Il est des nouvelles qui passent totalement inaperçues parce que les médias ne les considèrent pas, parfois bien à tort, intéressantes : ainsi, l’adoption par l’Assemblée nationale en première lecture de la création d’un Ordre des infirmiers, le mardi 13 juin, évoquée dans l’édition du mercredi 14 juin du journal « La Croix » : « Cette proposition de loi stipule que l’exercice de la profession d’infirmier sera subordonné à l’inscription au tableau de l’Ordre, dont la cotisation sera obligatoire. L’Ordre sera chargé de l’élaboration d’un code de déontologie et de la défense des intérêts de la profession ». En fait, n’est-ce pas la définition du rôle des anciennes corporations supprimées définitivement le 17 mars 1791 par le décret d’Allarde, et dont les monarchistes du XIXe et du début du XXe siècles demandaient le rétablissement pour permettre une meilleure protection des métiers et des professionnels ?
Quoiqu’il en soit, il me semble que cette mesure n’est pas inutile, surtout en ces temps où l’ultralibéralisme (que je ne confonds pas avec le libéralisme d’un Aron, par exemple) ne veut pas connaître d’autre loi que celles de l’argent et de la « liberté absolue » d’entreprendre et de commercer (y compris les soins médicaux
), et où la profession infirmière souffre de ne pas être assez considérée et soutenue, malmenée par une logique trop productiviste pour pouvoir être efficace
Je me souviens qu’au début des années 1980 j’avais rédigé et envoyé un communiqué au quotidien « Ouest-France » pour demander la mise en place d’un « Ordre des Maîtres » qui aurait regroupé les professeurs de tous les niveaux dans cette même optique de défendre les intérêts de la profession, sans tomber dans la revendication trop souvent stérile des syndicats habitués à une routine oppositionnelle qui confine, parfois (malheureusement), à la mauvaise foi. D’ailleurs, les « Ordres » n’ont pas exactement vocation syndicale (ou plutôt syndicaliste) au sens où on l’entend aujourd’hui et il suffit de voir ceux qui existent déjà comme celui des médecins pour le constater : sans être une panacée, ils constituent des institutions professionnelles soucieuses de garantir une déontologie pour ses membres, et, par suite, aux personnes qui en sont les usagers. Ils peuvent constituer une base intéressante pour une recomposition du paysage professionnel et social français : il me semble que c’est une piste de réflexion à creuser
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Rédigé par : wolf | 15 juin 2006 à 17:24