Le 4 octobre fut une journée de grève : toutes les branches de la fonction publique ont été touchées, ainsi qu’un certain nombre d’entreprises. Mais cette grève aura-t-elle un impact réel ? Est-elle utile ?
Lorsque la grève devient «rituelle», lorsqu’elle est la «marque» de la rentrée sociale et syndicale, elle perd de son caractère et de sa force ; elle n’est plus qu’une habitude, une routine, sans souffle ni rythme, et les pouvoirs publics attendent juste le lendemain...
De plus, dans le cas de la journée du 4 octobre, il semble que la mobilisation reste en-deça, malgré les communiqués triomphants des syndicats, des espérances de ceux-ci, ce qui s’avère du coup contreproductif, car le rapport de forces reste largement favorable au gouvernement en place et à ses alliés et, bien sûr, aux groupes industriels et financiers; Sans doute, certains grévistes ont de fortes et nobles raisons de manifester leur mécontentement, en particulier ceux qui sont victimes de la pratique peu humaniste des «licenciements compétitifs». Sans doute, mais ce n'est pas le cas de tous...
D'autre part, il semble que, paradoxalement, le vote «non» au référendum sur la constitution européenne ait crevé l’abcès et que le bulletin de vote transformé en « arme de destruction massive» ait rempli sa fonction sans entraîner de mobilisation (ou de large réflexion) des vainqueurs d’un soir. Les oligarques qui règnent sur les institutions européennes à Bruxelles attendent des jours meilleurs, sourds aux «humeurs populaires» selon le terme de l’un d’entre eux qui évoque souvent la démocratie pour mieux se préserver du «peuple»...
«Le jour d’après», le lendemain d’une grève, c’est la poursuite du rite : commentaires et communiqués, torses bombés et déclarations péremptoires mais rien n’a vraiment bougé... Le rite est rassurant, il n’est pas forcément efficace, mais les «croyants» attendent la prochaine sans parfois y croire vraiment, sans croire au «grand soir» qui a tant fait vibrer leurs «anciens»... Lorsque la grève devient un rite sans surprise, elle n’est plus qu’une finalité parfois divertissante, et non plus un moyen de pression...
Les syndicats le savent et le reconnaissent d’ailleurs à demi-mots... Mais ils sont parfois devenus des «machines sans imagination» ; désormais, il revient aux politiques de poser les vraies questions et d’agir, de «réagir», aux injustices et dérèglements d’une économie qui se fait de plus en plus sauvage.
Il est possible que les royalistes trouvent dans cette situation de quoi alimenter leur réflexion et diffuser leur conception du «politique d’abord» ; là encore, l’inscription du politique dans la longue durée dynastique n’est pas une solution miracle, mais la condition d’un nouveau dialogue social, au-delà des étiquettes partisanes ou syndicales (sans les négliger pour autant) et au-dessus des seuls intérêts particuliers.
La France a besoin de l’institution d’un État-arbitre, d’un arbitre indépendant qui fasse respecter les règles de la vie et de la justice sociales. En somme, d’une Monarchie active...
Pensez-vous sincèrement qu'un monarque se plierait de lui-même aux revendications des syndicats? Daignerait-il seulement les écouter? La solution ne serait-elle pas plutôt celle d'un contrôle citoyen plus actif dans les affaires de l'Etat, un vrai débat entre les acteurs? Biensur, l'Etat actuel de la politique peut faire rêver d'un changement, mais la révolution française a su libérer la nation d'un pouvoir autoritaire auquel éaient soumis des millions de gens qui vivaient dans la précarité... Il faut évoluer! Je suis clairement pour restaurer le système car il en a bien besoin, mais j'aime avant tout ma liberté...
Rédigé par : Oaf | 24 octobre 2005 à 11:35
Je pense qu'il ne faut pas tomber dans la caricature. Puisqu'il est question d'histoire, deux points: d'abord, si la Monarchie est tombée en 1792, il semble bien que, justement, c'est parce que la Monarchie et son représentant n'ont pas été assez "autoritaires" au moment où il aurait sans doute, fallu l'être... Par contre, la République, elle, n'oubliera pas de l'être, au point de verser dans la Terreur et de tirer sur tous ceux qui ne l'approuvaient pas...
Deuxième point: la liberté se conjuguait au pluriel sous l'Ancien régime: libertés locales qui font encore pâlir d'envie certains élus régionaux et municipaux; libertés professionnelles, qui respectaient plus le travailleur et la qualité de son travail qu'aujourd'hui; etc. Par contre, la "Liberté du travail" évoquée par les lois d'Allarde et Le Chapelier de 1791, mise en avant par les révolutionnaires de 1789 et acceptée par les républicains de l'époque, interdisait les associations ouvrières et patronales ainsi que le simple droit de grève... En somme, c'était "le renard libre dans le poulailler libre": on en mesure encore les conséquences.
La Monarchie a, me semble-t-il, des devoirs envers les ouvriers, ce que ne reconnaissent plus les libéraux européistes de Bruxelles...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 24 octobre 2005 à 17:40