Jour de rentrée : la joie de retrouver les collègues et les élèves, de reprendre avec eux les cours et les discussions, avec quelques thèmes supplémentaires, comme l'affaire des caricatures de Mahomet (bientôt sujet de débat en ECJS en 2nde et en 1ère) ou le CPE. Décidèment, et c'est heureux, on ne s'ennuie jamais au lycée.
Je rendais aussi ce matin des copies d'un contrôle d'Histoire de 1ère dont l'un des sujets était : "Chef de l'Etat et démocratie: débats politiques et pratiques institutionnelles, de 1848 à 1880", un sujet susceptible de nourrir aussi la réflexion politique d'aujourd'hui, surtout en ces temps de "Présidentielle permanente".
D'ailleurs, la plupart des copies rendues étaient de fort bonne qualité et me permettent aussi de saisir quelle est la lecture actuelle des concepts (et des questions institutionnelles) politiques par les nouvelles générations. Je constate que la démocratie est un concept souvent mal maîtrisé, et limité aux formes qu'elle a pris dans nos pays, c'est-à-dire celle des débats "moraux" autour de la question des Droits de l'Homme et, surtout du "consommateur", sous sa forme la plus impolitique, et celle des régimes libéraux et multipartistes, sous sa forme politique. Du coup, et par opposition, tout régime qui s'appuie sur un "césarisme plébiscitaire" est devenu incompréhensible et la "démocratie démocratique" laisse peu de place à la conception d'un lien privilégié entre le Pouvoir et le Peuple, par le biais du référendum, ce lien que le général de Gaulle, au XXe siècle, a privilégié dans sa pratique de la Ve République. Tout comme paraît, pour de nombreuses personnes, difficile de concevoir l'autorité en dehors des schémas électoraux...
C'est sans doute en connaissant cet état d'esprit, souvent consécutif au résultat du 29 mai, que Nicolas Sarkozy a évoqué sa défiance à l'égard de l'idée même de référendum, limitant ainsi la démocratie à sa forme "représentative", et, donc, parlementaire (malgré la thématique du "régime présidentiel"). Une défiance qui marque une rupture avec l'héritage gaulliste.
Celà étant, parmi les bonnes copies de ce devoir, toutes ne partageaient pas cette définition restrictive de la démocratie, et certaines, même, ouvraient des pistes fort intéressantes et motivantes pour la réflexion sur les institutions et leurs rapports avec les citoyens. J'en reparlerai, forcément, ne serait-ce que pour évoquer ma position à l'égard des différentes conceptions du Chef de l'Etat et de ses liens avec les populations.
Nous vivons dans une socièté de consommation.
Le chef d'état à de moins en moins de pouvoir, laissant cela au institution mondiale non démocratique tel le FMI.
La démocratie c'est le caddy, pas l'urne.
Rédigé par : céphalo | 20 février 2006 à 15:15
La remarque est intéressante mais cela ne doit pas interdire de réfléchir aux autres définitions de la démocratie, bien sûr. Tout comme cela ne doit pas empêcher de "penser le politique" et de chercher les conditions institutionnelles d'une nouvelle harmonie ou équilibre entre les différentes forces et formes qui composent notre société.
D'autre part, la question est-elle seulement celle du pouvoir du Chef de l'Etat? N'est-il pas d'abord nécessaire de poser celle de l'autorité (auctoritas) de celui-ci et de sa position politique dans la société, de son indépendance à l'égard des forces financières et économiques?
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 20 février 2006 à 17:46
La question première est celle de la position de l'Etat par rapports aux citoyens.
Et cela selon un choix simple :
L'Etat sera-t-il dirigiste et tutélaire, ou libéral et peu interventionniste?
Rédigé par : Hugo | 23 février 2006 à 22:13