La quête des signatures est achevée et leur dépôt au Conseil constitutionnel terminé : reste leur validation par les Sages présidés par M. Jean-Louis Debré. Cette année, quoi qu'il arrive, il y aura moins de candidats à la course présidentielle que lors des précédentes consultations des années 90 et 2000 : faut-il s'en réjouir comme le font tant de journalistes et de politologues ? Je n'ai pas vraiment d'avis là-dessus, même si, effectivement, il est possible de regretter que certains courants, certaines sensibilités politiques, parfois tout à fait honorables et légitimes à s'exprimer, soient absentes de ce qui constitue, dans la Ve République, « la reine des élections » : ainsi, l'absence de Corinne Lepage (si elle est confirmée lundi) me navre particulièrement, non que je sois un électeur potentiel de celle-ci, mais parce qu'elle incarne le souci environnemental beaucoup plus légitimement qu'une Eva Joly, caricaturale et si peu (et si tardivement...) écologiste !
Il n'y aura pas non plus de candidat royaliste, celui présenté par l'Alliance Royale n'ayant pas obtenu les précieux sésames : quelques articles par ci par là lui ont néanmoins assuré une certaine publicité, et sa présence au Salon de l'agriculture n'aura pas été inutile pour rappeler que les royalistes sont soucieux du devenir du patrimoine rural de la France.
Un de mes jeunes amis royalistes me demande alors : « Que faire ? ». Ma réponse est invariablement la même à chaque présidentielle : faire du royalisme !
Bien sûr, certains pourraient se contenter de se regarder dans un miroir pour ne pas être contredit et crier crânement « Vive le roi ! »... Intérêt politique absolument nul !
D'autres choisiront de rallier un candidat ou un autre, en se parant de l'alibi mille fois avancé et éculé depuis un certain temps déjà, de « l'utilité » au regard du « compromis nationaliste » (sic !), trop souvent compris par les intéressés comme une « compromission »... Je parle de ces royalistes affirmés hors des périodes électorales et qui, au clairon des élections, se rallient prestement et « oublient » opportunément leur royalisme pour être « plus efficaces »... Intérêt politique nul, le discrédit en plus, dans la plupart des cas, parfois le reniement...
Faire du royalisme, c'est affirmer son royalisme et les raisons d'être royaliste au milieu de la campagne présidentielle, ce n'est pas faire n'importe quoi, ce n'est pas insulter les autres ou cracher sur les affiches des candidats qui ne nous plaisent pas, ce n'est pas parader sur le marché en refusant tous les tracts au nom d'une pureté que nous serions, nous les royalistes, les seuls à incarner...
Faire du royalisme, c'est écouter ce qui se dit, et réagir, chercher les points d'accord et ceux de désaccord, c'est dévoiler les réalités au-delà des promesses électorales, c'est discuter avec tous et n'en rejeter aucun : il s'agit de faire entendre la « petite musique royaliste », non de s'isoler. Puisque nos concitoyens s'intéressent à ce moment-là à la politique, parlons-leur, tout simplement, des insuffisances de la constitution de la Cinquième République, de la faiblesse de la République actuelle face aux défis de la mondialisation, de la nécessaire indépendance de parole et d'action à recouvrer face aux directives européennes et aux féodalités financières, etc.
La campagne présidentielle est un moment privilégié pour moi : je ne cesse de parler politique, de présenter ce que pourrait faire une monarchie aujourd'hui, de réfléchir à voix haute sur les nécessités sociales et politiques du moment, etc. Et l'on m'écoute en tant que royaliste, et c'est comme tel que je parle et que j'agis ! Quand j'évoque, au gré des pages de ce blogue, ma « campagne présidentielle », c'est de tout cela dont il s'agit ! Les gens viendraient-ils me voir s'ils me savaient rallié à tel ou tel, ou enfermé dans une attitude de refus ?
De plus, c'est le moment idéal pour lire et critiquer, si besoin est, les programmes et les déclarations des principaux candidats mais aussi pour repérer les propositions qui peuvent être intéressantes, et elles ne manquent pas, y compris chez les « petits » candidats, moins soumis à la pression de l'Opinion ou d'une éventuelle victoire...
C'est aussi le moment pour montrer que les royalistes ne sont pas des « exilés de l'intérieur », qu'ils participent à la vie civique du pays et qu'ils cherchent à construire au-delà des clivages habituels du « Pays légal ». C'est cette capacité de réflexion, de proposition, de discussion qui fait l'originalité et la force des royalistes : alors, oui, il serait trop dommage de se ranger derrière une autre bannière : le drapeau fleurdelysé me suffit largement et il n'a pas vocation à être remisé au placard le temps de l'élection, bien au contraire !
Faire du royalisme, ici et maintenant, et ne pas attendre le lendemain d'une élection qui, de toute façon, sera décevante pour la France comme pour les Français, décevante face aux défis contemporains et à l'immense attente envers notre pays des peuples du monde, ceux qui ont de la mémoire et l'envie de vivre libre...
C'est ce royalisme militant qui ne se renie pas et n'oublie pas d'être au monde, au sein d'un Pays réel complexe et souvent paradoxal, qui a le plus de chance, à plus ou moins long terme, d'aboutir. Aboutir en monarchie, un jour qu'il faut tout faire pour rapprocher de notre calendrier...
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