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29 décembre 2010

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cosseron david

La montée de l'insignifiance.

Philosophe, sociologue, Cornelius Castoriadis (1922-1997) fut aussi économiste et psychanalyste. "Un titan de la pensée, énorme, hors norme", dit Edgar Morin. Cette montée de l'insignifiance, il la voit dans une élite politique réduite à appliquer l'intégrisme néolibéral.

"Ce qui caractérise le monde contemporain, c'est bien sûr les crises, les contradictions, les oppositions, les fractures, etc... mais ce qui me frappe surtout, c'est l'insignifiance. Prenons la querelle entre la droite et la gauche. Actuellement elle a perdu son sens. Non pas parce qu'il n'y a pas de quoi nourrir une querelle politique et même une très grande querelle politique, mais parce que les uns et les autres disent la même chose. Ils sont impuissants. La seule chose qu'ils peuvent faire c'est suivre le courant, c'est-à-dire appliquer la politique ultra libérale qui est à la mode. Ce ne sont pas des politiques à mon avis, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n'importe quel moyen. Ils n'ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir et pour ça ils sont capables de tout. "Je suis leur chef, DONC je les suis". Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la philosophie ou dans la littérature. C'est ça l'esprit du temps. Tout conspire dans le même sens, pour les mêmes résultats, c'est-à-dire l'insignifiance.
La politique présuppose deux capacités qui n'ont aucun rapport intrinsèque. La première, c'est d'accéder au pouvoir. Si on n'accède pas au pouvoir, on peut avoir les meilleures idées du monde ça ne sert à rien, ce qui implique donc un art de l'accession au pouvoir. La deuxième capacité, c'est une fois qu'on est au pouvoir, d'en faire quelque chose, c'est-à-dire de gouverner. Aujourd'hui dans notre pseudo-démocratie, accéder au pouvoir signifie être télégénique, flairer l'opinion publique...
J'ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n'est pas une vraie démocratie. Ses représentants ne représentent que très peu les gens qui les élisent. D'abord, ils se représentent eux-mêmes ou représentent des intérêts particuliers, les lobbies, etc... Et, même si cela n'était pas le cas, dire : quelqu'un va me représenter pendant cinq ans de façon irrévocable, ça revient à dire que je me dévêts de ma souveraineté en tant que peuple. Non pas que l'élection soit pipée, non pas qu'on triche dans les urnes. Elle est pipée parce que les options sont définies d'avance. Personne n'a demandé au peuple sur quoi il veut voter. On lui dit Votez pour ou contre Maastricht" par exemple. Mais qui a fait Maastricht ? Toute la vie politique vise précisément à leur désapprendre à gouverner. Elle vise à les convaincre qu'il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s'habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives ils s'habituent à suivre ou à voter pour des options que d'autres leur présentent. Le résultat, c'est que les gens y croient de moins en moins et qu'ils deviennent cyniques.
En vérité, ces députés, tout comme les ministres, sont asservis à leurs techniciens. Ils ont leurs experts mais ils ont aussi des préjugés ou des préférences. Et si vous suivez de près le fonctionnement d'un gouvernement, d'une grande bureaucratie, vous voyez que ceux qui dirigent se fient aux experts, mais ils choisissent les experts qui partagent leurs opinions. N'importe quoi ! C'est un jeu complètement stupide et c'est ainsi que nous sommes gouvernés actuellement."

Post-scriptum sur l'insignifiance
Entretiens avec Daniel Mermet
éditions de l'aube

Il manque la voix de Cornelius Castoriadis, il manque cette jubilation dans sa voix répétant "Nous qui désirons ou nous qui délirons?".
http://www.la-bas.org/article.php3?Id_article=1039

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