L'Egypte vient à nouveau d'être touchée par la violence terroriste, cette "guerre sans fin" qui gangrène notre monde contemporain. Les corps déchiquettés des restaurants de Dahab, après ceux de Tel-Aviv la semaine dernière, nous rappellent que pour les terroristes et selon la phrase de Carlos (aujourd'hui emprisonné en France) "il n'y a pas de victimes innocentes" , phrase terrible, cynique mais profondément inscrite dans la logique même de la Terreur : frapper "au hasard" (mais la formule est-elle vraiment appropriée au regard de la stratégie terroriste ?), non pas des cibles politiques ou militaires, mais des touristes, des vacanciers, des civils, a plus d'impact que tirer sur un ministre ou un général. Car il s'agit de "terroriser", d'inspirer (d'instiller, même) la terreur à tous les membres de la société visée, et de préparer la "démission" de ceux-ci, leur soumission, même passive, au nihilisme des assassins. La Terreur, souvent et malgré les déclarations de principes, entraîne la peur dans les populations et contraint parfois, sous la pression de l'Opinion publique soucieuse d'abord de sa tranquillité, les Etats, "pour avoir la paix", à céder sur certaines de leurs positions : c'est le "complexe de Munich" dont on sait, pourtant, qu'il ne fait jamais que reculer l'échéance de la "vraie" guerre.
Aujourd'hui, l'Egypte, dirigée d'une main de fer par Hosni Moubarak, tire une partie importante de ses revenus du tourisme : faire fuir les touristes et leur manne, c'est accroître le mécontentement populaire à l'égard du Pouvoir en place, considéré comme trop "pro-américain", et favoriser indirectement la seule opposition organisée, celle des "Frères musulmans", organisation islamiste fort rigoriste... C'est du moins le calcul des terroristes pour qui le désordre qu'ils créent appelle l'ordre qu'ils prônent...
Néanmoins, le pire n'est pas toujours certain et, dans la lutte contre la "politique du pire" des adeptes de Ben Laden, la France peut jouer un rôle, ne serait-ce qu'en renforçant ses liens avec l'Egypte et ses élites intellectuelles et politiques : l'inauguration d'une université française la semaine dernière à Chourouq (à 40 kilomètres du Caire) est le symbole d'une politique de la francophonie qui mérite d'être soutenue et élargie à d'autres domaines et d'autres lieux. Elle participe aussi d'un esprit, qui ne doit rien à des Etats-Unis aujourd'hui honnis (à tort ou à raison, c'est un autre débat) par les populations arabes, et qui propose des valeurs susceptibles de se poser en "alternative" autant à celles du matérialisme consumériste qu'à celles de l'extrêmisme religieux.
"Le monde a besoin de la France" affirmait Georges Bernanos : les événements récents le prouvent à l'envi. Ainsi, il me paraît nécessaire et urgent de donner à l'Etat de notre pays les moyens institutionnels de répondre à cette attente des peuples de la Méditerranée et d'ailleurs...
Le monde n'a pas besoin de la France, ça c'est clair. Les Frères Musulmans sont autant por-US que le gouvernment actuel.
Rédigé par : Gwen | 25 avril 2006 à 22:32
- Les Français ont toujours été sacrifiés à la grandeur de la France, à la grandeur de l'empire dissimulé derrière l'expression état-nation, une épopée révolutionnaire et une histoire de royaume. Un tiers de la population active est EN et AU chômage (les spécialistes font cette distinction) pour l'Europe unie et la globalisation mondiale.
G. BERNANOS est un écrivain (son activité d'assurance était purement de l'ordre de la gamelle), un artiste des mots, un rêveur...
Rédigé par : VB | 25 avril 2006 à 22:35