Le travail politique s’accumule sur mon bureau et dans mon ordinateur : article à faire sur « L’Action Française et la Révolution française » ; notes d’actualité pour mon blogue et les quelques blogues militants amis auxquels je participe ; relecture des brochures destinées à la diffusion sur la Toile et sur papier, et publiées sous l’égide des Camelots du Roi ; maquettes de papillons royalistes sur le scandale Tapie ou sur l’agriculture ; etc. Pas le temps de m’ennuyer ! En fait, même si cela peut être étonnant pour certains, j’adore ce travail militant parfois ingrat mais nécessaire pour faire connaître les idées monarchistes et conquérir, autant que faire se peut, de nouvelles intelligences, de nouvelles énergies… Le royalisme n’est pas un chemin facile mais l’espérance est un bon guide et un soutien fidèle, et la phrase du président des Etats-Unis Franklin Delano Roosevelt (ou Kennedy ? J’ai un doute…) expliquant que ce qui compte ce n’est pas ce que le pays peut faire pour nous mais ce que nous pouvons faire pour lui résume bien mon état d’esprit : servir et non « se » servir, en somme. Reconnaître que nous sommes des héritiers et que nous avons à préserver, mais aussi à entretenir, à faire vivre et prospérer ce patrimoine que ceux qui nous ont précédés nous ont légué : cette France qui, au-delà des politiciens et d’une République oligarchique, sans doute ploutocratique, reste notre trésor intime, cette formidable diversité à l’ombre tutélaire du trône de l’Etat millénaire, cette histoire à nulle autre pareille, faite de déchirements et de dévouements, d’éclats et de secrets, de beauté et de passion, de joies et de peines…
Bien sûr, il y a cette douleur au fond de moi lorsque je vois ce qu’en fait la République, cette coalition des oligarques qui s’empiffrent au buffet des vanités et oublient leurs devoirs de Français, parlent de grande Europe pour mieux cacher leur petitesse et leur lâche abandon, se soulagent du poids de l’Histoire en se réfugiant derrière des grands mots et de petites pensées : prêts pour toutes les trahisons, tous ces renoncements qu’ils nomment « réalisme économique » (sic !) ou « modernisation » (re-sic !), ils ne pensent qu’aux deniers qu’ils recevront pour remerciement de leur servilité intellectuelle…
Georges Bernanos, ce royaliste intraitable, « notre capitaine » comme l’appelait affectueusement Sébastien Lapaque (auteur de deux livres sur Bernanos qu’il faut lire absolument), écrivait avec sa colère contre « les imbéciles », avec cet amour de la France chevillé au corps et au cœur qui, du coup, l’empêchait de désespérer finalement : « L’espérance c’est le désespoir surmonté ».
De toute façon, il n’est pas possible de désespérer de la France : elle est cette belle au bois dormant qu’il s’agit de réveiller, « la République au roi dormant », selon la surprenante et heureuse formule de Bertrand Renouvin… Il ne s’agit pas seulement de lui parler d’amour : il faut l’aimer, passionnément !
L'amour de la France ne passe aucunement plus par la monarchie que par la République, bien au contraire, cette dernière étant bien plus représentative des valeurs aujourd'hui chères aux français.
Certes, nos dirigeants sont aujourd'hui des "nouveaux riches", insatiables de pouvoir, passant leur temps sur leurs yachts ou à se tirer dans les pattes.
Ceci étant, ce n'est pas parce que notre système apparait sclérosé qu'il est dépassé. Repenser la République ne passe pas par la monarchie. Ce serait tellement ridicule, je ne vois même pas comment un "roi" pourrait accéder au pouvoir, à moins de SE servir d'un malaise ambiant, en faisant une révolution, (OMG une révolution !!!), pour finalement se transformer en dictature.
Bref, arrêtons de vivre dans le passé, étudions le pour ne pas reproduire ses erreurs, au lieu de vouloir bêtement l'imiter, dans une société radicalement différente de celle qui subissait les rois.
Belle occupation de w-e, que cependant vous faites déteindre sur vos élèves en crachant sur l'Europe etc : en parlant avec un de vos anciens élèves (peut-être toujours) il me dit bien gentiment "Je ne suis pas pour cette Europe", reconnaissant votre marque de fabrique, il n'a aucun argument à apporter pour sa défense. Alors, votre rôle de "défenseur de l'héritage" serait-il finalement celui de conquérir de nouveaux naïfs, avec des grands mots et en lançant des craies ?
Mon amour de la France ne prévaudrait-il pas, l'avenir de la France me concernant légèrement plus que vous...
PS: OMG vous avez cité un président américain, vous êtes comme Koons, à se légitimer en se référant à plus prestigieux ?
PPS: OMG signfie "Oh My God !", vous vous doutez bien que c'est ironique, comme si dieu y pouvait quelque chose...
Rédigé par : Zoubi | 20 septembre 2008 à 16:19
La phrase est de Kennedy. Elle est exactement: Ne demandez pas ce que le pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays.»
Voir l'interview de Schlesinger:
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/histoire/kennedy-avait-le-sens-de-l-histoire_494594.html
Rédigé par : larouman | 21 septembre 2008 à 10:52
@ Zoubi : non, la monarchie ce n'est pas la république, et la république, cinquième du nom, n'en a été qu'un simulacre, malgré toute la bonne volonté d'un de Gaulle. Non, ce n'est pas la même chose et c'est aussi pour cela qu'il me semble nécessaire, non pas seulement de repenser la république, mais de repenser les institutions, au-delà de la république, voire contre ce qu'elle est, qui explique largement ce qu'elle est devenue...
La monarchie n'a rien de ridicule et, même si elle apparaît lointaine, elle reste, fondamentalement, essentiellement, politiquement nécessaire : l'arbitrage royal est le seul qui, après moult expériences, paraît susceptible de dépasser les divisions politiciennes sans pour autant renier les mémoires différentes, souvent conflictuelles de notre pays. Sans doute l'exemple espagnol, avec ses particularités propres, est-il un bon exemple de ce que peut faire, concrètement, une monarchie royale au sortir d'un déchirement de plusieurs décennies, d'une guerre civile et d'une dictature. Si le roi avait été un partisan, c'est-à-dire s'il avait joué "le jeu de la république", l'Espagne aurait-elle pu avancer au coeur même de l'Europe et de son histoire ? J'en doute...
Quant au moyen de "faire la monarchie", j'ai toujours dit, et je le répète ici, que "la politique du pire c'est la pire des politiques" : mais la politique c'est aussi l'art d'exploiter les occasions et, si la république est en crise (et elle l'est, visiblement...; au moins en crise de confiance !), il serait impolitique de ne pas viser à la remplacer par cette monarchie qui, sans être "miraculeuse", a la possibilité de dénouer la crise institutionnellement et de rendre à la France ses possibilités d'action que l'UE lui ôte peu à peu.
Là encore, ce n'est pas une illusion que cette dépossession des pouvoirs à laquelle procède l'UE au détriment des pouvoirs nationaux et démocratiques... L'éloignement des institutions et des politiques de l'UE à l'égard des citoyens à qui, d'ailleurs, on évite de demander concrètement leur avis en arguant que ces citoyens ne sont pas capables de comprendre le texte d'une constitution qu'il leur faudra pourtant bien respecter et appliquer. Cette attitude constante de l'UE qui, de plus, ne supporte pas la contrariété (cf les réactions en 2005 aux "non" français et hollandais, celles de 2008 au "non" irlandais), peuvent alerter sur les risques d'une "Europe" qui n'a pas la force (en fait, pas la volonté...) d'être libre, au sens politique du terme.
Si je combats cette Europe-là, ce n'est pas par nihilisme et je n'ai pas la prétention de croire que mon amour de la France est plus fort que le vôtre. Ce qui est certain c'est que cette Europe-là n'est pas le meilleur moyen de faire vivre et prospérer la France : la conception gaullienne, inspirée de la tradition capétienne, cherchait à faire de l'Europe un ensemble politique confédéral, une "Europe des Etats" susceptible de peser sur l'histoire et de s'interposer entre les empires possibles, une Europe qui aille de Brest à Vladivostok...
Vous comprendrez donc que l'UE n'a rien qui puisse m'attirer et qu'elle me semble le symbole du renoncement du politique devant l'économique, de ce triomphe de l'Argent que je ne cesse de combattre en prônant le partage, l'amour du prochain et de la cité qui lui permet d'être, au plan politique et des libertés de l'esprit, la liberté et la souveraineté de la France...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 21 septembre 2008 à 23:33
Dialogue de sourds, cependant je n'ai pas discuté votre vision de l'Europe, mais votre manière de déteindre sur les élèves.
Ce qui me dépasse réellement, c'est votre façon de voir la monarchie comme la panacée. Naïveté ? Utopie ? Vous lâchez la proie pour l'ombre, enfin bon, ce sont les combats perdus d'avance qui sont les plus beaux ...
Rédigé par : Zoubi | 23 septembre 2008 à 22:02
Non, je ne crois pas qu'il s'agisse d'un dialogue de sourds et j'aime bien la discussion, même si le boulot ne m'en laisse pas toujours le loisir...
A propos de "déteindre" sur les élèves, ce n'est pas forcément un mal s'ils deviennent curieux et s'intéressent à la politique et aux problèmes institutionnels, géopolitiques, écologiques, culturels, etc. Mon but est d'ouvrir les esprits et de permettre aux uns et aux autres de se forger une opinion, qui n'est pas forcément la mienne, par leur propre curiosité, réflexion, etc. D'où mes conseils de lecture fort variés, comme on peut le constater sur les feuilles que je remets en début d'année aux élèves de Première : Orwell, Jünger, Huxley, Jack London (marxiste états-unien et fabuleux écrivain), de Gaulle, Zola, et "évidemment", Bernanos, Bainville, etc.
Quant à la monarchie, je vous rassure : je n'ai pas la naïveté d'en faire une panacée, car je ne suis pas un charlatan de la monarchie comme il y a des charlatans de "leur" république (cf promesses électorales, en particulier celles de l'actuel locataire de l'Elysée). Je raisonne simplement en politique en cherchant le "moyen institutionnel" de gouverner le pays dans un monde en pleine mutation et globalisation : or, il me paraît important de disposer d'un Etat à la fois fort face aux groupes de pression partisans ou économiques, et souple à l'égard des corps intermédiaires et des citoyens. La monarchie n'est pas "la" solution-miracle et ne se présente pas comme telle, mais elle est, comme l'écrivait Thierry Maulnier, le "miracle permanent de l'ordre et des libertés, de l'unité et de la pluralité", de par son principe de transmission héréditaire : la naissance est, de plus en plus, au regard des enjeux politiques, le seul moyen d'éviter "l'achat du Pouvoir", et ce n'est pas négligeable.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 23 septembre 2008 à 23:22