41.300 chômeurs de plus au mois d’août en France… La nouvelle n’est pas bonne mais de plus, croisée avec d’autres informations, elle montre quelques unes des contradictions (et hypocrisies) du système capitaliste quand celui-ci n’est plus dirigé que par les lois de la libre concurrence et du profit individualisé, de la loi injuste de la « main invisible » du Marché… En effet, certains analystes économiques nous expliquaient il y a encore un mois que la France devait faire appel à plusieurs centaines de milliers de travailleurs étrangers pour répondre à ses besoins : ce langage risque d’avoir plus de mal à passer dans les mois qui viennent, pour des raisons assez évidentes… En fait, ce propos n’est pas entièrement faux mais seulement si l’on continue dans cette politique absurde de l’éducation et de l’emploi qui discrédite, par un discours démagogique, le travail manuel et les métiers rudes et pénibles dont, sans doute, aucune société ne peut se passer : il y aura toujours besoin de plombiers, de maçons, de serveurs, de cuisiniers, de balayeurs, etc., métiers qui n’ont rien de désobligeants mais qui, dans notre société repue et clinquante, apparaissent à tort comme dégradants ou, plus simplement, peu valorisants.
Dans une société où l’on met en avant l’argent facile et le moindre effort, les jeunes générations ne sont guère incitées, ni motivées, pour se lancer dans ces professions qui, régulièrement, se plaignent de ne pas trouver suffisamment de bras : d’où la « nécessité » d’en appeler à des populations immigrées, moins revendicatrices sur le plan des salaires et des conditions de travail. Jean-François Kahn faisait remarquer, il y a déjà quelques années, que cela avait permis (dans les décennies précédentes et jusqu’à nos jours) aux employeurs de ne pas augmenter les salaires et de les maintenir à un niveau anormalement bas au regard de la pénibilité du travail concerné et de la progression générale des prix : cynisme d’un certain patronat oublieux de ses devoirs sociaux et juste désireux d’augmenter ses profits à moindres frais…
Pendant ce temps, l’école semble ne plus répondre aux besoins de la société et ne plus offrir à de larges parts de nos jeunes générations de débouchés : de moins en moins d’apprentis, de plus en plus de diplômés sans véritable formation, incapables de trouver une place professionnelle qui corresponde à leurs souhaits ou, pire, à leurs compétences et aptitudes. De plus en plus de ressentiments qui s’accumulent, de gâchis sociaux…
Il va bien falloir, d’ici peu, poser les vrais problèmes sur la table et ne plus se contenter de discours lénifiants et démagogiques : et avancer de vraies propositions, qui devront prendre en compte autant les nécessités sociales qu’environnementales, autant l’aménagement du territoire (aujourd’hui trop négligé au nom de la « rentabilité » baptisée injustement « efficacité ») que la refonte des établissements scolaires et universitaires, etc.
J’ai, sur ce blogue, au fil des années, évoqué quelques solutions, qui ne sont pas exhaustives mais qui méritent sans doute d’être approfondies, complétées, éventuellement amendées : car on ne peut valablement critiquer un système que si l’on propose de quoi le remplacer…
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