Un sondage paru vendredi 20 octobre dans « 20 Minutes » révèle que l’Europe, ou plus exactement l’Union européenne (ce qui n’est pas exactement la même chose), ne fait pas rêver les Français, au grand dam de la Commission européenne et des européistes, fort nombreux parmi les élites du pays. Ainsi, malgré toute la propagande (baptisée « information » ou « pédagogie » selon les jours par la Commission de Bruxelles
) assénée depuis la plus tendre enfance (cf les manuels scolaires d’Histoire et de Géographie, souvent édifiants à cet égard), la mayonnaise ne prend pas : seulement 8 % des Français se sentent « plus européen que français » et 58 % « plus français qu’européen » (32 % « autant européen que français »). Les faits sont têtus, dit le proverbe, les nations aussi
Le député UMP et « noniste » Nicolas Dupont-Aignan, gaulliste jeune et chic, s’en réjouit : « Cela montre bien que les Français sont attachés à l’Europe des Nations, qui partagent des valeurs et coopèrent en se respectant. Ils ne veulent pas de l’Europe supranationale. (
) C’est la preuve de l’échec de Bruxelles. La Commission européenne s’occupe de réglementer des détails de la vie quotidienne et de bloquer l’émergence de projets concrets européens. (
) Ils ont compris que l’Europe telle qu’on la construit est celle du nivellement social par le bas. (
) Ils ne sont pas hostiles à l’Europe mais veulent la réorienter. Car l’Europe des banquiers et des multinationales n’est pas leur tasse de thé ».
Dans la suite du sondage, apparaît nettement, comme le signale le journaliste de « 20 Minutes », « le désintérêt pour des institutions régaliennes européennes, qui suscitent pourtant beaucoup d’adhésion quand elles concernent l’Hexagone. Seuls 14 % des Français jugent prioritaire l’élection d’un président, 15 % une armée commune, 18 % une police européenne ». Petite remarque : en 1972, le président Pompidou avait proposé que ce soit le Grand Duc du Luxembourg qui soit, à titre statutaire et héréditaire, « président de l’Europe », considérant que, par sa position à la tête du plus petit Etat de la Communauté européenne et n’étant pas élu, il pouvait assurer autour de lui un consensus général des pays d’Europe, aucun n’ayant à craindre une politique hégémonique du Luxembourg
Cette idée n’est pas stupide, loin de là, et aurait le mérite de donner une « tête » symbolique à une Union aujourd’hui bien lointaine et bien trop anonyme pour susciter l’engouement
Mais il me semble aussi nécessaire de repenser ce que peut être une Union européenne respectueuse des Etats et de leur Histoire, de leur liberté propre : une Confédération d’Etats souverains, et non ce monstre technocratique qui se dit « fédéral » mais néglige de rendre leurs libertés aux nations et aux peuples. Une Union qui ne soit pas un carcan mais un levier politique, voire géopolitique, dans un monde incertain ; une Union qui laisse la place à d’autres options géopolitiques comme, par exemple, la francophonie et la diplomatie « capétienne » de la France ou « l’hispanidad » promue, aux Amériques, par la Couronne espagnole.
En politique internationale, la France reste un acteur géopolitique majeur et, parfois, un exemple pour d’autres nations, un « médiateur » nécessaire entre les grandes puissances mondiales : il serait dommage de négliger cette réalité et de s’abandonner à une « Europe » qui se signale surtout par son impuissance caractérisée sur la scène internationale à creuser son propre sillon
Je ne sais pas si les Français accepteraient une Confédération des nations.
Remplacer le monstre technocratique actuel par un conseil confédéral assorti d'un secrétariat général lui-même nourri par des agences diverses et variées, le tout sous la surveillance de la Banque centrale européennen, elle-même servies par des agences auxiliaires de développment etc... Où est le gain ?
L'Europe Unie c'est bien trop grand maintenant pour susciter de l'enthousiasme. De plus ses dérives sont très visibles. Les plombiers polonais sont dans ma rue et travaillent tranquillement avec des camionnettes immatriculées à Poznan ou Cracovie. Quel pied de nez !
Bon ! La vraie question à poser (sur la dévolution de pouvoirs régaliens, présidence, armée, police) le serait sur une Fédération de l'Europe Occidentale à huit ou neuf*, qui cumulerait certains avantages et agrègerait un peu de puissance: 6 fondateurs + Autriche, Hongrie, Slovénie par exemple.
De toute façon la classe politique (que des démocrates!) a toujours jugé le peuple inapte à trancher ce débat institutionnel. C'est dire s'ils croient dans ce régime ! Le choix essentiel confédération ou fédération à combien, n'a jamais été ni expliqué ni soumis au vote de quiconque.
Rédigé par : catoneo | 24 octobre 2006 à 18:32
Je ne vois pas très bien l'intérêt de construire une " Confédération d'Etats souverains", cela ressemblerait plus à une organisation internationale classique, qui n'aurait donc aucune raison d'être du fait des organisations internationales existant déjà! je ne suis pas d'accord non plus avec catoneo, tous les élargissement de l'Union européenne doivent être et ont été soumis à un référendum national (art 88 alinéa 4 de la constitution) et le traité constitutionnel, tout comme Maastricht, sont passés par la voie référendaire. Pour Maastricht la participation a été très faible et pour la constitution européenne, personne n'y a rien compris, les limites de la démocratie directe sont pointées ici et non l'idée d'union européenne.
Rédigé par : Louis | 24 octobre 2006 à 21:47
Pourquoi ne pas expliquer clairement les choses : nous avons deux alternatives : soit la fédération, c'est-à-dire la dévolution totale des pouvoirs régaliens (armée, justice, diplomatie, gouvernement) à Bruxelles (qu'importe la forme du pouvoir !), soit l'Europe des soutiens choisis, c-à-d une structure permettant aux nations de s'entraider sur des points précis (constructions technologiques, industrie, recherche, collaboration policière...), chacune se basant sur sa propre identité mais reconnaissant une communauté de civilisation. Donc, la situation actuelle n'est que mascarade qui voulait atteindre la fédération sans l'expliquer ! Mais les peuples freinent cela. Nous ne pouvons plus rester au statu quo sans s'enfoncer dans une sorte de trou noir géopolitique ! Que faire ? laissez les idéologues détruire toutes chances de réveil européen ou comprendre la signification de la peur populaire de se perdre ?
Rédigé par : franphil | 25 octobre 2006 à 10:45