L'enterrement du CPE n'a pas, évidemment, résolu le problème du chômage des jeunes et il a surtout révélé la difficulté pour l'Etat d'impulser des réformes dans le domaine économique et social. Sans doute est-ce aussi parce que les citoyens-consommateurs attendent trop de l'Etat, comme si celui-ci devait être la "grand-mère" de chacun...
En tout cas, le danger serait désormais que l'Etat renonce à "être lui-même" et se contente d'être juste un "gestionnaire" de la société, sans initiative ni imagination. Le travail des politiques doit être, plus que jamais, de redéfinir l'Etat et ses prérogatives, sans doute de les concentrer sur le plan politique et, dans le domaine économique, de les limiter à un rôle d'impulsion des grands projets et des grandes stratégies (aménagement du territoire; recherche industrielle; souci environnemental; etc.), dans le cadre d'un "néo-colbertisme" intelligent et adapté aux temps présents et à venir.
Le rôle de l'Etat n'est pas de soutenir toute l'économie et d'entretenir une administration trop lourde pour être vraiment efficace. Il est de permettre à l'économie de fonctionner, et d'assurer une protection sociale qui ne soit pas un "confortable carcan" (l'assistanat...), mais qui, plutôt, favorise une "remise à l'étrier" des personnes en difficulté.
Tout demander à l'Etat, souvent d'ailleurs sans contrepartie, comme s'il devait "tout" aux citoyens-consommateurs, n'est pas sain : c'est favoriser la déresponsabilisation et un certain "infantilisme", économique comme intellectuel.
L'Etat n'est pas, ne doit pas être, le "sauveur suprême" mais l'arbitre permanent, celui qui tranche au-delà des groupes de pression (partisans ou financiers, par exemple), au nom du "bien commun" que l'on peut désigner, en France, sous la formule d'"intérêt national", intérêt de la communauté la plus lisible, immédiatement appréhensible et la mieux "vécue" à l'échelle des personnes.
La question de la meilleure forme de l'Etat se pose aussi : il est fort probable que, tant que sa magistrature suprême sera la proie des ambitions ("2007, 2007"...), l'Etat ne sera que le reflet d'une impuissance à décider, en particulier "au-delà de l'opinion publique" (en fait, le corps électoral) dont il n'est pas certain qu'elle soit toujours la plus raisonnable ni même la plus audacieuse...
La question de l'Etat pourrait bientôt poser celle de la nécessité d'une Monarchie héréditaire et successible. Mais il faut reconnaître que nous n'en sommes pas encore là, et la voix royaliste est encore bien discrète dans le concert des politiques et des médias... Elle a au moins le mérite d'exister, mais il serait vain de se contenter de cette certitude...
C'est ce que l'on peut craindre, c'est vrai, et c'est ce que l'on appelle l'opinion publique dictatoriale.
Je suis consternée de voir la situation dans les facs et lycées qui continuent à être bloqués. Actions coup de poings, chaos total. Comme quoi, chaque "révolution" a tendance à manger ses propres enfants.
Rédigé par : Princesse Palatine | 13 avril 2006 à 17:09
Monarchie ou pas, face à des centaines de milliers gens qu'ils peuvent continuer à vivre dans le jardin d'eden à une époque où ce dernier n'existe pas, l'Etat est de toutes manières dans une position bien difficile ..
Rédigé par : Matthieu | 13 avril 2006 à 18:49
Je viens d'écouter les voeux de 2006 du Comte de Paris à la Réunion (www.imrf-reunion.info/videos/) qui prône un "colbertisme intelligent et ponctuel" ! Cependant comment rassurer les Français trop habitués à l'Etat-providence à tout crin ? Peut-on dépasser les "forces sociales" qui renient toute autre organisation (on l'a vu sur le CPE !) ? Doit-on former des groupes sociaux intermédiaires pour militer dans ce sens ???????
Rédigé par : Ph. FRANCESCHETTI | 14 avril 2006 à 16:25
Nous touchons là au problème des institutions et des instances de discussion citoyenne et de dialogue social: la problématique soulevée par les "états généraux" de 1789, qui ne souhaitaient pas la disparition des corps intermédiaires, mais leur plus grande disponibilité et efficacité dans la discussion et la prise de décision, dans la "fluidité" politique et sociale, n'a pas trouvé de réponse judicieuse dans la "centralisation démocratique". Il me semble que les royalistes, ancrés historiquement dans une tradition fédéraliste et "communautaire" (au sens premier du terme, pas en son sens actuel de "communautarisme" ethnique ou sexuel), se doivent d'apporter des réponses à cette question déjà ancienne des "corps intermédiaires" qui ne mènent pas aux blocages auxquels nous assistons aujourd'hui.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 14 avril 2006 à 20:44
Récement, j'ai entendu un élu UMP ou UDF, je ne sais plus parler de "corps intermediaires" tel les syndicats, associations de quartiers qui devraient être consultés avant toutes réformes. Je pense que les royalistes devraient mettre en valeur ces notions et ne pas parler de démocratie, où j'ai vu que celle ci pouvait tourner vite à l'anarchisme et au totalitarisme mais à des démocraties socio-professionnelles, défendant nos libertés.
Rédigé par : Tzariste | 16 avril 2006 à 11:40
Bonne remarque, et je suis en train de réfléchir sur les "nouvelles agoras" possibles, ce dont je vois quelques esquisses dans les "Cahiers des états généraux" publiés en 1923-24 par des proches (alors) de l'Action française.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 16 avril 2006 à 21:45