Enfin, ça y est ! Après plusieurs mois de suspense et de manœuvres politiciennes et ministérielles, le remaniement a eu lieu, et c’est François Fillon qui se succède à lui-même, récompensé pour ses bons et loyaux services, malgré la défiance du président à son égard…
« Gouvernement de campagne », déclarent certains, en particulier les centristes bernés et déçus de n’avoir jamais été autre chose que des « idiots utiles » dans la stratégie sarkoziste, et qui s’en retournent à leur néant, cherchant déjà, avec des accents de celui qu’ils ont jadis trahi (François Bayrou…), une « revanche » sur un président qui les a congédié sans ménagement.
Autant M. Bayrou avait quelque légitimité à se réclamer d’un héritage centriste qui n’est pas totalement insignifiant en France, autant les Morin et autres Borloo peuvent faire sourire quand ils se réclament de ce même héritage, eux qui ont d’abord pensé à leur petit ego lorsque l’actuel président les a convoqué, un soir de mai, pour recueillir les trente deniers de leur trahison sous forme de maroquins ministériels : trahison de ce message centriste qui plonge ses racines dans la « démocratie-chrétienne », du Sillon de Marc Sangnier au MRP de l’après-guerre, mais aussi dans les théories « monarchiennes » d’un La Fayette et d’un Mounier (celui de 1789, bien sûr)…
Mais M. Sarkozy n’en a cure, lui qui a effectivement, et sans en faire vraiment mystère, accepté ce gouvernement pour préparer sa prochaine campagne présidentielle, cet horizon apparemment indépassable de toute fraction politicienne de cette République, aussi minuscule soit-elle. Car « ils » (et « elles », bien sûr !) y pensent tous, comme s’il n’y avait rien de plus urgent aujourd’hui, à l’heure où la mondialisation menace les équilibres géopolitiques et les législations sociales des pays anciennement industrialisés et désormais désindustrialisés ! Nous revoilà dans cette « présidentielle permanente », celle-là même qui gêne l’action et l’utilité de l’Etat. Une situation qui, a contrario, justifie un peu plus la nécessité d’un Etat qui ne soit pas issu de cette « querelle électorale des grands féodaux » : oui, vivement une Monarchie dans laquelle la magistrature suprême de l’Etat soit le fruit de la nature et de la suite normale des générations, et non des jeux politiciens et financiers !
Dans notre République sarkoziste, il faut plaire au « prince-président » pour espérer un poste ministériel ; dans une Monarchie digne de ce nom, ce n’est pas la flatterie qui détermine la nomination ministérielle mais les compétences et la volonté de servir l’Etat sans en attendre rien en retour : pour avoir un Richelieu ou un Colbert, mieux vaut avoir un Roi, libre de ses décisions et serviteur de l’intérêt commun, imperméable aux jeux d’appareil… Mieux vaut ? Non, encore plus nettement : rien ne vaut le Roi, tout simplement !
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