Le Parti socialiste est en congrès et en plein psychodrame : Royal ou pas ? Alliance avec le Modem ou non ? Petits meurtres entre amis et coups bas, déclarations guerrières et raccommodages de façade, noms d’oiseaux et grands discours, etc. : un régal pour ceux qui aiment les histoires façon « Dallas »…
Pendant ce temps-là, la crise continue et les Français restent prudents quant à l’avenir, inquiets et souvent désabusés, voire démobilisés : je crains que notre actuelle société de consommation, pourtant fort critiquée en temps de difficultés, soit encore capable de quelques tours pour échapper au jugement et à la remise en cause pourtant nécessaire. Ainsi, à l’approche de Noël, malgré une certaine « discrétion » nouvelle (moins de prospectus dans ma boîte aux lettres : juste un détail mais peut-être un signe…) ou un moins grand battage publicitaire (sans doute liée aux circonstances et aux craintes commerciales de colères sociales), les grandes surfaces mettent en avant quelques produits phares, créant sciemment un nouveau « besoin » pour alimenter le processus « Consommer pour produire », celui-là même qui s’avère un piège, autant pour la planète que pour les sociétés.
Ainsi, le « blu-ray », destiné, nous explique-t-on, à remplacer le DVD, 14 ans après la naissance d’icelui, qui avait lui-même remplacé le magnétoscope : un produit chasse l’autre, et le cycle de cette consommation effrénée continue, poussant les plus faibles à l’endettement avec la complicité d’organismes de crédit qui, eux, pour le coup, ne cessent d’inonder les boîtes aux lettres (y compris électroniques) d’offres alléchantes, tentatrices et, en somme, dangereuses par ses conséquences sociales.
Cette promotion d’un nouveau produit qui, en définitive, ne s’impose que par le besoin que la publicité en crée et par la dévalorisation du précédent devenu « archaïque »et l’abandon progressif de sa production, tant pour le produit que pour ses accessoires (l’arrêt de la fabrication de cassettes de films puis demain celle de DVD, considérés comme obsolètes, entraîne évidemment un transfert des clientèles vers les nouvelles technologies), appartient à la logique consumériste, mais elle a des conséquences qu’il ne faut pas négliger : d’abord un immense gaspillage, puisque les accessoires des techniques d’hier ne trouvent plus leurs raisons d’être et deviennent parfois purement et simplement inutiles car inutilisables (essayez donc de glisser une cassette dans un lecteur DVD…) ; ensuite l’aggravation de l’endettement des ménages qui, sous la pression insistante des plus jeunes (les meilleurs vecteurs de la consommation car principales cibles de la publicité tentatrice), cèdent à ce qu’ils revendiquent alors comme le fait de ne pas être « marginalisés » dans une société de la communication et des loisirs toujours plus prégnante…
Cette logique me navre d’autant plus qu’elle se déploie dans une société qui a fortement individualisé le rapport à la consommation, au risque de l’enfermement des uns chez les uns et des autres chez les autres, en oubliant le plus souvent les valeurs de partage et de communauté : les rares moments où les téléspectateurs sortent de chez eux et se retrouvent de manière festive, comme cela se faisait jadis dans les années 50 autour du seul poste de télévision qu’il y avait au village, généralement au café-restaurant, ce sont quelques rencontres de balle-au-pied fortement symboliques comme la coupe du monde, par exemple…
La crise actuelle, pourtant, devrait inciter à réfléchir à de nouveaux modes de sociabilité et à de nouveaux rapports à la consommation : or, cela reste encore assez marginal, malgré quelques efforts et initiatives, et malgré les mutations qui commencent, encore discrètement mais sûrement, à s’opérer dans les mentalités.
Sans doute est-il trop tôt pour savoir, aujourd’hui, quelle direction va prendre notre société au milieu de la tempête qui s’annonce à travers les turbulences de la Finance : mais il faut, dès maintenant, changer de cap et renoncer à cette parousie consumériste, illusion dangereuse d’une humanité déshumanisée et artificielle qui ne vaudrait que par ce qu’elle consomme…
Retrouver mais aussi refonder les valeurs qui font que l’homme n’est pas qu’un simple consommateur, mais aussi un être sensible, pensant et social, avec ou sans « blu-ray »…
Vous vous appuyez sur le blu-ray, pour le besoin de votre démonstration, mais c'est pas plus mal de savoir de quoi on parle.
Rédigé par : Zoubi | 16 novembre 2008 à 11:03
Tout à fait, et je me suis renseigné sur ce fameux blu-ray... Mais ce n'était qu'un exemple, bien sûr, pour montrer que cette société de consommation se nourrit d'elle-même, en se moquant des conséquences que cela peut avoir sur le plan social comme sur le plan environnemental. (cf l'énergie, les matériaux, l'eau... nécessaires pour la fabrication de ce produit : révélateur, et pas vraiment écologique...)
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 16 novembre 2008 à 11:16
Bonjour M. Chauvin !
Un petit coucou du pays des moutons et de la pluie !
Comme vous le savez sans doute j'ai un petit faible pour tout ce qui gravite autour de la planète ciné. J'ai donc quelques commentaires par rapport à votre article, qui remettent en cause la pertinence de l'exemple du Blu-Ray mais pas de votre propos général.
Contrairement au passage cassette vidéo/DVD, le passage DVD/Blu-Ray n'entrainera pas un gaspillage de DVDs, dans la mesure où les lecteurs Blu-Ray peuvent lire les DVDs. Un Blu-Ray est un DVD, au fond. Avec une bien plus grande quantité d'information (5 à 10 fois plus à cet instant). Qui peut le plus pouvant le moins les lecteurs Blu-Ray sont compatibles avec les DVDs.
Ceci dit, ça sent quand même l'esbrouffe je vous le concède, mais à l'instant où nous parlons, c'est une grande minorité qui achète des Blu-Ray. Le prix d'un film en Blu-Ray est le double de celui d'un DVD et celui d'un lecteur 10 fois celui d'un lecteur DVD. Les constructeurs d'ordinateurs n'ont pas prévu de mettre de lecteurs Blu-Ray dans leurs machine pour quelques années encore. D'ici là, le prix des disques Blu-Ray aura considérablement baissé et l'arnaque sera moindre. Et il y a fort à parier que des DVDs (dont la production est moins chère) seront encore sur le marché pour bien des années.
Un autre problème qu'il faut bien garder en tête. Les DVDs, comme les Blu Rays, comme les pellicules de film, comme les photos, comme les cassettes vidéo, se détériorent, se désagrègent. Selon certain dires, d'ici 20 ans la moitié des DVDs vendus seront inutilisables, même sur un très bon lecteur. Alors que faire ?
En ces temps de paranoïa anti-piratage, la meilleure solution que j'aie vu est celle proposé par Disney. Dans leurs DVDs à paraître prochainement (notemment le très bon WALL-E), le coffret DVD contiendra le DVD du film, ainsi qu'une version digitale qui je pense s'apparentera à une clé USB avec le film dessus.
Pourquoi est-ce pratique ? Dans quelques années, on n'ira plus à la FNAC ou chez Gibert pour acheter ses films, on les achètera depuis son ordinateur ou sa Télévision (c'est déjà possible sur iTunes aux USA - très très bon système à des tarifs très avantageux - et sur CanalPlay en France.). Tout va être numérisé, ce qui permettra une bien meilleure préservation des films, qui seront copiés régulièrement (tous les 10-15 ans) sur de nouveaux disques durs toujours plus gros (à la vitesse à laquelle la recherche nanotechnologique progresse, vous pourrez mettre au moins 3000 films en hautes qualité dans un petit boitier sous votre télévision).
Encore une fois, arnaque ? Les gens qui ont des DVDs devront-ils racheter leurs flims préférés sur ces sites ? Je ne sais pas. Ca ne semble pas raisonnable et en même temps mettre en place un système de compensation en vérifiant si chacun a bel et bien acheté tel DVD serait très très onéreux et donc inevisageable pour les grandes firmes.
Bref, voici quelques informations qui vous éclaireront peut-être sur la situation actuelle !
Bien à vous cher J-P
Guillaume Broad
Rédigé par : Guillaume Broad | 16 novembre 2008 à 12:13
Merci mille fois à Guillaume pour toutes ses explications. La solution de Disney me semble effectivement intéressante mais il faudra voir, par rapport au souci que j'évoquais, si cela "rajoutera" un produit (d'où encore une pression sur les ressources et matières premières, et vous savez mon inquiétude sur l'état des réserves mondiales) ou permettra justement le "recyclage" de ce qui existe déjà (je parle sur le plan matériel)et un moindre gaspillage.
En tout cas, à nouveau merci pour toutes vos informations, et bon séjour "au pays des moutons et de la pluie"!
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 16 novembre 2008 à 19:32