La Constitution européenne est devenue une véritable arlésienne de la vie politique, en France comme ailleurs en Europe. Nicolas Sarkozy comme Ségolène Royal souhaitent une simplification du texte ainsi que son adoption, après "2007", par la voie parlementaire, moins risquée que le référendum populaire que l'une et l'autre récusent...
Mais, alors qu'ils ne tiennent pas à des modifications trop importantes ("et s'il n'y en a pas, tant pis", semblent-ils penser...), le Chef de l'Etat de la Pologne (M. Lech Kaczynski), nouvelle puissance de l'Union européenne depuis mai 2004, met les pieds dans le plat en rejetant l'esprit même qui a présidé à l'élaboration du traité constitutionnel échoué en France et aux Pays-Bas l'année dernière. C'est ce qu'il explique dans un entretien paru dans "Le Figaro" (vendredi 24 février 2006) : "Nous sommes partisans d'élaborer un nouveau texte pour mettre de l'ordre. On peut l'appeler traité bien que je ne tienne pas à ce terme. En tout cas, il faut qu'il prenne en compte la réalité, c'est-à-dire les différences entre les pays membres de l'Union tant en ce qui concerne les niveaux de développement que les traditions et les attentes. Ce qui intéresse le plus les Polonais, c'est ce qui adviendra de la Pologne. C'est la même chose en France. On s'intéresse plus à ce que dit M. Chirac qu'aux déclarations de M. Barroso. Pour nous, il est symptomatique que deux Etats importants, la France et les Pays-Bas aient rejeté ce traité". Ainsi, il souligne comment le traité jadis soumis à référendum en France est mort, même si certains pays continuent le processus de ratification sans se soucier du désaveu des électeurs français et néerlandais...
En tout cas, les débats politiques autour de l'idée, ou du contenu, d'un texte ayant valeur de Constitution pour l'Union Européenne se poursuivent, malgré une relative indifférence des populations européennes. Il me semble qu'il ne faut pas fuir ces discussions, mais pas s'enferrer non plus dans ce qui ressemble de plus en plus à une impasse : en effet, ce n'est pas une Constitution qui fonde la puissance, comme nous le rappelle l'exemple historique du Royaume-Uni, et, d'autre part, ne penser l'avenir du continent et des pays d'Europe que sous l'angle constitutionnel, c'est faire peu de cas des réalités politiques et diplomatiques, des réalités nationales et internationales d'un monde en mouvement. C'est aussi limiter sa pensée à un seul "sens de l'Histoire", ce qui n'est guère réaliste et raisonnable...
C'est aussi le côté "napoléonien" de l'ouvrage qui hérisse certains autres pays. Pourquoi sont-ils sommés d'organiser leurs moeurs économiques et politiques sur le schéma national français ?
Car en fait la cohérence du traité giscardien est le résultat d'une approche cartésienne fondée sur l'utopie de la convergence naturelle des peuples européens.
Or cette convergence n'est pas du tout prouvée et les affinités dont elle pourrait se réclamer sont insuffisantes pour atteindre à l'homogénéité.
De plus les tissus nationaux sont partout "mités" de moeurs exogènes qui congluent vers un autre destin.
Mais l'inertie de la bureaucratie sera très longue à freiner, Bruxelles c'est un formidable train blindé que rien n'arrête, pas même le choix démocratique exprimé par deux peuples.
Comme quoi, la démocratie ......
Rédigé par : catoneo | 04 mars 2006 à 09:42
Une constitution cadre la puissance.
Malheureusement, un cadre tiraillé en vingt-cinq points a peu de chances de résister à la pression, même du plus beau tableau qui soit...
La constitution Européenne, si elle apparaît un jour, ne sera qu'un cadre instituionnel vague, et sûrement pas un texte déterminant quant aux pouvoirs respectifs de la communauté et du pays dans son individualité.
Peut-être pas une bonne idée, après tout. A moins que l'on parvienne à une réelle convergence des opinions..
Ainsi l'Utopie de la convergence des peuples Européens, n'est-elle n'est pas si utopique que ça; sous une pression économique forte comme celle qui nous arrive du Levant, la convergence des opinions Européennes sur les questions économiques sera une des réactions possibles... Après tout, c'est partout pareil : quand ca cogne dehors, ca cogne peu dedans.
Rédigé par : Hugo | 04 mars 2006 à 16:54