L’affaire Clearstream ne donne pas vraiment une bonne image de l’Etat et de la politique, et il est possible que la Ve République sorte encore un peu plus affaiblie de ce scandale, alors que la tête même de l’Etat est compromise Le vent mauvais qui souffle sur les institutions et sur notre pays annonce des tempêtes encore plus violentes si l’Etat ne retrouve pas très vite son honneur et sa dignité, et, surtout, sa légitimité et l’autorité qu’elle confère. En tout cas, M. Chirac n’aura guère fait, dans cette histoire comme en d’autres, le bonheur de son quinquennat : le bilan de sa présidence risque de garder la trace de ses manuvres et de ses échecs, et la France, une fois de plus, est la première victime du discrédit du Chef de l’Etat.
Dresser ce bilan et regretter cette période chiraquienne ne sert à rien s’il s’agit juste de récriminer : il est nécessaire de comprendre le mal qui mine l’Etat et de proposer une alternative à ce Pouvoir qui se perd dans la recherche des prébendes et des « bonnes places ». Du coup, la question institutionnelle se retrouve posée, ne serait-ce que parce que l’Opinion se rend compte que cette « présidentielle permanente », qui rend l’atmosphère si difficilement respirable ces temps-ci, est aussi une conséquence d’un mode de désignation du Chef de l’Etat qui fait la part belle aux ambitions politiciennes et aux « uvres » parfois bien sombres des partis et de ses caciques : il n’est d’ailleurs pas dit que, du côté de la Gauche, l’actuelle favorite des sondages n’en soit pas elle-même la prochaine victime
Ainsi, la solution monarchique n’est pas totalement obsolète en notre pays, ne serait-ce que pour préserver l’Autorité de la magistrature suprême de l’Etat en la dégageant des jeux électoraux qui, s’ils ont une légitimité certaine, ne peuvent s’appliquer partout sans danger. Il me semble bien inutile de s’escrimer à imaginer une VIe, puis une VIIe République, qui ne pourraient être, si l’on croit les pourfendeurs de la Ve, que de nouvelles resucées de la IVe, ou bien de la pratique de la IIIe, dont on connaît les résultats dans l’Histoire de notre pays. L’intérêt de la Nouvelle Monarchie serait d’utiliser le meilleur de la Ve République tout en la menant à l’aboutissement auquel avait songé De Gaulle sans oser, ou sans avoir le temps de le mettre en application.
La V est morte, mais la monarchie ne sort pas pour autant de sa marginalité. Le paradoxe est d'ailleurs intéressant. La population ne croit plus en la démocratie (abstention etc) et pourtant elle tient aux grands principes démocratiques. On aime la démocratie pour ses principes, les gens ne sont pas pret à tout remettre en cause, oui à une rupture, mais dans la continuité...
Rédigé par : STARTOUF | 01 mai 2006 à 22:04
Effectivement, il y a paradoxe, mais il ne me semble pas vraiment insurmontable, même si la Monarchie ne sort pas encore de sa "marginalité", sans doute à cause des difficultés des partisans de la solution monarchique à faire connaître leurs propositions et, surtout, à retrouver une place dans le paysage politique qui leur assure la crédibilité nécessaire pour se faire entendre. D'autre part, la Monarchie n'est pas une rupture "gratuite" : il s'agit pour elle de construire des institutions nouvelles susceptibles de répondre aux défis du temps, et de refonder la possibilité de la "continuité" à la tête de l'Etat, tout en redonnant aux citoyens une plus grande aisance dans la gestion et la discussion de leurs affaires. J'ai évoqué les "nouvelles agoras" que la "permanence souple du sommet" permettrait de fonder ou, là où elles existent déjà, de renforcer dans leur rôle et efficacité. "Les républiques françaises sous le patronage du roi", sous sa protection et non sous sa surveillance. Aussi, je pense que ce qu'évoque Startouf, qui est très vrai, ne doit pas forcément être compris de façon négative, mais peut au contraire être l'occasion d'un nouveau pacte entre le Souverain et les peuples organisés de France.
J'avoue que c'est un programme ambitieux mais "impossible n'est pas français", dit-on...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 02 mai 2006 à 17:20
Dans l'affaire Clearstream il est une "avancée" nouvelle de la gangrène, c'est la porosité manipulable de l'instruction judiciaire.
Hier le général Rondot étalait sa "bonne foi" de commande dans Le Figaro en débinant le travail des juges, aujourd'hui c'est Le Monde qui donne pratiquement les minutes de l'audition pour enfoncer le camp du "cabinet noir" Villepin-Rondot.
Ca pue !
Rédigé par : catoneo | 03 mai 2006 à 16:16
je n'ai pas bien suivi l'histoire (je suis loin) en quoi une enquête sur Sarkozy est-elle un problème? Pourquoi s'en défendre? :D
Rédigé par : Acrerune | 04 mai 2006 à 22:44
Petite remarque: savez-vous que la Monarchie britannique coûte environ 90 centimes par an au contribuable britannique? Comparez au coût du protocole élyséen et à celui des campagnes présidentielles...
D'autre part, la Monarchie ne s'appuie pas sur l'Argent mais sur une relation particulière, souvent sentimentale, parfois politique (c'est mon cas pour la France), entre les citoyens et la famille royale, et cela ne s'achète pas...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 11 mai 2006 à 17:33