L'allocution présidentielle du vendredi 31 mars a été suivie par plus de 20 millions de téléspectateurs, soit 5 de plus qu'en novembre, au moment de la crise des banlieues. Mais, comme en novembre, la parole présidentielle n'a pas eu l'heur de convaincre, et les commentaires politiques insistent à l'envi sur cette "fin de règne" durant laquelle la voix du premier magistrat de l'Etat se fait inaudible ou risible, comme si un quinquennat, en approchant de son terme, faisait perdre toute légitimité à l'élu du suffrage universel.
Cette usure présidentielle, qui n'est pas propre à la période chiraquienne, marque assez les limites d'une réforme (adoptée par référendum à l'automne 2000) qui devait simplifier la vie électorale et politique française. Sans doute est-ce aussi une conséquence de la personnalisation forte de la Présidence de la République et de son pouvoir, mais aussi des circonstances particulières qui ont présidé (c'est le cas de le dire...) à la réélection de 2002.
Ainsi, l'élection-reine de la Vème République, voulue par De Gaulle et alors approuvée par le Comte de Paris qui espérait en être le bénéficiaire pour 1965, est devenue la seule ligne d'horizon électorale des personnalités politiques d'aujourd'hui : chacune y voit le "couronnement" possible de sa carrière politique et aspire à sièger sur ce "trône des urnes" de cette "moi-narchie absolue"...
Rien d'étonnant, donc, à ce que la magistrature suprême de la nation, lorsque le Chef de l'Etat approche du terme quinquennal et qu'il ne semble pas devoir défendre sa fonction, devienne la proie des ambitieux. Mais il est dommage que cette "curée" se fasse, non pas seulement au détriment de l'actuel locataire, mais à celui de l'Etat tout entier et, donc, du pays qu'il est censé diriger : l'image de la France en est ternie aux yeux de l'Etranger, et la presse internationale se déchaîne sur notre pauvre pays...
Cette fin de règne, malheureuse, prélude-t-elle à un renouveau de la fonction politique ou, au contraire, à son abaissement définitif ? La question n'est pas encore tranchée. Mais il me semble que "2007", s'il doit être un simple changement de tête, n'en finira pas avec cette crise de régime dans laquelle la France ne cesse de s'épuiser...
Il ne sera pas alors trop tard pour poser la question des institutions et, pourquoi pas, rappeler que la succession dynastique de la magistrature suprême de l'Etat peut ouvrir de nouvelles perspectives politiques (et géopolitiques) pour notre pays, en inscrivant celles-ci dans la durée et la continuité tout en préservant les libertés essentielles sans lesquelles tout Pouvoir devient le "père fouettard illlégitime" de ses peuples...
A l'usure de la fin de mandat s'ajoute aussi la nullité personnelle du chef de l'Etat. Il n'est pas obligé de faire des discours embrouillées, pour essayer de se sortir des difficultés par des pirouettes et des écrans de fumée, c'est un choix de sa part.
Rédigé par : l'homme dans la lune | 04 avril 2006 à 13:26
Nullité c'est fort, mais il faut dire que la droite va dans le fossé d'elle-même avec Chirac en grand intrigant, tout comme Mitterand avant lui, la fin de règne va peut-être avec la fonction finalement, elle permet le renouveau, et les 100 jours de grâce...
Chirac ne peut pas convaincre a partir du moment ou il n'est pas convaincu lui même, comment un chef de l'état peut-il finalement lacher aussi vite son 1er ministre et poulain? et permettre cette passation de pouvoir, cet abus!
en passant le relai du cpe, il s'est mis hors-course lui même, alors que ça aurait pu être sa dernière belle action, Chirac au secours de la politique, mais non... il a choisi de lui même de ne plus régner et de laisser faire..., le problème c'est qu'il a empêcher Villepin de continuer sa course... déjà bien ralentie...
Rédigé par : Acrerune | 04 avril 2006 à 14:35
Il est commode de souligner l'inefficacité d'un homme qui tentant de suivre le modèle d'un grand homme d'état que fût De Gaulle n'a apparemment retenu que la fin.Cependant cet homme reflètait encore (du moins en 1995) l'idée d'un homme dévoué à son électorat alors qu'aujourd'hui comme vous le soulignez justement on assiste à de véritables campagnes sous formes de plans de carrière et des programmes visant à rassembler plutôt qu'à trancher.Il est malheureux de voir aujourd'hui que plus aucun homme politique n'a de réelle conviction à part quelques candidats des extrêmes.Il semblerait presque que chacun des hommes politiques sortant alors de l'ENA irait dans le parti qui l'accueillerait en premier sans réelle convictions.
Il est aussi intéressant de se pencher sur ces audimats reflétant le nombrilisme regretté de la bourgeoisie française durant les conflits sociaux des banlieux de fin 2005.Ce nombrilisme qui tend actuellement vers un sentiment de culpabilité de la bourgeoisie qui prétend se mobiliser pour une population de jeunes dans la précarité dont elle bloque à la fois:
l'accès aux connaissances donc à l'élévation dans l'échelle sociale par le blocus des universités (on pourrait se demander pourquoi on ne voit pas de grandes écoles bloquées???),
la poursuite des études car le report des examens empêchera ces jeunes de travailler pendant l'été afin de gagner l'argent dont ils ont besoin pour répondre notamment aux frais de scolarité.
Il s'agit en réalité d'une solidarité de forme menant en fait volontairement ou non à la "noyade" des jeunes dont l'avenir semblait vraisemblablement compromis et pour qui, le CPE était une chance ou du moins une opportunité de sortir de leur environnement et de leur condition de banlieusard qui les rendait victimes de nombreuses discriminations à l'embauche.
Alors je pense qu'avec l'apport d'une première expérience si courte soit elle, les employeurs, du moins ceux de bon fond, dépasseront les préjugés pour s'intéresser à l'homme et à ses talents plutôt qu'au stéréotype qu'il véhicule pour bon nombre de membres du corps patronal français.
Rédigé par : Un Sud-Breton hochien! | 04 avril 2006 à 21:31