La question des OGM vient encore de rebondir en Europe avec l’interdiction par l’Allemagne, contre l’avis de la Commission européenne, du maïs transgénique MON810 : ainsi, c’est le 6ème pays de l’Union européenne qui refuse la culture de cet OGM sur son territoire, comme le signale (avec regret, semble-t-il…) le journal « Le Figaro ». Une fois de plus, d’ailleurs, la communauté scientifique elle-même est divisée sur l’innocuité et l’intérêt des OGM : pour certains, les OGM ne présentent aucun risque et ont même l’avantage d’éviter l’usage d’insecticides, pour d’autres, au contraire, le danger repose sur l’absence de recul quant aux conséquences ultérieures pour la santé et sur la présence même de pesticides dans les plantes OGM.
En fait, se focaliser sur ce seul débat sanitaire (qui n’est évidemment pas négligeable) empêche de voir les vrais débats et problèmes soulevés par les OGM et leur culture.
Les OGM, par la dispersion des pollens, se diffusent partout, au gré des vents et des cours d’eau, y compris là où ils ne sont pas souhaités, contaminant des espèces sauvages et des cultures classées « bio » : du coup, cela déstabilise les écosystèmes et, même, entraîne la disparition d’espèces végétales naturelles, remplacées par des espèces moins « sauvages »… Mais cela a aussi une conséquence inattendue, c’est que le « pollueur », propriétaire du brevet de l’OGM contaminant, a des droits (propriété industrielle oblige !) sur les champs et les cultures qu’il a contaminé par ses plants OGM : la jurisprudence nord-américaine est tristement formelle sur ce point, comme l’a montré ce retentissant procès canadien d’il y a quelques années, au grand dam des agriculteurs, condamnés parce qu’avaient été relevés des traces d’OGM dans leurs propres cultures pourtant non-OGM !
Ainsi, le « vivant » devient véritablement une simple « propriété industrielle » entre les mains de quelques multinationales de la recherche et de l’industrie agroalimentaire : voilà le vrai scandale et le vrai danger, au-delà de tous les débats sur les qualités ou défauts sanitaires des OGM…
Quant à la Commission de Bruxelles qui rappelait il y a quelques mois encore que la législation européenne n’autorisait pas un Etat ou une région à « geler » la culture d’organismes génétiquement modifiés, position confirmée par la Cour européenne de Justice le 13 septembre 2007, elle se retrouve maintenant fort ennuyée et, en fait, attend désormais le lendemain des élections européennes du 7 juin pour réagir… Au fait, pourquoi « après les élections ? »…
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