Dans la coupe du monde de balle-au-pied qui se déroule actuellement en Allemagne, l’équipe de France semble à la peine. Elle est souvent, à lire la presse, accusée de ne pas y croire et les joueurs semblent moins efficaces sous le maillot tricolore que sous les couleurs des clubs qui les emploient. Eric Zemmour, dans « Le Figaro » du 15 juin dernier, s’en prend à un état d’esprit qui mine le sport et le transforme en une activité lucrative pour quelques uns sans toujours remplir ses fonctions ludiques pour les spectateurs : « (
) Le football [mot anglais qui signifie « balle-au-pied »] d’aujourd’hui s’est en réalité émancipé de ses tutelles traditionnelles. La libre circulation des joueurs décidée par l’arrêt Bosman de la Cour européenne a transformé le monde du football en un gigantesque marché dans lequel des clubs agrègent des joueurs venus de partout grâce à des capitaux venus d’on ne sait où. (
) Le football est devenu la parabole parfaite de la mondialisation. Une minorité active, parfaitement insérée joueurs, agents, sponsors- gagne des fortunes en donnant un spectacle télévisé au public, cibles passives pour annonceurs, mais qui continuent, eux, à voir dans le football un affrontement des différents génies nationaux. Et ne veulent pas admettre que les équipes fanions ne sont plus que des reconstitutions artificielles et éphémères de milliardaires sans patrie.
Après la piètre performance des Bleus face à la Suisse, Thierry Henry eut ce cri du cur : « Il faut que l’on soit un peu chauvin, sinon on ne va pas s’en sortir. » Comme si l’indifférentisme cosmopolite des joueurs finissait par devenir contre-productif sur le terrain ». D’ailleurs, c’est ce même Thierry Henry qui a marqué un but lors de la rencontre avec la Corée du Sud : comme quoi
La formule du joueur français n’est pas complètement anodine, loin de là : « Etre un peu chauvin », c’est-à-dire, comme les joueurs de petites nations, être fiers de ses couleurs et tout faire, malgré l’adversité et parfois des moyens fort mesurés, pour répondre à l’attente de leurs concitoyens en offrant un beau, et surtout un digne, spectacle de sport. Il est des « petites » équipes qui savent perdre dans l’honneur et avec l’estime de leurs adversaires, parce qu’elles osent, y compris face aux « favoris », se battre et ne pas partir perdantes, considérant que rien n’est joué avant le coup de sifflet final. C’est aussi une leçon valable dans l’Histoire et en politique, d’ailleurs
Petite et ultime remarque : le soldat-laboureur, le fameux Nicolas Chauvin qui a donné son nom au vocabulaire français, en se faisant remarquer par un esprit patriotique outrancier sous tous les régimes issus de la Révolution française, semble, en fait, ne jamais avoir existé en tant que tel : j’en reparlerai après avoir lu le livre consacré à ce fameux Chauvin, livre publié, me semble-t-il, dans les années 80, et que je vais acheter et lire dans la foulée en fin de semaine...
Je ne pense pas que la mondialisation soit un quelconque problème dans l'esprit patriotique des joueurs. Il y a beaucoup de joueurs africains qui jouent dans des clubs européens et pourtant, dans ces pays là, le découpage colonial, qui a divisé des peuples, pose problème à l'unité patriotique. L'équipe nationale de la balle-au-pied est souvent un des seuls éléments réunificateur du pays (voir le Nigeria qui n'a pas réussi à se qualifier au mondial).
Je pense que c'est encore une fois la fameuse exception française (et/ou européenne) ...
Au passage, j'ignorais tout de ce Nicolas Chauvin :-)
Rédigé par : Abricot | 21 juin 2006 à 20:19
Pfff, encore ce satané capitalisme apatride... C'est tout de même affligeant de lire encore de tels propos !
Comment font les équipes qui jouent mieux que la française ? Ne sont-elles pas aussi emportées dans le sport-spectacle-mondialisé que dénonce M. Zemmour ?
Quant à ce que raconte T. Henry, pourquoi son opinion serait-elle la bonne ? Pourquoi les Bleus ne pourraient-ils trouver la motivation suffisante dans le plaisir de la victoire ?
Pourquoi, aussi, ne pas simplement dire ce qui est : une équipe âgée qui suit une tactique mal adaptée... Mais non, il faut encore que l'on nous ressorte l'argument de la victime. Ah, si le poteau avait été carré...
Rédigé par : Anton Wagner | 21 juin 2006 à 23:13
ah ce nicolas chaunvin!!!!
Je crois que je me souviendrai encore longtemps de votre entrée en matière dans votre cours lorsque j etais en premiere: "Alors autant crever tout de suite l abscès je m apelle mr Chauvin . Ce nom vient de ......" Et voila comment a commencer une année interessante et passionnante ( et pourtant je suis qd meme assez réticente à aller en cours d histoire d habitude...)
Rédigé par : ancienne eleve de hoche ( depuis hier 12h) | 22 juin 2006 à 10:31
Marrant ce texte et plutôt bien vu. Mais je ne comprends pas la réaction d'A. Wagner alors que Chauvin est pas trop chauviniste en sport: il arrête pas de dire en cours que "le meilleur gagne". Sa note relève un phénomène qui tue le sport . je crois aussi qu'il est un peu ironique sur ce terme de chauvin.
Rédigé par : Joel Mutin | 22 juin 2006 à 15:19
Si M. Chauvin est ironique (ce qui ne me semble pas vraiment être le cas), M. Zemmour ne l'est pas, lui.
Personnellement, je ne vois pas en quoi le sport est tué. Quand je vois l'engouement pour le Mondial, je n'ai pas l'impression que le sport se meurt. Je ne crois pas non plus que la qualité des joueurs diminue, étant donné que seule cette qualité leur permet de gagner en valeur pour les transferts.
De toute façon, je ne vois pas en quoi on dervait se mêler des contrats d'embauche qu'un joueur de football peut négocier avec tel ou tel club, français ou étranger.
Rédigé par : Anton Wagner | 23 juin 2006 à 18:48
En fait, ce qui m'inquiète, c'est le fait que le sport ne soit plus qu'une marchandise aux mains de personnes qui se moquent bien des qualités et des valeurs propres au sport. Je suis sceptique quand je vois des gens (certes de grande qualité) qui gagnent des sommes astronomiques en poussant une balle quand, au même moment, l'Etat hésite à investir dans la recherche ou dans la haute technologie, ou que des millions de personnes ont du mal en France à joindre les deux bouts. Personnellement, je ne trouve pas cela très "moral". Qu'en pensez-vous ?
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 27 juin 2006 à 16:06
Certes, la juxtaposition de ces situations peut parraître choquante. Mais elles n'ont rien à voir les unes avec les autres. Si l'Etat hésite à investir, ce n'est pas en raison des revenus des footboleurs. Revenus qui ne sont pas davantage responsables de la précarité qui peut exister en France.
Je ne vois pas au nom de quel principe on exigerait des uns qu'ils se serent la ceinture au pretexte que d'autres ont des difficultés.
En revanche, la dilapidation de l'argent public, les charges et entraves excessives qui pèsent sur l'économie sont bien plus en cause. Bref, à mon humble avis, l'Etat est plus coupable que les salaires astronomiques des grands sportifs.
Quand aux valeurs du sport, je me demande si elles sont vraiment menacées. Ou, plutôt, si elles ont jamais été en sécurité. Déjà dans la Grèce antique le problème se posait, même si d'une façon différente. La course à la gloire, aux honneurs et à la fortune est inhérente à toute compétition à succès. C'est humain. Je ne crois pas toutefois que les valeurs du sport soient en totale perdition, je pense surtout que leur position se relativise.
Rédigé par : Anton Wagner | 03 juillet 2006 à 12:34
Certes, la juxtaposition de ces situations peut parraître choquante. Mais elles n'ont rien à voir les unes avec les autres. Si l'Etat hésite à investir, ce n'est pas en raison des revenus des footboleurs. Revenus qui ne sont pas davantage responsables de la précarité qui peut exister en France.
Je ne vois pas au nom de quel principe on exigerait des uns qu'ils se serent la ceinture au pretexte que d'autres ont des difficultés.
En revanche, la dilapidation de l'argent public, les charges et entraves excessives qui pèsent sur l'économie sont bien plus en cause. Bref, à mon humble avis, l'Etat est plus coupable que les salaires astronomiques des grands sportifs.
Quand aux valeurs du sport, je me demande si elles sont vraiment menacées. Ou, plutôt, si elles ont jamais été en sécurité. Déjà dans la Grèce antique le problème se posait, même si d'une façon différente. La course à la gloire, aux honneurs et à la fortune est inhérente à toute compétition à succès. C'est humain. Je ne crois pas toutefois que les valeurs du sport soient en totale perdition, je pense surtout que leur position se relativise.
Rédigé par : Anton Wagner | 03 juillet 2006 à 12:34
Certes, la juxtaposition de ces situations peut parraître choquante. Mais elles n'ont rien à voir les unes avec les autres. Si l'Etat hésite à investir, ce n'est pas en raison des revenus des footboleurs. Revenus qui ne sont pas davantage responsables de la précarité qui peut exister en France.
Je ne vois pas au nom de quel principe on exigerait des uns qu'ils se serent la ceinture au pretexte que d'autres ont des difficultés.
En revanche, la dilapidation de l'argent public, les charges et entraves excessives qui pèsent sur l'économie sont bien plus en cause. Bref, à mon humble avis, l'Etat est plus coupable que les salaires astronomiques des grands sportifs.
Quand aux valeurs du sport, je me demande si elles sont vraiment menacées. Ou, plutôt, si elles ont jamais été en sécurité. Déjà dans la Grèce antique le problème se posait, même si d'une façon différente. La course à la gloire, aux honneurs et à la fortune est inhérente à toute compétition à succès. C'est humain. Je ne crois pas toutefois que les valeurs du sport soient en totale perdition, je pense surtout que leur position se relativise.
Rédigé par : Anton Wagner | 03 juillet 2006 à 12:35