La France connaît, à l’instar des autres pays du monde, une crise économique qui a aussi des traductions financière et sociale, mais qui semble, étrangement, renforcer la monocratie républicaine si bien incarnée par l’actuel président, Nicolas Sarkozy ! Paradoxe qui n’est qu’apparent et qui démontre à la fois les complexités politiques françaises et les ambiguïtés d’une Cinquième République aux multiples couleurs et tentations, et qui singe, à défaut de pouvoir lui ressembler, l’ancienne et multiséculaire Monarchie fondatrice de la France : doit-on y voir là une marque d’un subconscient politique français qui survivrait au-delà des épreuves et des ruptures de l’Histoire nationale ? Sans doute…
En tout cas, l’année qui vient de s’écouler a vu la mise en pratique de la réforme constitutionnelle votée en l’été 2008, et les atermoiements, voire les déchirures profondes, de l’opposition officielle au Chef de l’Etat ont aidé grandement ce dernier à passer sans trop de dommage politique les douze derniers mois, de la présidence française de l’Union européenne aux élections au Parlement européen de Strasbourg-Bruxelles… En somme, le président de la République, fort de ses succès et surtout des échecs de ses adversaires tétanisés par son activisme et sa capacité de récupération des personnalités des autres camps que le sien propre (capacité digne d’un François Mitterrand, diraient certains…), pense déjà à son prochain quinquennat : l’élection présidentielle de 2012 peut lui apparaître comme une simple formalité, si l’on s’en tient à la situation présente. S’il semble d’ailleurs si peu s’en préoccuper, c’est aussi sans doute pour marquer sa différence avec tous ceux qui, antisarkozystes bruyants, ne pensent et ne parlent, en définitive, qu’en fonction de cette échéance, comme si nous étions dans une « présidentielle permanente »…
Ce dernier trait est d’ailleurs un des vices de la République qui s’est véritablement aggravé depuis l’adoption, par référendum (septembre 2000), du quinquennat : en réduisant le temps accordé à un président élu, il soumet également le calendrier politique à une pression plus forte de la part des prétendants à la magistrature suprême de l’Etat qui, lorsqu’ils ne sont pas déjà en place, à l’Elysée, ne pensent plus et n’agissent plus que par rapport à cette échéance. Celle-ci apparaît être et, en fait, est le véritable enjeu de la vie politique française, particularité que l’on ne retrouve pas avec une telle prégnance chez nos voisins européens, en particulier dans les Etats monarchiques (au nombre d’une dizaine en Europe) : chez ces derniers, il est vrai que, selon le mot célèbre, « la première place est prise », ce qui, à défaut d’empêcher les ambitions (ce qui ne serait pas vraiment politique, d’ailleurs, et peu souhaitable), les limite « par le haut », et en préserve la magistrature suprême, dans sa dignité comme dans son indépendance.
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