Alors que les médias ne s’intéressent plus qu’à « l’affaire DSK », avec un mélange de voyeurisme et de fausse indignation, on néglige certaines informations pourtant intéressantes, comme celle qu’évoque « La Croix », dans son édition de ce lundi 16 mai :
« Une femme, membre d’un groupe de Saoudiennes qui a lancé sur Internet une campagne pour défiler le 17 juin au volant d’une voiture afin de défier l’interdiction de conduire dans le royaume ultraconservateur, a parcouru au cours des quatre derniers jours les rues de Jeddah en conduisant une voiture sans se faire arrêter. » Ce qui peut sembler anecdotique ne l’est pas forcément, et sûrement pas dans ce cas ! L’Arabie Saoudite, royaume wahhabite dont la pratique musulmane fort rigoureuse s’accommode mal de la liberté des femmes, est à la fois une des principales puissances sunnites et première productrice et exportatrice de ce pétrole qui nourrit nos sociétés énergivores : ces caractéristiques économiques font que les Etats occidentaux la ménagent, au risque de laisser des situations peu recommandables perdurer et au moment même où l’on évoque, en d’autres occasions, de grands principes « humanistes » pour légitimer des interventions militaires en Afghanistan ou ailleurs.
Or, nos liens privilégiés avec cet Etat ne peuvent-ils pas permettre, non une intervention directe de notre diplomatie (ce qui serait maladroit et mal vécu par ce royaume soucieux de sa souveraineté), mais quelques « conseils » qui pourraient « éclairer » le Pouvoir en place ? D’autant plus que le vieux souverain saoudien n’est pas insensible à cette idée « d’ouvrir » le royaume, non aux mœurs occidentales, mais à quelques réformes, y compris sur le statut des femmes et cela malgré l’opposition des plus intégristes du pays…
La France s’honorerait, non de donner des leçons qui ne seraient pas écoutées, mais de pratiquer cette « diplomatie de conseils », à la fois discrets et utiles, tout en rappelant l’amitié de notre pays avec cette puissance arabe sunnite, une amitié pas seulement intéressée par la seule motivation pétrolière mais aussi géopolitique pour protéger cette pétromonarchie des appétits de la « mollahrchie » iranienne toute proche…
Les femmes saoudiennes pourraient être les bénéficiaires, tout compte fait, de cette stratégie française, voire européenne… Pour qu’elles puissent, elles aussi, conduire une voiture, aussi librement que (il faut le souhaiter…) prudemment !
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.