La guerre qui frappe le Liban est une nouvelle tragédie pour ce pays avec lequel la France a tant de liens particuliers. J’ai eu ces dernières années plusieurs élèves d’origine libanaise, dont l’un, d’ailleurs, témoignait hier à la télévision de ce qui le forçait à repartir vers la France en écourtant des vacances devenues cauchemar guerrier.
Le déplacement du premier ministre Dominique de Villepin à Beyrouth et les paroles qu’il y a prononcées montrent que la France n’abandonne pas les Libanais. Mais, ce geste symbolique qui accompagne une diplomatie française active dans la région ne suffira sans doute pas à faire taire les canons.
En tout cas, la région toute entière est déstabilisée par cet affrontement entre Israël et les islamistes du Hezbollah, et cela au moment même où la guerre civile fait rage en Irak, où l’Iran cherche à s’affirmer comme puissance régionale majeure (d’où son intransigeance sur la question nucléaire) et apparaît déjà comme le dirigeant du chiisme mondial, où les islamistes progressent dans les pays limitrophes d’Israël
En octobre dernier, lors d’une conférence à Bourg-la-Reine, Yves Lacoste, le « père » de la géopolitique en France, affirmait que la Méditerranée était le « prochain front » : il semble que les événements confirment cette vision qui pouvait paraître pessimiste il y a quelques mois encore, en particulier avant la victoire du Hamas en Palestine.
Cela va sans doute obliger notre pays à renforcer sa diplomatie, mais encore faut-il que l’Etat français ait une stratégie à long terme : il n’est pas certain que la République soit la mieux adaptée à cette nouvelle donne, coincée qu’elle est entre deux élections et des alternances qui brouillent sa visibilité et sa crédibilité. Inscrire la stratégie diplomatique de la France dans le long terme impose de reposer la question des institutions : la Monarchie offrirait une réponse acceptable et durable à celle-ci.
- Comme a dit le président de la République, qu'est-ce qu'ils recherchent à détruire le Liban ?
Rédigé par : | 21 juillet 2006 à 13:16
Des moyens engagés par la France, la diplomatie n'est pas le moins professionnel. Or il est pitoyable que ce chapitre essentiel dans la guerre libanaise soit confié à un cardiologue de province qui a certes l'avantage de parler deux langues vivantes, le français et l'occitan, mais qui ne dispose malheureusement d'aucune culture diplomatique.
Ces touristes politiciens desservent la cause française juste au moment où nous avons une "fenêtre de tir" pour défendre nos intérêts légitimes et surtout ceux de nos amis libanais.
A ce sujet, je vous engage à lire chaque matin sur votre ordinateur L'Orient-LeJOur qui est en ligne.
Le talent de l'équipe rédactionnelle maintenu dans les conditions que l'on sait, est une leçon de journalisme de haut vol et de grande classe. Avec humour en plus !
Réagissez à leurs articles avec un petit mot d'encouragement, ça leur fera du bien.
Rédigé par : catoneo | 22 juillet 2006 à 12:07
Effectivement, M. Douste-Blazy n'est pas à la hauteur des enjeux et de la fonction qu'il occupe... Misère de la diplomatie républicaine...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 22 juillet 2006 à 19:11
Cette crise au Proche Orient est certainement la dernière occasion pour Chirac de briller un peu sur la scène internationale et je dois dire que j'apprécie la position Francaise qui tout en soutenant le Liban, condamne fermement le Hezbollah et c'est là une façon de donner du poids au gouvernement libanais et de lui évité de sombrer sous la pression du Hezbollah et d'Israel. La position Francaise tend à stabiliser la situation pour la mener vers un réglement global, qui sera difficile à mettre en oeuvre.
Mais un réglement global nécessite aujourd'hui une communauté internationale beaucoup plus présente, alors que les Etats Unis de M Bush ne peuvent plus exercer leur rôle d'arbitre en particulier à cause de la situation désastreuse en Irak.
La demande de la France pour que M Solana soit l'unique voie de l'Europe est un premier pas interessant et qui serait en même tant un moyen de relancer ( voir même de lancer) une vraie diplomatie européenne.
Rédigé par : Kévin | 22 juillet 2006 à 19:21
Malheureusement, nous pouvons constater que la diplomatie européenne, aujourd'hui, n'est pas à la hauteur des espérances des Libanais et j'ai bien peur que l'UE soit plus une gêne, ou un alibi, que le véritable arbitre au Proche-Orient: voir la politique de Blair qui s'aligne systématiquement sur la diplomatie états-unienne dans cette affaire et qui freine les initiatives de Solana, lui-même très "atlantiste", persuadé qu'il est que l'UE ne peut rien sans le "grand-frère" états-unien. J'ai l'impression que les diplomates européens ne croient même pas en l'Europe...
Néanmoins, suivons avec attention les événements et espérons que la diplomatie française, traditionnellement active dans la région (grace à ses liens historiques avec les populations des lieux), puisse permettre la résolution du conflit: la position de M. Chirac est assez ferme même s'il est un peu "coincé" par les "obligations européennes". Vous avez raison quand vous dîtes que cela pourrait "relancer une vraie diplomatie européenne": mais il lui faudrait (l'Europe) s'émanciper de ses complexes atlantistes, ce dont je doute fortement, même si tout est possible en période de crise, le meilleur comme le pire... D'où ma colère contre l'UE: en espérant, néanmoins, qu'elle démente mes craintes, l'avenir le dira...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 25 juillet 2006 à 11:18
C'est le doute que j'ai sur la volonté de l'UE qui provoque ma colère, et non pas le fait qu'elle soit capable de réussir, bien sûr: ma formulation du commentaire précédent était un peu maladroite, j'en suis désolé.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 25 juillet 2006 à 11:22