Hier soir, quelques Libanais manifestaient sur la place de la Mairie à Rennes, bien peu nombreux et dans une indifférence à peine polie : comme si les images diffusées depuis un mois avaient lassé, voire irrité, les vacanciers français
Il est vrai que le Liban peut sembler lointain, même à l’heure de cette mondialisation que les médias évoquent presque comme une « obligation » et comme notre inscription dans un « village global »
Il est vrai aussi que les vacances ne sont guère propices aux grandes mobilisations civiques ou politiques.
Mais la France a des devoirs à l’égard du « pays-frère » qu’est le Liban, comme le président Chirac l’a dit à plusieurs reprises, et comme il l’a répété hier matin. Les Libanais en sont d’ailleurs fort conscients et, s’ils n’attendent plus rien de l’Union européenne (gênée par l’attitude des Anglais, plus favorables à la politique états-unienne qu’à celle de la France dans cette affaire comme dans beaucoup d’autres), ils espèrent beaucoup de la France.
Quant à l’attitude des Etats-Unis, qui retarde autant qu’elle peut le vote d’une résolution sur un cessez-le-feu immédiat (trois semaines déjà de « palabres » et de vaines réunions au sein de l’ONU
), elle risque de creuser un peu plus le fossé entre la diplomatie de Washington et les réalités du Proche-Orient, avec des conséquences terribles pour les uns et les autres. Pendant ce temps, les islamistes renforcent leurs positions dans les opinions publiques arabes et l’Iran apparaît de plus en plus comme incontournable pour régler les problèmes de toute la région, autant au Liban qu’en Irak ; de plus, il ne faut pas négliger les manifestations des chiites d’Arabie Saoudite, qui forment une communauté très importante dans les régions pétrolifères du royaume et qui pourraient devenir un danger pour la stabilité même du régime, premier producteur de pétrole du monde
Les semaines à venir seront déterminantes pour l’équilibre de toute la région. La France, en s’engageant, presque seule (où sont les « partenaires européens » ?), est encore en mesure d’éviter le pire, ou d’en amortir les conséquences : elle prouve aussi, par là même, que « le monde a besoin de la France », comme Georges Bernanos n’a cessé de le clamer jusqu’à son dernier souffle. Cela ne suffira peut-être pas, mais s’abstenir d’agir serait contraire à la fois à la raison et à l’honneur, et l’Histoire n’est jamais tendre avec ceux qui oublient ses leçons
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