L’installation de soldats allemands en Alsace annoncée dans la même semaine où la république française annonce aussi sa réintégration totale dans l'OTAN n'est pas la chose la plus judicieuse ni la plus heureuse qui soit...
Doit-on y voir la fin de toute indépendance nationale, au nom d'une Union européenne qui a elle-même renoncé à toute puissance politique et risque de n'être qu'un vaste supermarché protégé par des troupes commandées de Washington ?
Cette double décision est maladroite mais les réactions à ces annonces présidentielles semblent prouver une sorte de "lâche soulagement" de la part de nombre de nos compatriotes et d’Européens : en somme, l'Europe des 27 veut simplement qu'on lui fiche la paix à défaut d'être capable de la défendre...
Or, la paix est un bien fragile qui ne vit que si on l'aime passionnément et qu'on est prêt à la défendre, y compris... les armes à la main ! N'oublions pas les (tristes) leçons de mai 1940 pour ne pas avoir à en revivre les conséquences...
D'autre part, l'histoire nous enseigne que la plus précieuse des libertés, celle qui garantit les autres, c'est la liberté du pays, l'indépendance nationale : ne pas dépendre des autres pour nous défendre et pour librement agir et penser.
"Mon verre est petit mais je bois dans MON verre", disait le général de Gaulle. Il ajoutait, conscient des retournements de l'histoire, que "les alliances sont saisonnières"...
L'Union européenne ne se fera pas sur des malentendus ou des compromissions mais sur des réalités et des nations, particulières sans forcément être "particularistes", égoïstes ou antagonistes, bien au contraire.
L'Europe, de toute façon, n'existera que le jour où elle aura envie de vivre libre, y compris du "grand frère états-unien" : pas de puissance sans indépendance, remarquait encore de Gaulle, à la suite des Capétiens.
Avant d'inviter les Allemands sur notre sol, il aurait été utile de savoir s'ils étaient disposés à défendre l'idée d'une Europe libre, forte et respectueuse de ses particularités et de ses nations : si ce n'est pas le cas, cette décision d'installation en France aura plutôt fait régresser la construction européenne et attisé quelques rancoeurs supplémentaires...
Dernière chose : espérons que les soldats allemands présents en France feront l'effort de parler français, et non l'anglais, et que les Français qui les accueilleront feront aussi quelques efforts en allemand, et non en anglais, car, si l'anglais devait être la seule langue "commune" aux militaires des deux pays, cela serait la preuve que l'Europe a renoncé, en fait, à la pluralité linguistique pour ne plus être qu'une zone de l'américanosphère, sans culture ni histoire : ce serait dommage !
La carte de l'Union européenne et celle de l'Otan ne coïncident pas, les motivations non plus.
Je crois que l'amalgame rogne sur la démonstration.
Rédigé par : Catoneo | 11 février 2009 à 18:28
Autant je suis totalement d'accord pour ce qui est de l'OTAN (qui nous ligote en contre partie d'une "aide" superflue) autant je suis assez opposé à votre point de vue sur l'Union Européenne. Je pense que sur de nombreux point l'U.E. s'est déjà émancipée des États Unis (ne serait ce que pour la monnaie) et que le véritable problème de l'U.E. est l'élargissement qui devrait selon moi être remplacé par un approfondissement autour d'un "noyau dur".
Ainsi je ne vois dans l'installation de troupes allemandes qu'un point positif allant dans ce sens.
Rédigé par : Romain PSI* | 12 février 2009 à 22:10
J'ai bien saisi, je vous rassure, que carte de l'UE et carte de l'Otan ne coïncident pas, ne serait-ce que parce que certains Etats de l'UE se tiennent à l'écart de l'Otan. Idem pour les motivations. Mais le fait que la plupart des pays de l'UE ne souhaitent pas une Défense vraiment indépendante du "grand frère états-unien" (cf l'affaire des missiles anti-missiles, ou les freins mis par le Royaume-Uni sur les programmes européens de satellites, en particulier Galileo) confirme mes craintes que la France lâche la proie pour l'ombre... Le pari de M. Sarkozy est que, en tant que 5e contributeur en hommes de la France au sein de l'Otan, cela lui confère un rôle d'influence plus important près des Etats-Unis : or, rien n'est sûr, c'est le moins que l'on puisse dire, même si la nouvelle administration Obama peut paraître plus ouverte sur ce sujet. A suivre, donc...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 12 février 2009 à 23:01
La localisation bruxelloise des deux organisations et le fait de Javier Solana soit passé de l'une à l'autre incitent à croire à une "connivence". Rien n'est plus faux. L'OTAN cherche des motifs de survivre, la Commission européenne aussi dans un champ différent. Ces ornanisations ne s'épauleront pas.
Par contre aux yeux de tous les gouvernements européens une défense européenne structurée ferait redondance budgétaire et stratégique avec l'OTAN sans améliorer la sécurité globale, aucun n'ayant confiance dans la détermination française en temps de guerre, détermination fortement entamée d'ailleurs par l'état misérable de nos armées sur le terrain. Ceci n'enlève rien à la remarquable tenue au feu de notre infanterie en opérations intenses.
Il est erroné de dire que les Etats-Unis imposent leur diktat : dans l'affaire irakienne, trois alliés importants et un plus petit, tous intégrés au commandement commun, ont fait un refus à l'obstacle : le Canada, l'Allemagne, la Turquie et la Belgique. Par contre ils ont répondu présent (comme nous d'ailleurs) à l'appel des Américains qui ont invoqué les dispositions de l'art.5 du Traité atlantique après le Onze Septembre et ont formé l'ISAF en Afghanistan.
Une diplomatie de guerre n'est pas faite d'un bloc.
Rédigé par : Catoneo | 13 février 2009 à 11:42