La déclaration de M. Hollande de lundi soir était fort étrange et n'a pas eu d'autre effet que de déconsidérer un peu plus le président et son action, en particulier à travers cette forme d'amateurisme qui semble presque revendiquée, jusqu'au lapsus présidentiel même pas corrigé alors que l'intervention était enregistrée et non retransmise en direct : lapsus révélateur, non dans ce qu'il disait mais par ce qu'il démontrait, cette sorte de dilettantisme qui affecte la tête de l'Etat, insouciance bien peu recommandable dans la période que nous traversons... En somme, dans son exercice de la plus haute magistrature de l'Etat, le président manque de cette rigueur qu'il veut imposer aux Français en économie.
Conjuguée à l'effondrement de son socle électoral et à l'implosion de la principale formation parlementaire d'opposition au lendemain d'une élection européenne qui a vu l'affirmation de la contestation par les urnes, cette attitude de renoncement politique accélère la désagréable impression d'abaissement de la France dans la hiérarchie des puissances en Europe : ainsi, la France défaillante laisse-t-elle la place à une Italie qui, à travers son président du Conseil Matteo Renzi, paraît vouloir reprendre son destin en mains et imposer son tempo à l'Europe en profitant de sa prochaine présidence du Conseil de l'Union européenne à partir de juillet, promettant de défendre alors un ambitieux et volontariste programme de relance de la croissance.
Cette défaillance de la France en Europe est « la conséquence des inconséquences » de la République hollandiste, et il n'y a pas à s'en réjouir car elle confirme que c'est bien la France et ses Français qui ont le plus à souffrir de la République, avant même une Europe qui, à défaut de pouvoir se passer de notre pays, accepte sa rétrogradation au sein de sa hiérarchie interne.
Doit-on se contenter de ce constat désastreux ? Non, bien sûr, mais il semble bien difficile, désormais, de nier la responsabilité d'un système et de sa classe dominante (et discutante, selon le mot intelligent de Max Weber) qui le sert et qui s'en sert au lieu de servir le pays réel et actif, le « pays vif » qui veut aimer et transmettre, s'aimer et durer. Le déclin n'est jamais une fatalité, il n'est que le résultat d'un découragement, d'un déni de réalité ou d'une paresse de l'esprit, d'un manque d'espérance aussi. Il manque à la République ce souffle nécessaire qui anime les êtres et les nations, et, sans doute, comme le rappelait le républicain conséquent Régis Debray il y a quelques années, il lui manque aussi et surtout « une famille royale » pour l'incarner dans les bons moments comme dans ceux de doute et d'angoisse...
Sans doute, la « famille » n'y suffira pas, au moins dans les premières années : il lui faudra une tête pour assumer la plus haute magistrature de l'Etat qui se devra d'être active et profondément, éminemment politique pour redresser la barre d'un pays qui, aujourd'hui, semble à la dérive, livré aux vents mauvais et contraires de la mondialisation incontrôlée et aux tempêtes multiformes de la colère, pas toujours bonne conseillère quand elle s'aveugle elle-même ou qu'elle oublie le sens des réalités et celui de la mesure, qualité que les rois ont toujours rappelée dans cette formule si juste : « savoir raison garder ».
En ce mardi gris aussi triste qu'une fin de règne, il faut poser les jalons d'une nouvelle espérance française, d'une nécessaire action capétienne et, en attendant le Roi, assumer une régence de la passion française que la République a aujourd'hui oubliée, fille ingrate d'une France qui, pourtant, l'a aussi aimée, jadis...
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