Je suis revenu en Bretagne pour une quinzaine de jours, et c’est donc assis à une terrasse rennaise que je rédige cette note sur mon ordinateur portable, sur une table déjà encombrée de journaux et de livres, ces compagnons éternels du prof en vadrouille
Je profite de ce séjour sur ma terre natale, celle aussi dans laquelle je souhaite, le jour venu, reposer pour toujours, pour essayer de rattraper mes retards de lecture : les livres se sont parfois accumulés l’année passée dans une bibliothèque déjà bien surchargée et qui déborde désormais de ses rayonnages, sans que je dispose forcément du temps nécessaire pour les ouvrir et me plonger dans leurs pages. Aussi, ai-je, par exemple, ramené ici un gros ouvrage sur l’histoire de la diplomatie française, ainsi que celui, commencé ce printemps mais jamais achevé, qui regroupe les principaux textes de Raymond Aron (« Penser la liberté, penser la démocratie », Quarto, Gallimard); etc.
D’autre part, je reste en contact avec l’actualité, si lourde en ce moment malgré l’époque heureuse des vacances : la guerre, elle, n’a pas le même emploi du temps que nos sociétés apaisées du continent européen De plus, en cette veille d’année électorale, la classe politique ne dort que d’un il, et les partis fourbissent leurs armes pour les batailles annoncées.
Je me laisse aussi du temps pour me délasser, voir mes amis et me promener en cette province si belle et jamais ennuyeuse, même lorsque les nuages obscurcissent son horizon : le patrimoine historique et religieux, les paysages si divers ou les fêtes locales (comme les pardons ou les festivals) ont toujours des richesses à offrir à celui qui sait écouter et voir
Je serai, dans quelques jours, à Lancieux, petite commune tranquille des Côtes d’Armor, non loin de Dinard, sur cette belle Côte d’Emeraude qui a inspiré tant de peintres et sur laquelle ont accosté ou embarqué tant de ces combattants du Roi dans les années mouvementées de la Révolution et de sa conclusion impériale, qu’ils soient émigrés ou chouans : ainsi le marquis Armand Tuffin de la Rouërie, compagnon de George Washington durant la guerre d’indépendance américaine et fondateur de « L’Association bretonne », véritable organisation de résistance à la Révolution dès les années 1791-92 Un personnage romantique, diraient certains Après tout, la terre de Bretagne est aussi celle de Chateaubriand et de Jean-Edern Hallier
- Comment peut-on être breton et français ? Il y a là un mystère. La culture de la cour de Versailles ou du Louvre - la culture parisienne -, est-elle si supérieurs que cela pour que les Bretons abandonnent leur culture ainsi que leur langue (la langue dans laquelle on fait ses prières). Etrange !
La culture française est "universaliste" et rejette tout particularisme communautaire. C'est là un véritable handicap à l'heure de la dite mondialisation... Il faut tenir les deux bouts.
Abandonner sa langue !
Rédigé par : Oliveraie | 08 août 2006 à 17:40
Il y a un nouveau mystère breton : abandonner sa langue pour la réussite matérielle et sociale...
Rédigé par : Oliveraie | 08 août 2006 à 17:42
Toute la Bretagne ne parle pas, voire n'a jamais parlé le breton: ainsi, dans le pays gallo, et en particulier à Rennes, on parlait français dès le Moyen-âge en ville et gallo à la campagne.
Je ne vois pas vraiment de contradiction à être Français et Breton, parce que l'Histoire en a décidé ainsi. Je suis hostile au jacobinisme et je défends les cultures et les parlers provinciaux, mais il me semble que le cadre français peut accueillir ceux-ci sans les écraser: encore faut-il un Etat qui ne pense pas le pays comme "Un et indivisible", mais comme une "France plurielle".
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 10 août 2006 à 10:10
- "Les écraser" ! Mais l'état français n'a fait que cela écraser tout particularisme communautaire. C'est un fait. La France est un empire qui a réussi.
Il ne s'agit pas d'oppposer la France et la Bretagne - a-t-on le choix de les opposer ? -, mais de constater qu'une "nation provinciale", la Bretagne, composant la mosaïque française a disparu avec sa langue. Le processus a été lent car les dits "gallo" ont bien dû parler breton un jour pour se dire breton. Le gallo est bien issu du latin.
Rédigé par : Oliveraie | 10 août 2006 à 18:47
Il y a un mystère celte. Les nations celtes, toutes, ont adopté la langue de la puissance dominante : le latin, l'anglais, le français... Les Irlandais parlent anglais ; ils n'ont pas pu ressuciter l'irlandais. Les langues celtes sont peut-être trop pauvres...
Rédigé par : Georges | 10 août 2006 à 18:54