Je profite de mon séjour à Rennes pour regarder (un peu) la télévision et, en particulier, les émissions de débats comme « Esprits libres » animée par Guillaume Durand. J’ai ainsi pu voir et entendre le « futurologue » Jacques Attali présenter son livre « Une brève histoire de l’avenir » et expliquer comment il voyait les évolutions du monde dans le siècle qui vient. Le thème étant passionnant et attaché à comprendre et à saisir (pour mieux agir) les situations et les enjeux du présent comme de l’avenir, j’ai donc, logiquement, acheté cet ouvrage dans lequel je me suis plongé illico. J’en reparlerai.
Lors de cette émission, Attali a expliqué que nous allions vers un monde sans Etats, ceux-ci étant supplantés par les groupes financiers et d’assurances dans les décennies qui viennent : image assez terrifiante et qui pourrait apparaître comme une « fin de l’Histoire », comme ce rêve déjà développé par Marx (une société sans classes ni Etats) et Fukuyama (le triomphe éternel de la démocratie libérale), un rêve qui pourrait bien ressembler à un cauchemar
En tout cas, l’analyse développée, pour dérangeante et critiquable qu’elle soit, a le mérite de ne pas se contenter du présent confortable (mais de plus en plus incertain) et ainsi de rompre avec un certain « politiquement correct » qui endort les Français et, au-delà, les autres citoyens des pays d’Europe, et qui empêche toute réflexion (et politique) sur le long terme. C’est d’ailleurs sans doute le grand problème que pose aujourd’hui le « temps démocratique », piégé par sa propre nature qui accorde plus au moment présent et à l’individu de l’instant qu’à la suite des générations et aux nécessités de l’avenir « lointain ». La solution institutionnelle, en France, si elle n’est pas miraculeuse et reste (comme la nature humaine) faillible, me semble alors, aujourd’hui plus encore qu’hier, l’inscription de l’Etat, par sa magistrature suprême, dans la longue durée, dans cette perpétuité renouvelée de génération en génération, par le fait naturel de la naissance et de la filiation. Cette monarchie transmise par la succession du fils au père a un rapport au temps qui l’oblige à voir au-delà du seul temps électoral et gouvernemental : « a-démocratique », ce qui ne signifie pas « anti-démocratique », la Monarchie accompagne le temps et peut ainsi orienter de grandes politiques, au-delà des alternances gouvernementales possibles. Bien sûr, cela ne garantit pas la résolution de tous les problèmes qui se posent et se poseront à l’Etat, au gouvernement et à la société, mais la Monarchie a cet avantage de ne pas avoir à penser constamment à sa survie politique et, donc, à pouvoir permettre de mobiliser toute son énergie propre à la mise en place de grands projets, non pas forcément consensuels, mais qui nécessitent une certaine durée pour être véritablement efficaces.
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