La France va bientôt présider l’Union européenne pour six mois, et cela peut être l’occasion pour notre pays de retrouver du crédit près de nos partenaires et, plus largement, sur la scène internationale : encore faut-il que cette présidence ne soit pas gâchée par l’absence de vision à long terme qui semble actuellement être l’apanage de la diplomatie française, ou par les vaines rodomontades d’un président plus obnubilé par son image que par le service de l’Etat.
Et pourtant ! Notre pays a encore tant à dire, et tant à faire : il n’en est que plus rageant de le voir ainsi naviguer sans cap certain.
Les dossiers sur lesquels la France aurait possibilité d’agir pour faire avancer les projets en Europe sont multiples : l’agriculture et ses adaptations nécessaires aux nouvelles réalités contemporaines, aux défis alimentaires et environnementaux, aux attentes de qualité et de « naturel » des consommateurs, etc. ; l’écologie et la création de « trames bleues et vertes » dans le cadre de l’Union européenne, susceptibles de permettre la reproduction des espèces animales, terrestres ou marines, actuellement menacées ; les transports et les réseaux transnationaux, le ferroutage et les plateformes multimodales, etc.
Mais, à moins d’un mois de la présidence française, ce qui frappe l’observateur, c’est l’absence de paroles fortes et de propositions concrètes en ces domaines de la part de la France : comme si notre pays se contentait de quelques discours généraux et n’osait pas aborder les sujets qui fâchent ou ceux sur lesquels il faudrait s’engager durablement. De plus, il est vrai que la Commission européenne ne fait rien pour détendre l’atmosphère et motiver la France, menaçant constamment de condamner notre pays pour son non-respect des critères de Maëstricht sur la question des déficits budgétaires : cela agace et augure mal de la suite des événements, car on imagine l’impact négatif d’une condamnation européenne de la France au moment même où celle-ci assumerait la direction de l’UE… Cela risque de desservir l’Union européenne encore plus sûrement que la France qui, en définitive, ne croit plus vraiment que l’UE soit autre chose qu’une « superstructure » administrative et technocratique, et un vaste marché aux limites de plus en plus imprécises et de moins en moins historiques et politiques.
Décidément, à bien y regarder, la République, comme le signalait déjà dans un de ses romans Anatole France, n’a pas vraiment de politique étrangère crédible : malgré « l’intermède gaullien », ce demi-siècle qui a duré jusqu’à M. Chirac (avec des hauts et des bas, certes) et reprenait la tradition géopolitique capétienne, cette critique francienne est malheureusement redevenue d’actualité. En paraphrasant Maurras, on pourrait affirmer, sans crainte d’être contredit : « Tant vaut l’Etat, tant vaut sa diplomatie ». A l’heure où l’Europe a tant besoin de la France, quel dommage que celle-ci soit en République…
Il est tout à fait normal que le squatter de l'Elysée n'est de politique étrangère, puisqu'il est européiste et la laisse à l'UE tout comme il fait pour l'armée.
Rédigé par : Partisan Blanc | 10 juin 2008 à 10:24