Depuis quelques temps, des revendications identitaires se font de plus en plus pressantes, arguant de l'histoire coloniale française et du "devoir de mémoire", dans les communautés d'outre-mer ou d'origine africaine, méditerranéenne comme subsaharienne. Certains se revendiquent descendants d'esclaves et ne voudraient voir dans la France qu'une nation esclavagiste. Cela est souvent exagéré et pas toujours éclairé, parfois même malveillant à l'égard de notre pays et de ses populations anciennes.
Ce débat, qui dérape parfois dans le sectarisme, voire le racisme (fût-il qualifié de "communautarisme", qui est le repli sur soi d'une communauté et son enfermement dans une mémoire plus mythique et fantasmée que réelle), me semble malvenu dans une France qui, aujourd'hui, semble douter d'elle-même et de ses raisons d'être.
Je voudrai évoquer ici le souvenir de Jean-Marc Hémery, décédé à peine trentenaire au début des années 1990, et que j'ai cotoyé une année durant, il y a vingt ans, quand il était en métropole.
Jean-Marc était antillais et, plus précisément guadeloupéen. Sa couleur de peau indiquait qu'il était le fruit des amours successives de plusieurs générations d'origines territoriales et ethniques différentes. Il se présentait fièrement, symbole des communautés mêlées, comme un "descendant d'esclaves et d'esclavagistes" et il assumait ce passé en affirmant que c'était cela aussi la France d'Outre-mer. Revendiquer un statut "unique" (fils d'esclave ou fils d' esclavagiste) lui semblait ridicule et, même, dangereux et il condamnait cette imposture qui était celle des séparatistes antillais qu'il combattait, plume à la main, dans la revue du royaliste Edouard Boulogne, "Guadeloupe 2000". Lui-même royaliste, il m'entraînait parfois vendre l'hebdomadaire "Aspects de la France" aux portes de la cantine du Ministère des finances qui était alors non loin de la rue Croix-des-Petits-Champs, siège du journal monarchiste. Il était animé par un amour passionné de la France, de la France "du proche et du lointain", de ce que nous nommions "la plus grande France", celle qui vibre à Nouméa comme à Versailles, à Saint-Denis comme à Mayotte, à Quimper comme à Strasbourg. A la suite de Maurras, qu'il citait souvent, il se voulait "nationaliste" considérant, à la suite de Bainville, que "La France est un composé" et qu'elle est belle de toutes ses couleurs. Il trouvait en Bernanos l'écho de son amour pour la France et le Roi, et il s'y référait fréquemment. Il n'aurait pas aimé les revendications communautaires fondées sur la "seule" couleur, comme on en entend de plus en plus aujourd'hui.
Il était fier de ses origines antillaises qui appartenaient aussi à la France, cet arbre aux racines parfois si différentes et au tronc unique, aux branches multiples.
Désormais, Jean-Marc repose en cette "Galerie des amis morts" qui appartient à ma mémoire et que je partage avec d'autres. Mais cette mémoire et son souvenir ont encore beaucoup à nous dire...
Comment avez vous trouvé la suite des aventures du balafré du front qui porte des lunettes ? En quoi ce film est-il eminamment politique ?
Rédigé par : Rubeus | 01 décembre 2005 à 22:00
Encore hier un député UMP parlait de "youyous" à la fin d'un tiers des mariages qu'il célèbre et qu'il considère comme blancs (au sens juridique du terme) ,sans réelles preuves, mais je ne veux pas insister la dessus. C'est la résonance de ce "dérapage"(et des autres) dans les médias qui me gêne car c'est la preuve d'un malaise qui semble toucher de plus en plus les Français. Un malaise vis à vis de l'autre , vis à vis de soi.
J'ai le sentiment que des clivages se formeent alors que d'autres (ré)apparaissent à nos yeux.
Le 21 avril 2002, Le Pen est au second tour. On peux y voir la défaite de Jospin(paix à son âme) mais il s'agit surtout du mécontentement de nombreux Français au travers d'un signe fort, choquant.
Des années d'échecs dans de nombreux domaines : emplois, intégration d'un grand nombre de français issus de l'immigration ainsi que de nombreuse autres personnes.
La faute à qui?
Pas à la République qui prône des valeurs humanistes indispensables. A la Veme République? c'est un débat à la mode au PS en ce moment pour donner l'impression d'avoir des idées sur tout, débat interessant mais à difficile à 23h00.
Je dirais la faute à des changements de politiques trop fréquents, à une classe dirigeante trop éloignée de la réalité et trop attirée par le jackpot de la présidence pour attaquer de front des problemes dont les solutions ne seront pas miracles.
Et donc voilà où on en est:
des communautés se replient sur elles . Par exemple hier soir, le plateau d'une émission de télévision sur canal+ a été intérompue par des personnes noires mais pas seulement ,qui ont fait part dans un discours (de grande qualité) de leur inquiétude quant à la montée du racisme en s'appuyant sur l'affaire du SMS à caractère raciste à l'encontre de Dieudonné , reclamant des sanctions contre Fogiel.
En fait dans ce cas ce n'est pas repli mais une peur qui pourrait mener différents groupes à se monter les uns contre les autres.
C'est une crise d'identité pour les habitants défavorisés des banlieux mais aussi de nombreuses personnes qui se demandent : C'est quoi être Français?
L'exemple de votre ami est important . Pour moi, être français, c'est partager des valeurs avec les autres,c'est accepter tout le monde. Ca ne repose pas sur une religion ou une communauté, mais on se doit de savoir par où en est passé notre pays pour en arrivé là. Il faut accepter cette Histoire et en tirer les leçons. Bainville avait raison, la France est un composé et je trouve que c'est forminable et c'est une force.
Mais tant qu'il y aura un probleme d'identité, il sera difficile de resoudre des problemes comme l'intégration, car il faut savoir à quoi les intégrer, et surement pas dans une société de consommation induvidualiste sans valeur ni sens.
PS: je voudrais faire part d'une remarque de Mme X(dite Leverger) comme quoi seul un retour en force du sentiment religieux peut nous sauver de l'individualisme de masse. Et à celà l'athé que je suis répond : la religion n'est pas le moyen le plus interessant car il est souvent source de conflits. L'humanisme (que l'Eglise rejette ), cet amour de l'homme et l'espoir qui repose en lui sont aussi des remparts contre l'individualisme de consommation.
C'est long comme texte, je me suis perdu, mais c'était une première et pas la dernière à mon avis.
En tout cas je suis prêt à répondre à vos prochaines remarques et je dois dire que c'est agréable de voir que royalisme n'est pas synonyme d'extreme droite et de renfermement dans une nostalgie du temps passé.
à bientôt
Rédigé par : Kévin | 01 décembre 2005 à 23:12
sans avoir vos qualites literaires et culturelles.
je dirais simplement que dans la socite d'aujourd'hui,il est tellement facile de croire que donner un os a ronger aux exclus suffira a les faire tenir tranquile.(religions,aides diverses.......) lorsqu'ils sont jeunes ,et qu'ils ont le regard tourne vers l'avenir ?
cette illusion,est d'autant plus trompeuse que ces gens(nous) sont tres bien places dans leur societe,et n'ont en general pas envi de faire une place aux (etrangers )personnes qui n'ont pas les memes reperes que (nous )les gens qui ont fait peu ou prou cette societé ?
si en plus ,les moins favorises, ne veulent pas revoir leurs coutumes ,politiques , connaissances du modele mondialise ,etc..pour participer et surtout nous infiltrer comme il se doit en pareille situation,il n'ont que peu de chance pour devenir seduisants ?..........
cette idee, a mon avis ,est a la base du manque d'intégration des ruraux d'une epoque revolue, il me semble ?
encore faut 'il que ces( jeunes )aient un avenir pour l'avenir ?lol !
Rédigé par : un chouka | 02 décembre 2005 à 16:54