La cérémonie d’investiture de Barack Obama a soulevé autant d’enthousiasme que son élection : immense espérance chez les Etats-uniens, premiers concernés, que parmi les opinions publiques européennes fascinées par le parcours du nouveau président, parcours qui réactive le fameux « rêve américain » dont l’Europe n’est pas totalement blasée, pour le meilleur comme pour le pire…
La prudence que requiert l’analyse politique ne doit pas, pour autant, négliger cet enthousiasme qui accueille M. Obama et qui est un des éléments de l’acceptation et de la mise en pratique dans de bonnes conditions et bonnes dispositions d’esprit des mesures de l’ancien candidat démocrate. Car la fête de Washington montre aussi que le besoin de croire en un homme providentiel reste fort dans nos sociétés démocratiques et que cela lui ouvre quelques heureuses perspectives pour un temps qu’il n’est pas encore possible de définir mais qui pourrait bien durer deux mandats… En fait, c’est une véritable force de « poussée » que l’enthousiasme et l’espérance donnent à la politique du nouveau président, une poussée qui peut lui permettre de surmonter, de passer au-dessus de certains obstacles, sachant que ses interlocuteurs devront prendre en compte cette popularité internationale, fut-elle parfois irrationnelle et démesurée.
Certains évoquent les déceptions qui risquent d’être à l’aune des espoirs que fait naître aujourd’hui la présidence d’Obama, et il ne faut pas s’interdire de penser qu’elles peuvent effectivement survenir : mais partir du principe qu’elles seront suffisantes pour inverser la poussée qui le porte aujourd’hui serait oublier que le pire n’est pas toujours certain et que, au regard de l’histoire, certains arrivent, même en ces temps de scepticisme actif, à inspirer une confiance renouvelée. D’autre part, ceux qui se sont tant engagés pour Barack Obama jouent et joueront le rôle d’une sorte de garde fidèle, d’autant plus fidèle qu’elle ne voudra pas voir ses espérances ruinées par les contrariétés et les désillusions.
De loin (car la France n’est pas les Etats-Unis), j’observe avec curiosité les premiers pas (et les suivants) de Barack Obama sans a priori, et même avec une certaine sympathie pour ses déclarations environnementales et sociales, mais aussi, évidemment, avec une prudence non moins certaine quand il engagera sa politique « états-unienne d’abord », en espérant qu’il saura saisir combien la France et l’Europe (au-delà même de l’Union européenne) peuvent apporter au monde, dans le cadre d’une diplomatie internationale renouvelée et fondée sur une part de multilatéralisme utile. Barack Obama ouvrira-t-il la voie à une « refondation internationale » ou sera-t-il seulement « le successeur de ses prédécesseurs » ?
Son discours d’investiture de mardi dernier est, à cet égard, un document à lire et à relire, à découper et à garder dans son portefeuille : il représente, sans doute, la feuille de route des prochaines années d’un Etat qui a encore bien du mal à renoncer à son statut d’ « unique » hyperpuissance… Il me semble y apercevoir quelques éléments de réponse aux questions posées plus haut : d’où tout l’intérêt de sa lecture et conservation…
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