances ? Il est évident que cette attitude du « chien crevé au fil de l’eau » n’est guère honorable et qu’il faut savoir agir et réagir. Devant l’incapacité de la République à sortir de la logique comptable et de son rousseauisme mal assumé, il paraît nécessaire de repenser l’école, ses missions et ses moyens : si elle doit connaître les conditions et les aspects du monde contemporain, elle ne doit pas en accepter les seules motivations économiques et consuméristes. Quant au rôle des enseignants, il n’est pas d’alimenter les peurs d’une jeunesse déjà inquiète et nerveuse, mais d’engager une véritable réflexion, sans tabou ni préjugés, sur sa propre fonction et les modalités de celle-ci, d’accepter des remises en cause qui soient aussi des remises en ordre, de donner l’exemple du service et du devoir en prenant de plus en plus en main les destinées de ses établissements par une meilleure intégration et participation dans les pôles de décision de ceux-ci. De plus, l’autonomie qui se met en place progressivement peut aussi être l’occasion d’ouvrir les établissements scolaires à un véritable plurifinancement et au « mécénat éducatif » qui permettent le développement de projets et d’activités scolaires, aujourd’hui fort réduites faute de crédits et de soutien ministériel. « Les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent », affirmait Maurras : c’est le moment de le rappeler, aux élèves comme aux professeurs. Puisque la République abandonne « son » école, le champ se libère pour d’autres perspectives politiques.
Ce texte n'a rien à faire ci je vous écris là car je ne savais comment vous joindre. L'Europe s'éffondre et les financiers déboulent avec leurs propositions de transformer l'europe en térritoire militaro financier. Je ne veux pas de guerre pour les générations à venir c'est pour ça que je suis là et vous demande de faire passer cette appel.
( Vous pouvez le réduire si vous le touvez long mais lisez le svp. )
Proposition pour des Manifestations Obstinées Contre le Régime Illégitime Européen (MOCRIE), par Étienne Chouard
Chers amis,
Toujours plongé dans ma réflexion contre les abus de pouvoirs caractérisés que sont, à mon avis, tous les « traités constitutionnels », je voudrais vous décrire une nouvelle idée pour essayer de résister au sabordage de la démocratie par nos propres « représentants ».
1) Les indicateurs alarmants sont nombreux qui devraient nous inciter à contrôler tous les pouvoirs à tout moment :
Parmi les indicateurs alarmants, on peut citer le crash financier majeur imminent, la dérive policière des "démocraties" prétendument "libérales" dans lesquelles même la torture — pratiquée sur des citoyens incarcérés sans procès et sans défense — est autorisée et même encouragée au prétexte de "lutte contre le terrorisme", l’usage massif d’armes nucléaires (des milliers de tonnes de munitions à l’uranium) dans des pays écrasés par des guerres contre d’insaisissables "terroristes", guerres déclenchées sans que les peuples puissent l’interdire, la prolifération exponentielle des OGM sans moyen de résister, le sabordage des services publics au prétexte d’une dette fabriquée de toutes pièces par l’abandon de la création monétaire aux banques privées, dette publique qui rend les prêteurs privés maîtres des principales décisions publiques, l’abandon des peuples par leurs propres représentants — politiciens de métiers qui doivent trop leur pouvoir aux puissances financières —, les mécanismes de dérégulation à cliquet (à petits pas irréversibles) qui dépouillent progressivement les États de leur droit d’interdire le plus élémentaire (liberté de mouvement des capitaux imposée par traité, AGCS négocié en secret, etc.), jusqu’aux constitutions ! écrites désormais directement par les présidents et leurs ministres et imposées sans référendum !
La coupe est pleine et ça urge ! Il est temps que les citoyens reprennent le contrôle de leurs représentants.
Pourtant, les militants de tous bords semblent mener leurs luttes sociales sans se préoccuper du tout de la Constitution : ils luttent vaillamment sans prêter attention aux fers que nous portons tous aux mains et aux pieds et qui nous contraignent au plus haut niveau du droit.
Il me semble que toutes nos luttes sociales sont vouées à rester de simples gesticulations sans effets durables tant que des verrous institutionnels privent les citoyens du contrôle des pouvoirs institués.
L’apparente indifférence des militants sur ce point décisif m’étonne d’autant plus que ces verrous, déjà redoutables dans les droits nationaux, sont terriblement renforcés, pérennisés, par les institutions européennes.
Ainsi, nous avons urgemment besoin du référendum d’initiative citoyenne (RIC) que nous garantiraient assurément d’honnêtes institutions. Et ce droit élémentaire, les politiciens de métier ne nous le donneront jamais, pour la raison simple que ce droit citoyen irait directement contre leur intérêt personnel en les privant d’une partie de leur pouvoir. C’est pourquoi je dis haut et fort que ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ; ce n’est ni aux parlementaires ni aux ministres ni aux juges d’écrire ou de réviser la Constitution.
D’où cette idée, qui me semble doublement originale :
2) Nous devrions nous concentrer sur l’essentiel : l’honnêteté du processus constituant :
Il faudrait prioritairement protester contre l’essentiel et, comme je viens de le suggérer, il me semble que la source majeure de nos impuissances est l’illégitimité fondamentale des pouvoirs de l’Union européenne, conçue et imposée par des exécutifs qui sont évidemment juges et partie dans un processus constituant : ils s’écrivent des règles pour eux-mêmes et ça se voit partout.
Cette partialité au plus haut niveau du droit est extrêmement dangereuse pour les libertés et on peut le constater concrètement : ce qui est programmé grâce à l’UE, c’est l’impuissance politique des citoyens face au chômage, aux bas salaires, à la violence économique et bientôt à la guerre, et l’absence de contrôle public des pouvoirs dans les domaines qui comptent le plus pour les industriels et les banquiers : marché intérieur, concurrence, liberté de mouvement des capitaux, droit fiscal et droit social, notamment.
Alors qu’une Assemblée constituante désintéressée programmerait sans doute un véritable référendum d’initiative citoyenne (RIC), rouage central du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui nous permettrait enfin, par exemple, d’interdire nous-mêmes, rapidement et sans difficulté, à la fois les paradis fiscaux, les OGM en plein champ, les armes à l’uranium "appauvri", la privatisation des services publics, le cumul des mandats, la libre circulation des capitaux, l’abandon de la création monétaire aux banques privées, et bien d’autres fléaux dont, manifestement, les politiciens de métier s’accommodent fort bien malgré les souffrances des citoyens.
La première originalité de l’idée que je vous propose serait donc de se concentrer très prioritairement sur la source même de nos problèmes, c’est-à-dire le processus constituant : il s’agirait de lutter contre le régime illégitime européen.
3) Une autre originalité consiste à multiplier les micro-résistances et à protester toutes les semaines, le même jour et à la même heure, partout en Europe, par petits groupes au début mais tout le temps et partout :
Ensuite, deuxième originalité, plutôt que de faire une grande manif une fois tous les six mois ou tous les ans, et puis plus rien jusqu’à la prochaine, avec une frustration générale de ne rien pouvoir faire au quotidien, je propose de nous inspirer de l’exemple des Allemands de l’est et de leur idée, qui a très bien marché en 1989 (avec la chute du mur de Berlin), et qui s’appelait « les manifestations du lundi » :
Nous organiserions, modestement mais vaillamment, plein de petites manifestations, un peu partout, dans tous les quartiers et villages d’Europe, le même jour à la même heure, toutes les semaines : je propose le mercredi à 18 ou 19 h, mais il faut en parler entre nous, on fait ce qu’on veut :o)
Ce serait un rendez-vous régulier, facile à mémoriser et à rejoindre par les nouveaux mécontents ou les nouveaux courageux, à fréquenter sans peine puisque tout près de chez nous, et permettant d’être nombreux même en n’étant que 5 ou 10 personnes au même endroit puisque réunis un peu partout en Europe au même moment, avec un site central et un forum par manif pour faire connaître les initiatives et les infos utiles.
Ce serait surtout le spectacle permanent d’un mécontentent général et persistant, mécontentement opiniâtre et obstiné, pas résigné du tout, prêt à se cristalliser bientôt.
Ce serait des Manifestations Obstinées Contre Le Régime Illégitime Européen (MOCRIE), régime imposé aux peuples européens par voie de traités, sans Assemblée constituante ni Référendum.
Nota : pour permettre la cohabitation pacifique de tous les résistants, je recommande de s’interdire tout étendard ou drapeau partisan dans ces MOCRIEs : à l’évidence, le clivage « gauche droite » nous divise et nous affaiblit. Ce mouvement citoyen devrait se concentrer sur l’essentiel : rendre le contrôle des pouvoirs publics aux personnes physiques.
Il semble que des initiatives soient en train de naître dans le même esprit un peu partout en Europe.
Il y en a déjà cinq qui sont apparues en France en quelques heures (voir le blog) : ainsi, tous les mercredis à 18h, à partir du 16 avril, il y aura une petite MOCRIE à Trets, sur la place de la Mairie, une autre MOCRIE à Lyon, place de la République, une troisième MOCRIE à Montpellier, une autre MOCRIE à Rennes, place de la Mairie, et encore une à Nantes (44000) devant le château de la Duchesse Anne…
Vous aussi, n’hésitez pas à créer votre propre petite MOCRIE,
tout près de chez vous, simplement.
Puis, venez nous en avertir ici :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2008/04/08/93-pour-des-manifestations-populaires-obstinees-mpo
Si l’idée vous plaît, j’ai besoin de vous, évidemment, pour la faire connaître entre simples citoyens et pour organiser les outils qui nous permettront de communiquer entre nous. Je vais créer un site qui centralise les infos et qui offre notamment un forum par MOCRIE, de façon à permettre aux participants de communiquer.
On verra si cette graine d’idée est assez simple et assez forte pour survivre dans la tourmente que vit en ce moment l’idéal démocratique.
Amicalement.
Étienne.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Rédigé par : charlotte | 14 avril 2008 à 16:10